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Causerie vétérinaire

Tumeurs des mamelles de la chienne

De tous les animaux domestiques, la chienne est celui qui est le plus souvent atteint ou porteur de tumeurs. Celles des mamelles sont particulièrement fréquentes ; elles apparaissent à tout âge, mais sont plutôt l'apanage des chiennes âgées de cinq ou six ans et plus. Les lices ayant déjà eu plusieurs portées sont plus souvent atteintes que les femelles vierges.

Au point de vue de leur retentissement sur l'organisme, on peut classer les tumeurs mammaires en : bénignes (kystes, fibromes, etc.) ; malignes (sarcomes, etc.) ou cancer proprement dit. Il est assez commun de rencontrer des tumeurs mixtes dans la constitution desquelles entrent principalement les tissus fibreux, cartilagineux ou osseux et qui peuvent acquérir un volume considérable.

Les tumeurs bénignes ont une évolution lente ; elles ne sont pas douloureuses, ne provoquent pas de fièvre et beaucoup demeurent stationnaires pendant toute la vie de la chienne, lorsqu'elles ont acquis un certain volume. La tumeur peut être unique, isolée et donne à la palpation la sensation d'une noisette qui serait enchâssée dans les chairs ; parfois il y a plusieurs nodosités disposées en ligne, en chapelet ou diversement agglomérées. Elles ne provoquent aucune réaction sur l'organisme.

Les tumeurs malignes restent parfois assez longtemps limitées à la glande et aux tissus voisins, sans provoquer de troubles notables. Elles évoluent généralement plus vite ; en quelques semaines, on les voit augmenter de volume, s'étaler, gagner peu a peu par la voie lymphatique les mamelles avoisinantes, ou bien, par suite de leur volume et surtout de leur poids, se détacher de la paroi abdominale, descendre entre les jambes, venir prendre contact avec le sol et s'ulcérer. Cette dernière complication en augmente encore la gravité, car l'ulcère suppure toujours et est absolument réfractaire à la cicatrisation. Ce sont surtout les mamelles inguinales qui sont le siège de ces tumeurs volumineuses, qui motivent souvent l'emploi d'une sorte de suspensoir pour les soutenir. Les tumeurs malignes ou cancéreuses retentissent sur la nutrition, se propagent aux ganglions lymphatiques voisins et se généralisent plus ou moins rapidement. Dès qu'elles atteignent les viscères, elles sont fatalement mortelles ; aucun traitement ne saurait en arrêter la marche. Peu à peu, les forces diminuent, la fièvre survient en même temps que l'amaigrissement, des douleurs locales ou générales apparaissent et la mort vient mettre un terme aux souffrances, parfois fort longtemps après le début de la généralisation de la tumeur (trois à six mois).

Quoi qu'il en soit, le seul traitement rationnel des tumeurs en général est l'opération, l'ablation précoce. Celle-ci doit être pratiquée aussitôt que possible, même si la grosseur ne s'accroît pas. Quand elle augmente de volume, il est quelquefois déjà trop tard. Nous ne pouvons donc qu'engager vivement les propriétaires à ne pas attendre qu'une tumeur suppure ou, s'ulcère pour consulter leur vétérinaire.

Quand les tumeurs sont nettement délimitées, c'est-à-dire quand leur tissu propre ne se confond pas avec les tissus voisins, l'opération est facile et, avec de l'antisepsie, on arrive à une cicatrisation rapide. On obtient parfois encore le même résultat dans certains cas de cancers, lorsque l'intervention chirurgicale est particulièrement hâtive. Mais, quand les tumeurs sont enveloppées dans une zone d'infiltration ou bien lorsqu'elles ont poussé des ramifications, des traînées dans les régions qui les entourent, l'opération exige de larges extirpations, sous peine de récidive immédiate ou prochaine. Enfin l'opération est également aléatoire dans ses résultats quand les animaux sont très âgés ; après dix à douze ans, il faut être très prudent, car les sujets, les vieillards de l'espèce canine, sont moins résistants et supportent plus ou moins bien l'intervention chirurgicale.

Les diverses pommades sont souvent plus nuisibles qu'utiles en ce sens qu'elles produisent l'ulcération de la tumeur ; elles sont impuissantes à en arrêter l'évolution.

Nous terminerons cette causerie par l'exposé des soins que réclame la chienne pendant la période de gestation ; celle-ci est en moyenne de deux mois, les dates extrêmes étant de cinquante-huit à soixante-cinq jours ; à remarquer que les petites chiennes accouchent deux ou trois jours plus tôt que les grosses ; chez la chatte, la durée est de cinquante à cinquante-cinq jours, en moyenne cinquante-deux jours.

Pendant cette période, la chienne sera l'objet de soins spéciaux. Durant le premier mois, la lice fécondée peut rester au chenil en contact avec ses compagnes ; si elle est de chasse, on peut la faire chasser à la condition de ne pas la soumettre à un travail excessif. L'exercice modéré lui est favorable, la fatigue risque d'être fatale et de provoquer l'avortement.

Vers la cinquième semaine, arrêter la chasse, laisser la bête en liberté dans une basse-cour où elle prendra ses ébats à son gré. Pour assurer le développement des fœtus, on augmentera la ration d'un quart, puis d'un tiers. Les pâtées faites de viande, de légumes, de pain et les préparations lactées formeront la base du régime. On peut y ajouter des fragments de cartilages et d'os, de la poudre d'os et des préparations phosphatées.

Si la lice a des vers intestinaux, il faudra lui donner des vermifuges, notamment en ajoutant simplement à la pâtée une dose quotidienne de 1 à 5 grammes d'un sel de strontium (phosphate ou lactate).

La litière sera renouvelée et tenue propre. En été, elle pourra être remplacée par de vieux tapis ou des couvertures usagées, qui seront cloués sur le plancher des niches.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°667 Septembre 1952 Page 532