Nous avons décrit cette maladie dans le n°636 de février
1950 du Chasseur Français ; nous croyons devoir en parler à
nouveau, car cette maladie est un fléau, hélas ! très dangereux. Nous
profiterons de cette petite étude pour donner à peu près toutes les formules
des traitements en usage à ce jour.
Le mildiou est la maladie de la vigne qui a été le mieux
étudiée. Rappelons, pour en montrer l'importance, qu'il y a une douzaine
d'années il fallait 80.000 tonnes de sulfate de cuivre pour la seule protection
du vignoble français !
C'est dans le Bordelais, à Coutras, en 1878, que le mildiou
aurait été constaté pour la première fois. Il a été alors étudié par Planchon,
qui a trouvé que la maladie était produite par un champignon microscopique
auquel on a donné le nom de Peronospora viticola.
Ainsi donc, il y a quatre-vingts ans, les viticulteurs
européens n'avaient pas la tâche ingrate de faire des traitements à leurs
vignobles au sulfate de cuivre !
Nous avons décrit cette maladie dans le numéro précité du Chasseur
Français, nous ne croyons pas utile d'y revenir.
Rappelons toutefois que le mildiou est un champignon
pénétrant, qu'il attaque tous les organes verts de la vigne. Il s'attaque
aussi à d'autres végétaux. Citons à titre d'exemple, parmi les arbres forestiers,
le chêne et le platane, le premier surtout très sensible, et, parmi les plantes
potagères, la pomme de terre et la tomate, etc.
À ce jour, on ne connaît encore que les traitements aux sels
de cuivre ; ils doivent être préventifs.
Les bouillies doivent être neutres afin d'éviter les
accidents dus à la brûlure. Les pharmaciens possèdent les indicatifs
nécessaires pour constater cette neutralité.
Voyons donc maintenant les différents produits ;
d'abord les bouillies, dont nous avons donné déjà plusieurs formules :
1° Bouillie bordelaise à 2 kilogrammes de sulfate de
cuivre pour 100 litres.
— Faire dissoudre 2 kilogrammes de ce sel dans 90
litres d'eau. Pour les non-professionnels, introduire le produit dans un petit
sac en toile qu'on suspend à l'aide d'un bâton, le sac trempant dans l'eau.
Dans un autre récipient, introduire 10 litres d'eau, puis 1
kilogramme de chaux vive, éteinte et blutée. Agiter jusqu'à ce que le mélange
soit homogène.
Verser ensuite et lentement ce lait de chaux dans le
premier récipient et agiter avec un bâton muni d'une croix à son extrémité.
Vérifier la neutralité et ajouter un bon adhésif.
2° Bouillie bourguignonne.
— Opérer comme pour la précédente, mais en remplaçant
la chaux par 1 kilogramme de carbonate de soude Solvay liquide à 90°.
Cette dernière bouillie ne se conserve pas, il faut donc
l'employer aussitôt préparée.
3° Les verdets ou acétates de cuivre.
a. Le verdet neutre s'emploie à la solution de 1 p. 100
et donne des bouillies adhérentes qui ont l'inconvénient de ne pas apparaître
sur le feuillage, il y aurait lieu d'y introduire un produit inerte ;
b. Le verdet gris est aussi appelé verdet de
Montpellier ; sa composition est complexe.
Faire macérer dans 10 litres d'eau 1 kilogramme de verdet
gris, laisser ainsi quarante-huit heures. Au bout de ce temps, on complète à
100 litres. Ajoutons qu'il faut un certain tour de main pour réussir le
mélange. Comme le verdet neutre, celui-ci a l'inconvénient de ne pas marquer
le feuillage.
4° Bouillies à l'oxychlorure de cuivre.
— Ces dernières sont aussi faciles à préparer que celle
au verdet neutre. Ce produit, vendu sous des noms différents, a la même
composition.
Après traitement avec ce produit, il sera bien de surveiller
attentivement le vignoble.
5° Bouillies à l'eau céleste.
— La principe est le suivant : lorsqu'on a immergé
un morceau de cuivre (rouge de préférence) dans l'ammoniaque, le liquide se
teinte peu à peu d'une belle couleur bleue dont l'intensité croît avec la durée
d'immersion ; ce liquide a la propriété de dissoudre la cellulose pure
(coton ou papier filtre), ce qui constitue un excellent adhésif.
Il y a deux formules d'eau céleste.
La première est celle de Bois-Charente.
Dans une terrine en grès, verser d'abord 0l,600
d'acide azotique commercial et y plonger 150 grammes environ de cuivre (de
préférence rouge). La réaction est violente, il se dégage de nombreuses vapeurs
nitreuses rougeâtres qui irritent les voies respiratoires. Il est donc bon
d'opérer loin des habitations.
Lorsque la dissolution est complète, on verse avec
beaucoup de précaution le nitrate de cuivre ainsi obtenu dans 750
centimètres cubes d'ammoniaque à 22° Baume.
Ajouter ensuite 100 litres d'eau, puis un lait de chaux
obtenu avec 150 grammes de ce produit.
Bien s'assurer de la neutralité du liquide ainsi obtenu et
l'épandre par temps sec.
La seconde formule a été obtenue par Dubaquié.
Dans une terrine en grès, préparer un lait de chaux (chaux
éteinte et blutée) avec 160 grammes de ce produit dans 2 litres d'eau à
laquelle on ajoute 3/4 de litre d'ammoniaque à 22° Baume.
Ensuite, introduire 500 grammes de sulfate de cuivre
préalablement dissous dans 3 litres d'eau. Bien agiter. Ajouter soit 100
litres, soit 150 litres d'eau, suivant la teneur en cuivre qu'on voudra
obtenir.
Vérifier la neutralité, employer immédiatement. Ces
bouillies ne contiennent pas de cellulose.
6° Bouillie mixte.
— Mélanger 250 grammes de sulfate de cuivre avec un
poids égal de permanganate de potasse. Faire dissoudre le tout dans 100 litres
d'eau.
7° Bouillie au sulfure de cuivre.
— C'est la dernière venue, due aux travaux de MM. Branas
et Dulac ; c'est sans doute le produit de l'avenir.
Voici la formule :
Sulfure de cuivre en pâte : quantité contenant |
300 gr. de cuivre métal. |
Pentoxyde de vanadium |
1 kg. |
Sulfate de cuivre |
100 gr. |
Eau |
100 l. |
Terminons cet exposé par des considérations générales.
Il est convenu que la proportion de cuivre de ces bouillies
sera moins importante pour les premiers traitements que pour les suivants.
Il est préférable d'employer l'eau de pluie à toute autre
quand on le peut.
Il est recommandé de vérifier la neutralité des bouillies.
Il est important d'ajouter un adhésif.
Enfin n'employez que des produits de première qualité, étant
admis que le sulfate de cuivre est toujours livré pur et de composition
constante.
Employez aussi des pulvérisateurs à haute pression donnant
le brouillard.
V. ARNOULD,
Ingénieur agronome.
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