On n'imagine pas le nombre de catégories différentes dans
lesquelles on peut placer une perdrix pendant sa courte existence et nous
pensons qu'il y a encore des chasseurs qui seraient heureux d'être complètement
renseignés sur ce point.
Le nom générique de l'espèce est féminin alors que celui de
beaucoup d'autre gibier est masculin (le faisan, le canard, le pigeon, etc.).
Nous allons donner un aperçu des différents termes employés
à son sujet.
Parlons d'abord du jeune avant qu'il naisse. L'œuf, une fois
pondu, est couvé par la mère pendant 25 à 26 jours.
Vers le vingt-quatrième ou le vingt-cinquième jour, le jeune
commence à bécher sa coquille. C'est son premier effort dans l'existence, sa
mère n'intervenant nullement dans l'opération. Cela consiste de sa part à
briser la coquille par petits coups de bec, en forme circulaire, et, quand
c'est achevé, d'un vigoureux effort il en sort.
C'est pendant le béchage que le jeune reçoit sa première
éducation, car dès ce moment la mère et ses oisillons conversent et l'on dit
alors des jeunes qu'ils chantent en coquilles.
Le jeune sort tout mouillé de sa coquille et pendant
vingt-quatre heures reste sous la mère pour se sécher. C'est la période du
séchage.
L'alimentation commence aussitôt après et va chaque jour en
augmentant jusqu'à ce que l'oiseau soit adulte, époque où (quand il est captif)
on le maintient en bonne santé avec 25 grammes de nourriture par jour et de la
verdure.
À sa naissance, c'est un perdreau qui fait partie de la
nichée tant qu'il n'est pas sorti du nid, puis appartient à la couvée quand il
ne vole pas encore. Quand il vole avec ses parents, il appartient à une
compagnie.
S'il a été élevé par une poule de ferme, quand, une fois
adulte, il se réunira aux autres perdrix d'élevage, il fera partie d'une bande.
Notons que quand viendra la Saint-Rémy (2 octobre) il
ne sera plus appelé perdreau, car, suivant le vieux proverbe, « à la
Saint-Rémy, les perdreaux sont perdrix ». C'est donc une erreur après
cette date de parler de perdreaux, car il n'y en a plus jusqu'aux naissances de
l'année suivante ; mais beaucoup de chasseurs commettent cette erreur
d'appeler perdreaux toutes les perdrix nées dans l'année.
Le jeune non encore adulte s'appelle aussi pouillard. Le
mâle adulte est désigné le plus souvent sous le nom de perdrix mâle ou coq
perdrix.
La femelle porte le nom de perdrix femelle ou poule perdrix.
Le moment où les perdrix se recherchent pour s'accoupler s'appelle le temps de
la pariade et quand, s'étant choisis, un mâle et une femelle s'éloignent des
autres perdrix, on dit qu'ils sont appariés ou accouplés ou qu'ils forment un
couple.
Avant ce rapprochement, la femelle a appelé le mâle par son
chant spécial et on lui donne à ce moment le nom de chanterelle, en disant
d'elle qu'elle rappelle.
Quand les oiseaux sont tous appariés, il reste généralement
des mâles en surnombre auxquels on donne le nom de bourdons.
N'ayant pas de femelles, ils poursuivent le plus souvent un
couple afin de chercher à supplanter l'élu de la poule perdrix. On dit alors
des trois oiseaux qui se pourchassent que c'est un ménage à trois.
Ces coqs, dangereux pour la tranquillité nécessaire à la
reproduction du couple, sont recherchés pour être détruits ou capturés,
opération qui porte le nom d'écoquetage. Quand ils sont capturés vivants et mis
en volières, ils servent par la suite à former de petites compagnies par le
système de l'adoption.
Dans ce cas, l'on dit d'eux que ce sont des coqs perdrix
d'adoption.
Quand le perdreau prend ses mouchetures sur les ailes, il
est maillé.
La perdrix piète quand elle fuit à pied sans voler, mais si
elle vole au ras du sol, on dit qu'elle rase.
Quand les perdreaux suivent leurs parents sans pouvoir
encore voler, ils sont à la traîne.
Si la perdrix se cache derrière une motte de terre, cette
action s'appelle s'amotter.
D'une perdrix accouplée, on dit qu'elle est adouée.
Le coq perdrix porte aussi le nom de garbon.
Un oiseau du genre perdrix s'appelle un perdiciné.
Lorsqu'une poule perdrix qui a pondu voit ses œufs détruits
ou disparus par un fait quelconque, elle recommence une autre ponte et cela
s'appelle un recoquetage.
Lors des éclosions de la première ponte des perdrix on
observe qu'il y a toujours un excédent de mâles sur les femelles. Mais
lorsqu'elles font une deuxième ponte, les jeunes en provenant sont en plus
grand nombre des femelles.
Les excréments de ces oiseaux sont appelés des fientes.
Quand pour étudier des faits de dispersion des perdrix on a
besoin de les reconnaître, on leur met à une patte une bague en aluminium
portant diverses inscriptions ; cette opération s'appelle le baguage.
En hiver, les perdrix vivent en bandes, puis, aussitôt que
le temps s'adoucit, elles s'accouplent et s'isolent de leurs congénères.
Pendant la durée de la ponte leurs œufs sont protégés par un
petit matelas d'herbes sèches qu'elles ont fabriqué et qu'elles mettent sur le
côté en venant pondre, puis qu'elles remettent sur les œufs avant de s'en
aller.
Comme on le voit, le vocabulaire cynégétique est assez varié
et si nous avons voulu en faire une causerie en ce qui concerne la perdrix, ce
n'est pas pour les vieux chasseurs qui connaissent bien tous ces termes, mais
pour les débutants qui pourront ainsi prouver à leurs aînés qu'ils n'ont pas
seulement pris un permis de chasse, un fusil et un chien, mais qu'ils ont
encore étudié le vocabulaire du chasseur afin de ne s'exprimer que correctement
en racontant leurs exploits.
René DANNIN,
Expert en agriculture (chasse, gibier) près les tribunaux.
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