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Parasites des arbres fruitiers

L'oïdium du pommier

Alors que, jusqu'à ces dernières années, cette maladie ne sévissait que rarement, et principalement sur des arbres taillés, elle a pris, à la faveur des printemps secs que nous avons eus de 1945 à 1948, une extension assez importante pour que les arboriculteurs commencent à s'en inquiéter, d'autant plus que le retour de saisons humides ne semble pas devoir en enrayer la propagation dans les vergers.

Qu'est-ce que l'oïdium ?

— C'est une maladie due à un champignon microscopique, le Podosphæra leucotricha, assez proche parent de l'oïdium de la vigne.

Les parties atteintes, feuilles d'abord, rameaux ensuite, sont recouvertes d'une poussière blanc grisâtre, plus blanche et d'aspect plus pulvérulent que dans l'oïdium de la vigne. Les feuilles attaquées sont plus étroites que les feuilles saines, moins développées et fréquemment enroulées, ce qui donne aux pousses en cours de développement un aspect blanchâtre et rabougri très facilement perceptible. Les rameaux jeunes ont la même apparence farineuse que les feuilles. Les bouquets de fleurs sont parfois détruits et les fruits eux-mêmes peuvent être attaqués.

Les spores, ou graines du champignon, produites en grande quantité dans le dépôt blanc que l'on observe à la face supérieure des feuilles, propagent la maladie sur d'autres feuilles. D'autre part, elles infectent également, dans le courant de l'été, les bourgeons qui donneront des pousses l'année suivante.

De l'avis des différents phytopathologistes qui ont étudié cette maladie, l'oïdium du pommier est favorisé, dans son développement, par un printemps sec et chaud. Et, cependant, en 1961, cette condition étant bien loin d'être remplie, l'oïdium s'est propagé dans diverses régions fruitières avec une virulence jamais encore observée. Des variétés, que l'on considérait comme résistantes à la maladie, ont été, à leur tour, atteintes.

D'ailleurs, cette résistance supposée des variétés reposait sur des appréciations faites localement, ou régionalement, par des arboriculteurs et ne concordant pas toujours. Cependant, une certaine unanimité se manifestait en ce qui concerne les variétés Jonathan, Cox Orange Pippin, Reine des Reinettes, Golden Delicious, Belle de Boskoop, considérées comme très sensibles ou de faible résistance à la maladie en presque toutes régions.

Que peut-on foire pour éviter l'oïdium ?

— Des essais répétés, faits en Suisse par le Dr Zobrist ou sous son contrôle, il semble résulter que les traitements d’hiver, faits soit avec des carboniléums solubles, soit avec des carboniléums associés à un sel de cuivre, pas plus que les traitements préfloraux, au cuivre ou à la bouillie sulfocalcique, n'ont aucun effet utile sur le développement ultérieur de la maladie.

La conclusion qui s'imposait, à la suite de ces essais, est que les boutons à fleur des arbres malades l'année précédente peuvent déjà receler en eux les germes de l'infection. Celle-ci ne tarde pas à se manifester, et les fleurs qui sortent du bourgeon floral ont des pétales épaissis et verdissent sous l'influence du champignon. Le calice et le pédoncule sont recouverts d'une épaisse couche de spores et les bouquets de fleurs sèchent et tombent. C'est seulement plus tard qu'apparaissent, sur les feuilles plus ou moins adultes, les infections secondaires décrites plus haut

À la suite de nombreux autres essais, faits méthodiquement et rigoureusement contrôlés, le Dr Zobrist est parvenu à mettre au point une méthode de traitement qui semble donner toute satisfaction. Cette méthode comporte des traitements chimiques et des opérations complémentaires que nous indiquons ci-après.

a. Traitements chimiques.

— Pulvériser abondamment, au moins deux fois à dix jours d'intervalle, sur les arbres, entre le débourrement et la floraison, une bouillie comportant 1 p. 100 de soufre mouillable et 2 p. l.000 d'un bon mouillant.

Dès la chute des pétales, effectuer un troisième traitement avec les mêmes produits, puis, un peu plus tard, un quatrième, qui peut être combiné avec le premier traitement contre le carpocapse. À cet effet, pour ce dernier, on associe au soufre mouillable de l'arséniate de plomb. On peut également remplacer le soufre mouillable, dans ce traitement mixte, par une bouillie sulfocalcique du commerce. Ici encore, le mouillant est indispensable.

Pour les variétés très sensibles à l'Oïdium et surtout Jonathan, ces quatre traitements peuvent être encore insuffisants, et il est recommandable d'incorporer aux bouillies arsenicales employées, pendant toute la période d'été, pour lutter contre le carpocapse, soit du soufre mouillable, soit une bouillie sulfocalcique.

b. Opérations complémentaires.

— Suppression de tous les rameaux atteints d'oïdium, reconnaissables en hiver à leur écorce gris blanchâtre. Toutefois, cette opération ne fait que supprimer les traces de l'infection de l'année écoulée. On la complète avantageusement, dans les plantations de pommiers en formes taillées, par le ramassage des bourgeons et des boutons floraux atteints aussitôt après le débourrement. Cette dernière mesure n'est malheureusement pas applicable dans les grands vergers, non plus que sur les arbres de plein vent.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°664 Juin 1952 Page 354