Le vomissement est un acte réflexe qui pousse les animaux,
comme l'homme, à rejeter les matières alimentaires ou autres contenues dans
l'estomac et peut-être aussi dans la première partie de l'intestin. Nous
l'envisagerons plus particulièrement chez le chien.
Le point de départ de cette réjection convulsive est dans
l'excitation de certains nerfs. Cette excitation peut s'exercer sur l'estomac
ou sur quelques autres organes, le foie notamment. C'est un phénomène morbide
qui s’accompagne, le plus souvent, d'un trouble des fonctions digestives, ou
celui-ci le provoque. À ce titre donc, il mérite d'être pris en considération.
Les causes du vomissement sont nombreuses ; mais il est
des maladies qui, chez tous les animaux, peuvent le provoquer, notamment les
hernies, les invaginations et certaines affections intestinales telles que les
intoxications produites par l'ingestion de substances nocives mélangées aux
aliments : mort-aux-rats (arsenic), phosphore, etc.
Il est des chiens qui ingèrent, sans en paraître incommodés,
des corps étrangers, herbes, paille, pour provoquer le vomissement, semblant
indiquer ainsi une perturbation stomacale plus ou moins grave, soit une autre
affection dont le diagnostic n'est pas toujours aisé.
On croit que les chiens qui mangent de l'herbe cherchent à
se rafraîchir, qu'ils digèrent l'herbe, que ce sont leurs épinards à eux.
Erreur, c'est pour se faire vomir. Les chiens ne sont pas les seuls animaux
pour lesquels l'herbe est une nécessité ; les autres carnivores, les chats
par exemple, ont eux aussi besoin d'en manger. Presque chaque fois qu'un chien
mange de l'herbe, il la rejette avec tout ce qui se trouve dans son estomac ;
bref, l'herbe lui fait l'effet d'un vomitif, d'une purge.
Il est reconnu que le chien donne la préférence aux brins
d'herbe raide, étroits et découpés sur les bords (chiendent). Le chatouillement
dans la gorge et dans l'estomac provoque le vomissement. Aussi a-t-on remarqué
souvent que l'effet se produit immédiatement après l'introduction suffisante
des brins d'herbe dans l'estomac. Lorsque les chiens ne peuvent trouver l'herbe
nécessaire, ils cherchent un soulagement en ingérant du foin ou des copeaux de
bois. L'effet est d'autant plus prompt que l'objet est plus apte à provoquer le
chatouillement de l'œsophage.
Dans la masse rejetée, on a trouvé des esquilles d'os avec
beaucoup d'humeur visqueuse, d'où conclusion que l'animal souffrait encore plus
d'un excès de suc gastrique que de la présence des os. De tout cela, il résulte
clairement que, pour bien se porter, le chien doit pouvoir vider périodiquement
son estomac et qu'il faut lui en faciliter le moyen pour qu'il puisse courir
librement.
Une cause qui peut encore provoquer le vomissement chez le
chien est l'ingestion de viandes putréfiées. On sait, d'après les travaux d'A. Gautier,
qu'au cours de la putréfaction et de la fermentation des matières albuminoïdes
sous l'action des microbes il se forme des principes appelés « ptomaïnes »,
irritants pour l'appareil digestif. Or certains chiens, et surtout les chiennes
nourrices, ont la manie d'enfouir les morceaux de viande qui leur sont donnés à
satiété. Cet enfouissement ne se fait pas au hasard, mais, dès que
l'emplacement lui paraît convenable, presque toujours au pied d'un arbuste,
d'un mur, le chien creuse un trou de ses pattes de devant et y dépose son
morceau ; ensuite, avec son nez, il rejette la terre pour le couvrir,
effectue avec sa truffe un véritable pilonnage, quelquefois même après
l'opération il paraît flairer si aucune odeur ne se dégage. Parfois il ne se
souvient de son dépôt que longtemps après, alors que la viande est dans un état
complet de putréfaction, et cependant il n'hésite pas à l'ingérer, d'où la
cause du vomissement.
Le vomissement s'observe aussi fréquemment chez les chiens
qui sont sujets au mal d'auto qui, pour eux, est comparable au mal de mer des
personnes. Dès que le chien est introduit dans une voiture automobile
complètement fermée, on le voit s'agiter, être inquiet, baver et finalement
être pris de vomissement. Souvent aussi, dès que le chien descend d'auto, les
troubles disparaissent presque instantanément pour ne réapparaître qu'au voyage
suivant.
Comme moyens préventifs contre le mal d'auto, il convient de
laisser le chien à jeun ou le faire manger plusieurs heures avant le départ ;
de le placer à l'air, près d'une glace ouverte, par laquelle il ne tardera pas
à sortir la tête. Ces simples mesures sont généralement suffisantes pour éviter
le mal.
Notons enfin que la facilité avec laquelle le chien vomit
peut devenir une faculté utile, puisqu'on a vu des chiennes dégorgeant, devant
leurs petits, une partie de leur repas aussitôt fini.
Traitement.
— Pour arrêter les vomissements provoqués par des
maladies (gastro-entérite, maladies du foie, etc.), on peut employer tous les
calmants du système nerveux, chloral, opiacés, etc., en sirops ou en potions.
Chez le chien et le chat, le lait glacé, l'eau de Vichy glacée suffisent
souvent pour arrêter les vomissements.
Une potion antivomitive recommandable est la suivante :
Eau chloroformée saturée | 50 | gr. |
Eau de tilleul | 100 | — |
Sirop de fleurs d'oranger | 50 | — |
Une cuillerée à café ou une cuillerée à dessert, suivant la
taille du chien, quatre à cinq fois par jour.
MOREL,
Médecin vétérinaire.
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