Voici deux opérations fort utiles à pratiquer au jardin :
le paillage et le terreautage.
Le paillage consiste à étendre sur le sol un fumier
pailleux à demi décomposé, appelé paillis, en couche peu épaisse.
Le rôle horticole joué par le paillis est fort important :
— La couche de paillis évite l'évaporation de l'eau du sol ;
— La fraîcheur du sol est conservée plus longtemps ;
— Il empêche le tassement de la terre par l'eau des
arrosages ;
— Il apporte des éléments fertilisants ;
— Il permet de préserver certains légumes et fruits
contre la souillure du sol : fraises, melons.
Pratique du paillage.
1° Obtention du paillis : il provient de la
décomposition, après plusieurs mois de fermentation, des pailles du fumier qui
sont aplaties et colorées en brun ; selon leur longueur, on obtient un
paillis court (10 centimètres), ou un paillis long (20 centimètres).
Lorsqu'on démonte vers le mois de juin la couche montée en
janvier, on obtient un lit plus ou moins épais d'excellent paillis.
Si on a monté une champignonnière, le fumier, qui, alors, a
été utilisé à la culture du champignon, constitue également un bon paillis.
On obtient rapidement un paillis de valeur en constituant un
tas bien tassé de 1m,50 à 2 mètres de fumier (de préférence de
cheval) frais ou ayant déjà fermenté et en l'arrosant abondamment. Une première
fermentation active va se produire et, une huitaine de jours plus tard, on
démontera le tas et on en constituera un nouveau ; en l'arrosant, on
produira une nouvelle fermentation. Une quinzaine de jours plus tard, on
répétera pour la troisième fois l'opération : au bout de cinq à six jours,
le paillis pourra être utilisé.
À défaut de fumier, on pourra utiliser les feuilles sèches
que l'on ramassera et décomposera à demi, les marcs de raisins ou de pommes, la
paille hachée, etc.
2° Quand faut-il pailler ? On ne paillera jamais si le
sol n'est pas suffisamment réchauffé. Au printemps, on ne paillera pas trop tôt :
il faut une température assez élevée, faute de quoi on empêcherait le
réchauffement du sol, et le danger de gelée blanche serait à redouter. En été,
surtout si la terre du jardin est perméable ou si l'on ne dispose que d'une
quantité d'eau limitée, on paillera soit après le semis, soit avant de planter.
3° Comment pailler ? On paillera proportionnellement à
la force des plantes : un paillis court sur les semis effectués, sans
oublier les plantes en godets, en pots ; un paillis long sur les
repiquages, les semis à grand écartement, les plantations en pleine terre.
Le paillis est indispensable pour les cultures avides d'eau :
tomates, concombres, aubergines, ce qui permet de réduire considérablement le
nombre et la fréquence des arrosages.
L'épaisseur du paillis sera plus ou moins forte selon qu'il
s'agira de recouvrir un semis de graines fines ou une plantation de repiquages
jeunes (laitues) ou adultes. En moyenne, l'épaisseur convenable du paillis est
de 2 à 3 centimètres ; mieux vaut le renouveler au cours de l'année.
4° Cas particulier de paillage. On procède au paillage des
fraisiers sous une forme particulière ; on n'emploiera pas un paillis
provenant de fumier cuit et décomposé (danger de contamination), mais une
paille longue et propre ; il s'agit uniquement de protéger les fraises
contre les souillures du sol et de maintenir la fraîcheur.
Le terreautage consiste à recouvrir de terreau, terre
fine et noire, obtenue par décomposition totale du fumier, les semis.
Le rôle du terreau est encore plus important que celui du
paillis :
— En raison de sa couleur noire et de sa porosité, il
absorbe vite la chaleur solaire et produit ainsi un réchauffement rapide du
terrain (le rayonnement au niveau du sol est supprimé) ;
— Il conserve fortement l'humidité et maintient plus
longtemps la fraîcheur de la terre : il résulte d'expériences précises
réalisées qu'une parcelle terreautée perd par évaporation 4 à 5 fois moins
d'eau que la terre nue ;
— Il fertilise le sol en permettant la multiplication
des bactéries du sol, auxiliaires indispensables pour pourvoir à l'alimentation
végétale ;
— En permettant à la terre, à la manière de l'argile,
de retenir les éléments fertilisants pouvant être entraînés par les pluies ;
— Il alimente les plantes qui, par leurs racines, le
dévorent avidement.
Pratique du terreautage.
1° Époque : il se pratique au printemps pour les semis
précoces : radis, laitues ; au cours de la saison culturale, et
principalement en période ensoleillée, et pour tous les semis quelque peu
délicats ;
2° Comment terreauter ? En semant à la main ou à la
pelle sur la planche semée ; les semis pratiqués en pleine terre ont plus
besoin d'être terreautés que ceux réalisés sous couche. De même, un semis de
graines fines pratiqué en sol mal ameubli ne saurait réussir : les graines
demeurent dans le vide, entre les mottes ; il est donc indispensable de
terreauter. Il est recommandé de terreauter une planche de carottes aussitôt
l'éclaircissage exécuté ; le collet des carottes, légèrement déterré,
conduit à un verdissement ultérieur des racines, ce qui constitue une perte et
donne un goût désagréable.
Mais, si paillage et terreautage exercent une influence
favorable sur la végétation, il faut en régler judicieusement l'emploi. Tous
deux peuvent présenter des inconvénients en cas de pluies abondantes ou
d'arrosages excessifs, en entretenant dans les couches superficielles du sol un
excès d'humidité nuisible aux semis et aux végétaux (pourriture).
Si toutes les couvertures sont utiles pendant la saison
chaude, il sera préférable d'attendre que la température se soit suffisamment
élevée pour les appliquer au printemps. En cette saison, la couverture de
terreau est particulièrement conseillée, et on préviendra ainsi le danger de
gelée blanche.
BOILEAU.
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