Accueil  > Années 1952  > N°667 Septembre 1952  > Page 569 Tous droits réservés

Avions légers à réaction

Les présentations ou démonstrations d'avions légers à réaction, au cours des diverses manifestations aéronautiques qui se déroulèrent en France cet été, furent particulièrement goûtées des spectateurs. Et les pilotes français aux commandes de ces petits bolides se taillèrent le grand succès, tant à l'étranger qu'en France.

L'intérêt spectaculaire des figures acrobatiques réalisées par les appareils à réaction « Cyclope », « Sylphe », « Gémeaux » ou « Midjet » de course est certain. Mais les techniciens du monde entier découvrent les immenses possibilités offertes par les petites machines à réaction.

Brillante victoire française, morale et matérielle. Elle est le fruit d'une collaboration très étroite et très confiante entre les ingénieurs Szydiowski de la firme « Turboméca » et Mauboussin et Castel de la firme « Fouga ».

L'expérience des établissements Fouga en matière d'appareils légers à réaction remonte au 14 juillet 1949, date à laquelle vola le « Sylphe 1 », premier appareil léger à réaction au monde, doté d'un réacteur Turboméca « Piméné 1 » de 100 kilogrammes de poussée seulement.

Depuis cette date, les membres de la famille des Fouga : « Sylphe », « Cyclope », « Gémeaux » et « Midjet », ont réalisé des centaines d'heures de vol et ont été des bancs d'essai remarquables pour les réacteurs Turboméca « Piméné », « Palas », « Marboré » et « Aspin ». Aujourd'hui, grâce à cette lignée d'appareils, la France possédera plus grande expérience qui soit en matière d'appareils à réaction de petite puissance.

Les établissements Fouga ont été suivis par d'autres constructeurs puisque la S. I. P. A. poursuit les essais du biplace SIPA-200 à réacteur Turboméca « Palas ». Morane prépare le biplace d'entraînement à la chasse MS-755 doté de deux Turboméca « Marboré », et, en Italie, le Caproni F-5, propulsé par un Turboméca « Palas », a réalisé son premier vol le 20 mai 1952. Ajoutons qu'une des plus puissantes firmes américaines de moteurs à pistons a acquis les droits de licence pour la fabrication de certains réacteurs de Turboméca.

Mais Fouga conserve son avance et présente aujourd'hui le premier biplace d'entraînement militaire à réaction « économique ». Cet appareil est, certes, un avion militaire, mais déjà l'on se préoccupe d'en établir une version civile pour 4 à 6 passagers ; c'est pourquoi nous le présentons aujourd'hui à nos lecteurs.

Un bi-réacteur.

— L'étude du Fouga 170 R a été lancée au mois de mai 1951 dès la modification du marché d'État. La mise en fabrication de l'appareil a eu lieu en juillet 1951. Compte tenu des délais de construction prévus, certains éléments de voilure et d'empennage ont été confiés pour leur réalisation aux sociétés Latécoère et Bréguet. Treize mois après le lancement de l'étude et onze mois après la mise en fabrication, le Fouga 170 R était en mesure d'exécuter son premier vol sur le terrain de Mont-de-Marsan (Landes). Ces délais sont à souligner, puisqu'il s'agit d'un appareil entièrement nouveau, ce qui laisse à supposer tous les problèmes techniques qui durent être résolus.

Description.

— Le Fouga 170 R est un monoplan cantilever à aile médiane, biplace en tandem, doté de deux réacteurs Turboméca « Marboré II » développant au total 760 kilogrammes de poussée et noyés partiellement dans le fuselage. Comme tous les appareils à réaction Fouga, il possède un empennage papillon à deux éléments interchangeables faisant entre eux un angle de 110°. De construction entièrement métallique, le 170 R repose sur un train tricycle escamotable Messier à commande hydraulique. Les roues principales s'escamotent latéralement dans la voilure ; celle-ci est du type monolongeron à profil laminaire NACA. Le bord d'attaque est en flèche, alors que le bord de fuite est droit. Ces ailes sont dotées de volets hypersustentateurs, de volets de piqué et d'atterrissage. Le fuselage de section ovoïde renferme les réservoirs de carburant placés derrière la cabine.

L'appareil possède le coefficient acrobatique et peut recevoir des réservoirs auxiliaires placés sous les ailes ou à leur extrémité avec système d'alimentation pour le vol sur le dos.

L'armement comporte deux mitrailleuses, une ciné-mitrailleuse, des lance-bombes et des lance-rockets.

Équipé pour le P. S. V. et le vol de nuit, le Fouga 170 R comporte deux postes radio émetteurs-récepteurs V. H. F., un radio-compas et un interphone. De plus, pour faciliter la visibilité du pilote arrière, un périscope a été monté sur un arceau du cockpit.

Caractéristiques.
Envergure sans réservoir de bout d'aile.11,3 m.
Longueur9.80 —
Hauteur2,75 —
Surface portante1,73 m2.
Devis de poids.
Poids à vide1.800 kg.
Charge utilisable (mission d'entraînement)900 —
Poids total (mission d'entraînement)2.700 —
Charge alaire (mission d'entraînement)156 kg./m.
Charge au kilogramme de poussée (mission d'entraînement)3,55 kg./kgp.
Performances.
(Décollage au poids de 2.700 kg.)
Vitesse entre le sol et 9.000 m600/700 km./h.
Montée à 9.000 m18/20 mn.
Plafond pratique11.000/12.000 m.
Longueur de roulement au décollage500/600 m.

Avion militaire, je m'excuse de le répéter. Hélas ! nous devons avoir encore des préoccupations de ce genre. Mais avion qui, dans sa version civile, sera l'avion à réaction économique pour les liaisons postales ultra-rapides, l'avion des vedettes, des chanteurs et acteurs en vogue, pour leurs fréquents déplacements d'affaires, à 600 kilomètres à l'heure, avec un pilote confirmé ... L'avion français, enfin, qui sert déjà de base à l'élaboration de plusieurs études de prototypes similaires dans les bureaux d'études des nations au potentiel aérien puissant.

Maurice DESSAGNE.

Le Chasseur Français N°667 Septembre 1952 Page 569