Après une disparition à peu près totale, le Carlin nous
revient ; diverses importations, principalement anglaises, faites ces
dernières années, nous ont permis de revoir quelques beaux spécimens de cette
race dans les expositions canines.
C'est un chien original dont la beauté particulière réside
dans le bon équilibre de ses proportions et dans les caractéristiques de la
tête. Elle est forte et masquée de noir avec des rides et des plis nombreux et
bien symétriques. Le nez est court et les yeux ronds, si ronds que l'ouverture
des paupières paraît presque circulaire. Il doit avoir une étoile au front et
des grains de beauté, entre autre un qui est assez volumineux sur la joue et
orné de poils, auquel on attachait beaucoup d'importance, surtout autrefois.
Ce petit animal robuste, trapu, doit être très musclé, sans
pour cela devenir trop important, il faut donc le surveiller et souvent freiner
son appétit, car il a la réputation d'être très gourmand et d'engraisser
facilement.
Petit chien d'appartement très propre, il est d'un entretien
facile, ayant tout le corps recouvert d'un poil court et soyeux de couleur
généralement neutre, fauve ou café au lait. Le dessus des épaules, le dos
doivent porter une trace noire qui est très recherchée et qui peut aller jusqu'à
la queue. Ce sillon noir était plus accentué il y a quelques années, et les
chiens modernes ont tendance à l'avoir insuffisamment marqué. La queue est
insérée très haut sur le dos et elle est fortement enroulée en forme de
spirale.
Comme beaucoup de petits chiens à face courte, le Carlin est
vraisemblablement originaire de l'Asie et plus particulièrement de la Chine.
C'est une des plus vieilles races existantes et qui a été
connue bien avant notre ère. De très vieux manuscrits faisaient, 700 ans avant
Jésus-Christ, la description d'un chien ressemblant à notre Carlin.
En réalité, il apparut tout d'abord à la fin du XVIe
siècle en Hollande, où il fut probablement amené par des navigateurs, les
Pays-Bas ayant eu à cette époque de très nombreuses possessions outre-mer.
Son originalité et son caractère attachant eurent vite fait
de conquérir les Hollandais, et il se répandit très rapidement Il eut toutes
les faveurs des rois et des princes et connut la célébrité. Il fut l'objet de
nombreuses légendes populaires et l'on vantait sa vigilance et son
intelligence.
Chien favori de la maison d'Orange, il fut introduit en
Angleterre au XVIIe siècle par Guillaume d'Orange et il eut tout de
suite une grande vogue. Il se répandit également en Europe, en France et en Allemagne,
gagnant même l'Italie et la Russie.
Il inspira les maîtres hollandais, flamands, anglais et
français, qui nous laissèrent beaucoup d'œuvres d'art de la brillante époque des
XVIIe et XVIIIe siècles et l'on peut voir ce petit chien
favori représenté sur de nombreux tableaux à côté des princes élégants et des
personnages de la cour : le duc d'Enghien et bien d'autres encore.
Joséphine de Beauharnais eut aussi un Carlin célèbre dont elle ne se sépara
jamais.
Apparence générale.
— Elle est celle d'un petit chien robuste, compact,
carré et aux muscles très développés.
La tête est large, massive et ronde, la face très
courte.
Les yeux sont très grands et proéminents, globuleux,
très brillants, noirs ou de couleur sombre, le plus foncé possible, et ils doivent
avoir une bonne expression, douce, et être pleins de feu au jeu.
Le museau est court, carré, le nez très légèrement
retroussé, mais pas retourné. La truffe est noire, les narines bien ouvertes,
pas écrasées, les mâchoires sont égales et les lèvres bien noires.
Le front est assez élevé et plissé, et le masque doit
être noir, le plus noir possible jusqu'au-dessous des yeux ; il est
sillonné de rides larges et profondes soulignées de noir.
Les oreilles sont petites et douces au toucher, de
couleur noire, avec quelquefois un peu de fauve, mais très légèrement. Les
oreilles tombantes sont préférables.
Le cou est plein, gros, court et très musclé.
Le corps est court, compact et bien trapu.
La poitrine et les reins sont larges.
Les jambes sont fortes, droites, de longueur moyenne,
très musclées et bien campées sous le chien.
Les pieds sont de bonne grandeur, ni trop longs, ni
trop ronds, les doigts bien découpés et les ongles bien noirs.
La queue est plantée haut, le plus possible, et
portée en trompette, bien retournée, et reposant sur le côté de la hanche ;
la double boucle est très appréciée.
Le pelage est ras, court, épais et doux au toucher,
bien lustré et d'une couleur fauve clair ou gris fauve sur tout le corps et les
membres ; formant ainsi un contraste frappant avec le masque noir.
Une ligne noirâtre, bien définie, se remarque sur le dos ;
si elle s'étend de l'occiput à la naissance de la queue elle prend le nom de saddle
marck. Actuellement, les chiens sont moins marqués et dans les expositions
canines les juges sont moins exigeants sur la présence de cette trace.
Il existe une variété de Carlin à poil long ou mi-long et
une variété complètement noire qui apparut beaucoup plus tard, date que l'on
situe aux environs de 1885. Cette variété paraît avoir une certaine faveur en
Angleterre ; personnellement, je n'en ai jamais vu en France.
La taille du Carlin varie de 25 à 31 centimètres au garrot
et le poids se situe aux environs de 12 à 16 livres.
Le Carlin n'est pas un Bulldog miniature ; par sa
construction, il s'apparente aux Dogues, c'est un très petit Doguin, et, comme
bien des nains, il a la tête globuleuse, mais son nez n'est pas renversé et ses
mâchoires sont égales.
Son nom varie suivant les pays : les Allemands
l'appellent Mopse, qui est l'ancien nom. Les Anglais l'appellent Pug-Dog ou Pug,
du latin pugnus (poing), ceci viendrait de la forme de la tête de ce
chien dont l'ombre chinoise ressemble à un poing. L'appellation française est
Carlin, il la devrait à son masque noir, qui rappelle celui que portait un
acteur Italien qui s'appelait Carlino et qui acquit en France une grande
célébrité dans le rôle d'Arlequin.
A. PERRON.
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