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Les fraisiers à gros fruits

Pour échelonner la production.

— Les fraisiers à gros fruits, cultivés pour la table et le marché, par les amateurs et les professionnels, comptent un grand nombre de variétés mûrissant plus ou moins tardivement, et que l'on peut récolter sans forçage, à partir de la mi-mai jusqu'aux gelées.

Il suffit d'adopter une ou deux variétés hâtives, de demi-saison et tardives, complétées par des remontantes à gros fruits, pour satisfaire à tous les desiderata.

Comme variétés hâtives, on plantera de préférence l’Aurore, la plus précoce de toutes les fraises. C'est une fraise à la chair blanche, juteuse, sucrée et parfumée. On peut encore prendre Surprise des Halles, recherchée par le commerce, dont le fruit volumineux, de couleur rouge foncé, à la chair ferme, est d'une saveur agréable. Citons encore, dans la même catégorie, Reine des Précoces et Hâtive de Caen.

Les variétés de pleine saison sont encore plus nombreuses. Mentionnons Madame Moutot (fraise tomate), dont les fruits arrivent à peser 80 grammes et plus. Obtenue par croisement Dr Morère X Royal Soovering, cette fraise a conservé l'agréable saveur des variétés dont elle est issue. Ville de Caen est également recommandable. Son fruit, d'un beau rouge vermillon foncé, possède une chair ferme et un arôme subtil. On peut en dire autant de Ma Préférée et de Madame Meslé.

Comme variétés tardives, la Tardive de Léopold vient en tête. Son fruit est très gros, d'un beau rouge vif, et sa chair est ferme. Général Leclerc, issue de Tardive de Léopold X Louise Vilmorin, est une variété vigoureuse, rustique et fertile. Son fruit est gros, globuleux, rouge vermeil, sa chair rosée, sucrée et parfumée. Ville de Paris rentre dans la même catégorie.

Les variétés remontantes, qui prennent la suite, et dont on retarde la fructification en supprimant les hampes florales apparaissant avant le 15 mai, ainsi que les coulants, donnent leur récolte en fin de saison, moyennant quelques binages et un terreautage. Citons Mme Raymond Poincaré, qui est rustique et très fertile ; son fruit est allongé, rouge, juteux et sucré. La Sans-Rivale s'accommode de tous les sols ; elle donne en abondance de gros fruits coniques, à la chair rosée, très appréciés.

Exigences du fraisier.

— Le fraisier est une plante relativement rustique, capable de venir dans tous les terrains. Mais il redoute les gelées tardives et les sécheresses prolongées. Dans les climats gélifs, on recherchera les situations garanties des vents froids et on donnera de fréquents arrosages en cas de sécheresse persistante.

C'est dans les terres un peu acides, où le pH se tient entre 5,5 et 6,5, que le fraisier se plaît le mieux, c'est-à-dire dans les parcelles limoneuses et humifères. Dans les sols alcalins ou calcaires, le fraisier attrape la chlorose. On y remédie par de copieuses fumures organiques, et en faisant des applications de sulfate de fer.

Plantation et soins.

— La création d'une fraisière doit être précédée d'une culture sarclée, telle que pomme de terre hâtive, ayant bénéficié d'une copieuse application de fumier de ferme, pas moins de 500 à 600 kilogrammes à l'are.

Le terrain étant débarrassé de bonne heure, on aura le temps de l'ameublir et de l'amender pour pouvoir y repiquer les coulants de bonne heure, courant d'août. On obtiendra ainsi de bien meilleurs résultats que si la plantation avait lieu plus tard, par exemple en octobre, et que les froids arrivent avant que la reprise soit effectuée.

Les filets employés doivent être râblés, bien pourvus de chevelu et exempts de maladie. En outre, la mise en place doit se faire à de plus grands écartements que l'on a l'habitude de le faire dans les jardins familiaux. En principe, la plantation se fera en lignes distancées de 60 centimètres et à 25 centimètres d'espacement, de manière à faciliter les binages, les paillages et la récolte. Dans les plantations en lignes jumelées, les façons intercalaires ne peuvent se faire qu'à la main.

Le paillage ne se fera qu'après la floraison, pour éviter que l'écran placé entre la terre et les hampes florales favorise l’action des gelées. Il faut environ 25 à 30 kilogrammes de paille pour un are de fraisière.

Il ne faut jamais prendre de coulants dans les parcelles en production ; cela nuirait à l'abondance et à la grosseur des fruits. On les sèvrera à mesure qu'ils se montrent, l'élevage des filets étant limité aux plants réservés à cet objet.

Maladies et parasites.

— Le fraisier est fréquemment atteint par les affections cryptogamiques, notamment par la pourriture des racines, occasionnée par une moisissure. On s'en défend en multipliant les binages pour ameublir le terrain, en assainissant les parcelles devant être plantées, en pratiquant l'alternance des cultures à longue échéance et en employant des filets sains, provenant de fraisières non contaminées. Enfin, on recherchera des terres de bonne constitution, un peu fraîches, mais non humides.

La maladie des tiges, analogue au chancre de la tomate, exige la destruction par le feu des pieds contaminés.

La maladie des taches brunes et des taches rouges se traite par des applications de bouillie bordelaise à 1 p. 100, avant la floraison.

La pourriture des fruits est occasionnée par un excès d'azote nitrique ou par une humidité excessive.

Quant aux viroses qui engendrent la jaunisse, le nanisme et toutes les manifestations imputables à des virus que l'on suppose transmis par les pucerons, on ne peut guère les enrayer autrement qu'en employant les solutions nicotinées à 1 p. 1.000. Outre les pucerons, les fraisiers comptent d'autres déprédateurs. Pour mémoire, citons : l'anguillule, la mite, l'anthonome, la lisette ou coupe-bourgeons et l'otiorrhynque sillonné, que l'on combat surtout par des poudrages avec des produits à base de D. D. T.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°665 Juillet 1952 Page 417