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Les rosiers grimpants

Différents modes d'utilisation

Nous avons, dans un précédent article (voir Le Chasseur Français de mai 1952), fait ressortir l'intérêt que présentent les rosiers pour l'agrémentation du jardin. Rosiers à haute tige, à demi-tige, rosiers nains, grimpants ou pleureurs ont leur place dans toute propriété et contribuent puissamment, en raison de leur floribondité et de la vivacité des teintes de leurs fleurs, à rendre celle-ci plus agréable.

Les rosiers grimpants sont surtout d'un grand effet. Au point de vue pratique, on en fait deux catégories :

    a. Ceux qui ne fleurissent qu'une fois chaque année, en juin ou juillet : ce sont les rosiers grimpants non remontants.

    b. Ceux qui fleurissent une première fois au printemps et refleurissent à l'automne : ce sont les rosiers grimpants remontants.

Rosiers grimpants non remontants.

— La plupart se caractérisent par une très grande vigueur. Leur unique floraison est d'une grande richesse, car leurs innombrables fleurs, simples ou doubles, sont disposées en bouquets très fournis et souvent de teintes extrêmement voyantes.

Les botanistes en rattachent les nombreuses variétés à deux espèces principales : le Rosa multiflora et le Rosa Wichuraiana.

C'est de la première espèce qu'est issu le populaire Crimson Rambler, si vigoureux et si florifère, aux innombrables petites fleurs doubles rouge cramoisi, variété malheureusement bien trop sensible aux attaques du blanc ou oïdium du rosier.

C'est aussi du Rosa multiflora que dérive Aglaia, variété également vigoureuse, à fleurs moyennes, odorantes, très doubles, d'un beau blanc crémeux.

Du Rosa Wichuraiana sont sorties, par hybridation, un grand nombre d'excellentes variétés actuellement fort répandues. Ce sont, parmi beaucoup d'autres :

    Albéric Barbier, vigoureux et florifère, à feuillage luisant, à fleurs odorantes doubles, blanc-crème à centre jaune-canari ;

    Albertine, à grandes fleurs chamois cuivré à revers saumon ;

    American Pillar, sorte de grande églantine rose foncé à centre blanc crémeux, d'une vigueur extraordinaire et d'une extrême floribondité ;

    Dorothy Perkins, aux innombrables petites fleurs doubles rose carminé ;

    Excelsa, à fleurs moyennes, doubles, en gros bouquets rouge écarlate brillant ;

    Paul Scarlet Climber, aux grandes fleurs semi-doubles, écarlate vif teinté cramoisi ;

    Primevère, jaune primevère vif ;

    Princesse d'Orange, orange écarlate brillant ;

    White Dorothy Perkins, aux larges corymbes d'un blanc très pur ; etc.

Rosiers grimpants remontants.

— Ils sont, en général, de vigueur moindre. Un certain nombre de variétés, déjà anciennes, sont toujours très estimées. Citons :

    Gloire de Dijon, à grandes fleurs très pleines, odorantes, jaune-nankin saumon ;

    Rêve d'or, à grandes fleurs chamois, également très parfumées ;

    Madame Alfred Carrière, blanc carné ;

    Climbing Caroline Testout, rose-chair satiné pur, variété vigoureuse ;

    Climbing Reine des Neiges, blanc pur ;

    Climbing Souvenir de la Malmaison, à fleurs pleines, en coupe, blanc carné ;

    Climbing Souvenir de Georges Pernet, rose ;

    Climbing Madame Édouard Herriot, corail, magnifique en bouton ;

    Souvenir de Léonie Viennot, jaune de Chine nuancé de rose, etc.

D'autres sont soit plus nouvelles, soit moins répandues, mais tout aussi remarquables :

    Climbing Étoile de Hollande, rouge cramoisi ;

    Climbing Madame Butterfly, rose brillant et jaune ;

    Climbing Président Hoover, jaune orangé flammé de rouge ;

    Climbing Talisman, rouge écarlate et jaune ;

    Souvenir de Claudius Desnoyelles, rouge cramoisi ;

    Climbing Madame J. Bouché, blanc carné, etc.

Emploi des rosiers grimpants.

— Ils ont besoin, le plus souvent, pour donner tout leur effet, d'un support. Ce peut être soit un treillage, soit des guirlandes, des arceaux, soit une tonnelle, soit toute autre construction appropriée.

C'est au jardin français qu'il est le plus facile de disposer avec symétrie, et le plus souvent parallèlement aux allées, les motifs destinés au palissage des rosiers grimpants. Il faut les placer, autant que faire se peut, sur les limites de la roseraie. Mis dans le centre, ils masqueraient en effet la vue et donneraient à l'ensemble un aspect étriqué.

Les pergolas, les portiques, les guirlandes s'établissent à droite et à gauche des allées du pourtour dont ils jalonnent la longueur. Les guirlandes sont reliées entre elles par des colonnes.

C'est également sur l'une des allées du pourtour que l'on établira, si l'on veut, une tonnelle ou des arceaux. Tous ces supports peuvent être réalisés soit en bois rustique, soit en bois travaillé.

On obtient la ligne régulière des guirlandes soit à l'aide de tringles légères, courbées à la demande, soit au moyen de chaînettes en fer que l'on attache d'une colonne à l'autre, en les laissant plonger plus ou moins au milieu.

Cependant, les rosiers grimpants ont aussi leur place au jardin anglais, soit greffés sur de très hautes tiges d'églantier, d'où leurs longs rameaux chargés de fleurs retombent jusqu'à terre, soit en formes naines, soit encore plantés dans des pentes rocailleuses sur lesquelles leurs branches souples s'étendent, étreignant les roches qu'elles parent de vives couleurs, soit encore plantés en bordure des massifs d'arbustes dont ils rompent agréablement la monotonie.

Greffés en très hautes tiges, les rosiers grimpants, et surtout les non remontants, s'emploient le plus souvent par groupes d'importance variable suivant l'emplacement disponible et suivant l'étendue de la propriété. Parfois on en enveloppe un carrefour. Parfois on en forme seulement un groupe de trois ou cinq sujets, de même variété, en situation bien ensoleillée au sommet d'un mamelon sur lequel il se détache fort bien et fleurit abondamment.

Les rosiers grimpants très vigoureux, comme les hybrides de Wichuraiana, sont aussi parfois employés dans des conditions très particulières. Par exemple, autour d'un grand arbre à rameaux pleureurs (frêne, sophora, saule de Babylone) isolé sur une pelouse en plein soleil, on plante, après avoir bien ameubli la terre à deux ou trois des endroits où les branches viennent presque toucher le sol, un pied d'une variété très vigoureuse (American Pillar, Paul Scarlet Climber, Dorothy Perkins ou autre) dont les longs rameaux s'élancent dans le branchage de l'arbre où on les aide d'abord à se maintenir au moyen de quelques attaches d'osier. L'effet est superbe lors de la floraison.

Le socle des murs d'un chalet ou d'une villa rustique peut aussi être tapissé de rosiers grimpants aux expositions ensoleillées. Ici, on a plus souvent recours aux remontants, de moindre développement. Il est, dans ce cas, nécessaire d'y placer quelques fils de fer, horizontaux ou verticaux, pour palisser les branches. Les meilleurs résultats sont obtenus à l'est ou au midi avec les variétés dont la floraison constitue le principal attrait, mais les variétés à feuilles persistantes, et notamment les Banks, peuvent aussi réussir à l'ouest ou même au nord.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°664 Juin 1952 Page 355