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Les poules de Normandie

La Gournay et la Caumont

Parmi les vieilles races de volailles françaises, le pays normand possède deux variétés, dont les sujets, malheureusement, deviennent de plus en plus difficiles à trouver ; car il ne s'est pas trouvé de sélectionneurs assez nombreux ni de clubs assez agissants pour les perfectionner et les amener au point de nos grands races nationales.

Quoi qu'il en soit, ces sujets ont leurs qualités et méritent de ne pas sombrer dans l'oubli. Ils sont surtout rustiques au plus haut point et peuvent intéresser un certain nombre d'aviculteurs.

La Gournay est une très jolie poule au plumage caillouté blanc et noir. Originaire de Seine-Inférieure, elle porte le nom de la ville de Gournay-en-Bray et est encore assez répandue dans la région précitée, ainsi que dans toute la Normandie et le Beauvaisis.

C'est une volaille d'une taille légèrement supérieure à la moyenne et plus lourde que nos Bresses et Gâtinaises.

Le port est fier, alerte, décidé. La tête n'a pas de huppe, et le type est à crête penchée simple, avec dents bien accusées. Les oreillons et les barbillons sont rouges, et le camail descend jusqu'au bas du cou.

Le corps possède des formes arrondies solides et bien proportionnées. Le dos est long et large, la poitrine charnue et développée.

Les ailes sont portées bien serrées contre le corps. La queue est fermée et assez relevée.

Les tarses sont assez marbrés de rose et de noir. Il y a quatre doigts de même couleur munis d'ongles rosés ou noirs.

Le plumage est bien tranché, avec un cailloutis de noir brillant et de blanc net.

Les poids moyens sont de 3 kilogrammes à 3kg,500 chez les coqs adultes et de 2 kilogrammes à 2kg,250 chez les poules. La poule de Gournay est une race éminemment rustique, débrouillarde et vive. Elle est rarement malade et parcourt inlassablement prés, champs et guérets à la recherche de sa nourriture, ce qui rend son entretien économique pour les cultivateurs disposant de larges espaces. Elle ne craint pas les intempéries et vit le plus souvent dehors, jour et nuit.

Dans de nombreuses fermes normandes, elle ne rentre même pas la nuit au poulailler de toute la belle saison, ce qui, par contre, nécessite une recherche suivie des nids et des œufs dissimulés.

Avec un tel atavisme, les poussins ne manquent pas de vigueur. Si la mère s'en occupe bien, c'est, par contre, une très médiocre couveuse, et il est préférable d'avoir recours à des poules plus sédentaires pour faire couver les œufs.

Les poussins mangent de tout, mais profiteront d'autant plus vite qu'ils seront mieux nourris dans le jeune âge. C'est pourquoi l'achat d'un bon aliment complet « poussins » est toujours à conseiller pour le démarrage.

La ponte de la Gournay oscille autour de 170 œufs par an. Les œufs possèdent une coquille blanche assez solide et sont d'une bonne taille moyenne.

Les poulets de Gournay s'engraissent très facilement et, après une finition de trois-quatre semaines aux farineux et au lait écrémé, donnent, à cinq-six mois, des rôtis délectables pesant 2 kilogrammes à 2kg,200, à chair blanche et très fine.

La Gournay peut s'acclimater en parquets, mais ne s'épanouira qu'avec le régime de la liberté.

La Caumont est également une volaille très rustique, mais, contrairement à la race que nous avons précédemment étudiée, la poule est munie d'une crête en forme de feuille de vigne dentelée et d'une petite huppe retombant en arrière.

C'est la petite ville de Caumont-l'Éventée, dans le Calvados, qui lui a donné son nom, mais elle est connue en Normandie depuis longtemps et on l'appelle poule de la race de Saint-Louis dans l'Anjou et le Maine.

Les sujets sont actuellement difficiles à trouver, malgré les qualités dont elle a fait preuve depuis des siècles.

Le coq a l'allure vive avec une tête fine surmontée de la huppe et de la crête dont nous avons parlé. À noter que cette crête doit être bien rouge, ouverte et très dentelée et ne doit pas constituer un amas de chair quelconque.

L'œil est rouge orange. Les barbillons rouges et assez longs. Les oreillons sont blancs et gainés de peau fine brillante

L'animal donne une apparence de poids moyen, mais assez enlevé. Les formes Orpington et Sussex sont à proscrire. La poitrine et le dos sont assez larges.

La queue est munie de belles faucilles noir brillant, comme tout le reste du corps, car il n'y a dans la Caumont qu'une seule variété : la noire à reflets verdâtres. Les tarses ne sont pas emplumés et les pattes assez fortes sont munies de quatre doigts gris foncé avec des ongles noirs.

La poule présente les mêmes caractéristiques, mais possède une huppe un peu plus forte.

Les poids vont de 3kg,300 à 4 kilogrammes chez le coq et de 2kg,500 à 3kg,800 chez la poule.

La ponte varie de quelques œufs, suivant les familles, autour d'une moyenne annuelle de 160 unités.

La chair est de toute première qualité. La poule couve peu, mais bien, et élève bien ses poussins. C'est surtout une volaille extrêmement rustique, profitant sous les climats les plus heurtés et sachant admirablement trouver une partie de sa nourriture. À ce titre, elle peut intéresser un certain nombre d'agriculteurs des régions fraîches et humides qui n'ont pas le temps d'apporter à leurs volailles les soins que réclame l'entretien des races modernes perfectionnées.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°667 Septembre 1952 Page 553