Le choix d'une ou de plusieurs rivières à descendre au cours
de deux à quatre semaines de vacances est souvent ardu et soulève des problèmes
parfois délicats à résoudre. En premier lieu, intervient la force des
canoéistes qui élimine déjà tout ce qui est au-dessus de leurs possibilités.
Notons à ce sujet que les vacances doivent, avant tout, procurer une détente
salutaire, et la descente de rivières très dures réclame une suite d'efforts
qu'il est difficile de soutenir pendant une longue période.
Les plus sportifs pourront limiter la durée des étapes
difficiles et les alterner avec des journées consacrées au repos ou à des
visites touristiques, réservant la dernière semaine à la descente d'une rivière
calme, simplement pour y goûter la joie de vivre, en toute quiétude. Ils
n'entacheront pas pour autant leur réputation de « fines pagaies » et
en garderont certainement le meilleur souvenir.
Posons donc comme règle générale que les rivières de
vacances doivent présenter un degré de difficultés inférieur aux possibilités
du canoéiste qui les descend.
Un programme de vacances doit être varié et, au fil de
l'eau, l'occasion nous sera maintes fois offerte d'explorer les trésors
touristiques de notre pays. La partie haute des rivières permet toujours de
pittoresques excursions, à pied ou par les moyens de transport locaux, dans des
régions au relief accidenté, souvent même en pleine montagne et le canoéiste
aurait tort de se cantonner entre les parois d'une gorge ou d'une étroite
vallée.
En s'éloignant de « sa » rivière, il pourra la
contempler sous un angle inhabituel et l'occasion lui sera probablement offerte
de prospecter quelque cours d'eau plus ou moins connu pouvant faire l'objet
d'une future croisière.
Plus bas dans la vallée, le décor naturel est peut-être moins
grandiose, sans perdre jamais tout intérêt puisque la rivière est là, qui
l'anime de sa présence, et ce sont les richesses architecturales de nos
vieilles cités qui retiendront notre attention.
Ces considérations, qui semblent nous entraîner loin de notre
sujet, ont seulement pour but de rappeler que, pour profiter pleinement de
vacances nautiques, il est nécessaire d'établir un programme étudié dans ses
moindres détails, les à-côtés touristiques étant malheureusement trop négligés
au cours des brèves descentes de rivières effectuées en fin de semaine ou à
l'occasion d'un pont.
Il est évident que le point essentiel qui conditionne toute
descente de rivière reste la hauteur d'eau particulièrement sensible, dans le
cas présent, pour les canoéistes astreints à prendre leurs vacances à la
période la plus sèche de l'année : juillet et août. Nous devons
reconnaître que les rivières présentant un étiage suffisant à cette saison sont
rares et il serait vain d'établir à l'avance un beau programme qui se
révélerait irréalisable au moment du départ. Il faut toujours envisager deux
rivières ou groupes de rivières situées dans des régions de climats différents
et arrêter son choix au dernier moment en fonction des conditions
atmosphériques.
Seule la région des Alpes peut offrir des eaux généreuses en
été, parfois même trop abondantes sur des rivières telles que l'Arc et l'Isère,
très difficiles du reste. Plus au sud, la Durance et le Verdon (avec visite du
Grand Canyon) ont un débit suffisant et constituent un programme choisi pour
des canoéistes expérimentés. Le Var, la Tinée pourraient également être
retenus, mais leur régime est beaucoup plus fantaisiste.
En Savoie, Chéran, Fier, Dranses peuvent être associés, à la
condition que la pluie entretienne leur niveau et que les canoéistes soient,
bien entendu, de force à les descendre ; dans cette région, de beaux lacs
permettent d'agréables fins de vacances. Le Jura peut offrir des possibilités
avec le Doubs et l'Ain en saison pluvieuse.
Dans les Pyrénées, les gaves et la Nive constituent un
programme complet. Même en été, les eaux sont généralement suffisantes et
l'accès d'une rivière à l'autre est des plus facile. Le niveau des rivières des
Pyrénées centrâles est beaucoup plus aléatoire.
Nous terminerons ce tour d'horizon par le Centre de la
France avec les rivières du Massif central de difficultés moyennes et, par
conséquent, accessibles à un plus grand nombre de canoéistes. Peu, cependant,
peuvent être descendues en été, surtout dans la région nord, et seules les plus
importantes et les plus faciles conservent un niveau suffisant. Le Tarn, à lui
seul, constitue un programme de vacances avec un parcours de deux cents
kilomètres ; la Dordogne également, où les richesses touristiques
compensent la pauvreté de l'intérêt nautique. D'agréables parcours peuvent être
effectués sur l'Allier, la Loire, le Lot.
On trouve toujours assez d'eau dans les gorges de l'Ardèche
pour y faire flotter un canoé, et c'est certainement, de toutes les rivières,
celle où il est le plus agréable de passer paisiblement la dernière semaine de
ses vacances. Les gorges du Gard ont le même aspect, mais ne tentez pas
l'aventure en été. Dès juillet, vous n'y trouveriez qu'un lit de galet
absolument sec.
Les étangs et courants landais sont très appréciés des amateurs
de voile et de pêche aimant la solitude et le calme absolu. Enfin, à défaut
d'eau dans les rivières, vous serez toujours certains d'en trouver dans la mer,
au bord de laquelle il n'est pas désagréable de terminer ses vacances.
G. NOËL.
|