Le menu du héron pourpré.
— J'ai tué, cette année, en fin de saison, un superbe
héron pourpré ; l'ayant vidé avant de l'expédier au naturaliste, j'ai été
surpris de ne trouver dans son estomac que de petits lézards gris, aucune trace
de poisson ou grenouille. J'ai d'ailleurs levé cet oiseau, ainsi que deux de
ses congénères, dans une lande de bruyère, éloignée de tout cours d'eau, où ils
pouvaient se ravitailler tout à leur aise.
M. P., abonné.
Pie-grièche contre paysan.
— M. Peinaud Louis, cultivateur à Aubière
(Puy-de-Dôme), se rendait chaque matin à son jardin. Quelle ne fut pas sa
surprise, au cours du mois de juin 1951, d'être attaqué trois fois consécutives
par un oiseau qu'il ne reconnut pas tout d'abord tant l'assaillant était
rapide. La fois suivante, il identifia une pie-grièche qui avait élu domicile
dans un pommier creux afin d'y élever sa progéniture. L'instinct maternel de
défense était, certes, mis à l'épreuve, car la proie était grosse.
A. PEINAUD.
La louveterie.
— J'ai reçu la lettre suivante d'une personnalité
cynégétique et canine particulièrement autorisée.
« À la suite de votre article paru dans le numéro du Chasseur
Français de février 1952, sous ce titre « La Louveterie française »,
je me permets de vous signaler que cette belle institution est vouée, malgré
tout son passé de dévouement désintéressé, à des brimades et des menaces
inexplicables de la part de l'Administration (avec un grand A), notamment dans
certains départements de l'Ouest.
» En effet, les lieutenants de Louveterie de cette
région viennent de recevoir une circulaire impérative des Eaux et Forêts leur
interdisant pratiquement de chasser en période de fermeture pour détruire les
nuisibles, qui causent, cependant, d'importants dommages — surtout les
renards. Pour que les louvetiers puissent chasser, cette circulaire prévoit que
les battues ne pourront s'effectuer :
» 1 ° Que si le propriétaire du terrain dispose d'une
autorisation régulière de destruction d'animaux nuisibles au jour dit ;
» 2° Que, sur des terrains dépendant de sociétés de
chasse communales ou même appartenant à divers propriétaires, les lieutenants
de Louveterie ne pourront chasser sans qu'aucune battue ait été ordonnée, soit
dans le cadre municipal, soit par le préfet en cas de battues administratives.
« Cette circulaire se termine par ces deux paragraphes
que je livre à vos réflexions :
« ... La situation délictueuse que vous
pourriez créer si, faisant état de votre titre de lieutenant de Louveterie,
vous preniez la responsabilité d'organiser, dans ou hors de votre
circonscription, des opérations de destruction d'animaux nuisibles non
ordonnées régulièrement.
» En effet, de telles opérations seraient qualifiées de
« chasse en temps prohibé » et devraient être poursuivies comme
telles. »
» je suis d'autant plus libre pour vous signaler ces
faits que je ne suis pas personnellement lieutenant de Louveterie et me demande
si ces mesures sont uniformes dans tous les départements. J'en doute !
Pour moi, je pense que, si ces mesures devaient se généraliser, ou même être
rapportées dans les départements où elles sont en vigueur, la Louveterie
française n'a plus qu'à disparaître et, avec elle, toutes nos belles races de
chiens courants, spécialisés et créancés dans une voie déterminée !
» Vous avez, monsieur, présenté au public, grâce aux
colonnes du Chasseur Français, la Louveterie française. Ne pourriez-vous
pas tenter de la défendre, de la sauver peut-être !
» Veuillez agréer, etc. ... »
J'ai recopié sans aucune modification. Le public jugera,
appréciera.
J. D ...
Un renard dans un hangar agricole.
— Le fait s'est passé dans un village du haut Doubs, où
la couche de neige atteignait 1m,50. Les renards, assez abondants au
pays, approchent souvent, pendant la nuit, les maisons d'habitation, pour
essayer d'y trouver quelque nourriture. Les chasseurs leur jettent quelques
appâts non loin de la maison et font parfois le guet, pendant la nuit, pour les
tuer.
Or, un matin, M. Cordier s'aperçoit, en observant les
pistes, qu'un renard est venu, pendant la nuit, manger à l'appât et n'est pas
retourné du côté de la forêt ; il vit bientôt que les pas se dirigeaient
vers le hangar agricole situé à quelques mètres de la maison d'habitation. Le
renard était là, attendant sans doute la nuit suivante pour retourner manger,
ce qui lui évitait la marche difficile dans la neige abondante. M. Cordier prit
aussitôt son fusil et se posta à l'entrée du hangar, tandis que son fils, armé
d'un bâton, faisait du bruit pour essayer de faire sortir l'animal. Peine
perdue, car le renard, sentant sans doute le danger, se blottissait dans un
coin. Il fallut avoir recours au chien de la maison, un berger de forte taille,
qui s'introduisit dans le hangar et ne tarda pas à découvrir l'animal. Une
lutte furieuse s'engagea aussitôt et, quelques minutes après, le renard était
étranglé par le chien.
Oiseaux familiers.
— Dans la boîte aux lettres, sur une barrière en bois,
au bord du chemin, à 1m,40 de hauteur, un couple de rossignols a
établi son nid ; il y avait récemment six œufs que les parents couvaient à
tour de rôle sans se préoccuper des nombreux passants et du chien bruyant qui
garde la propriété.
Chez moi, dans une dépendance où je gare ma moto, j'ai eu la
surprise, en décrochant un panier de pêche, de trouver à l'intérieur de
celui-ci un nid entièrement confectionné en mousse, en forme de boule, avec au
sommet une ouverture ronde de la largeur d'une pièce de 5 francs. Toutefois,
depuis que j'ai touché au panier, le nid est resté abandonné. Rossignol ou
roitelet ? Ces deux oiseaux avaient été aperçus à plusieurs reprises aux
alentours de cette dépendance.
E. DRILLAUD, abonné.
Fédération des chasseurs de la Loire-Inférieure.
— Lors de sa dernière assemblée générale, la fédération
a adopté les vœux suivants :
1° Répression plus énergique par les tribunaux des délits de
chasse et de divagation de chiens et, en particulier, par les tribunaux de Nantes
et de Châteaubriant, qui font preuve d'une faiblesse excessive.
2° Suppression de l'impôt sur les chasses gardées et de
l'article 42 bis du statut du fermage et de son projet de
modification.
3° Prohibition de l'emploi pour la chasse de chiens de
bergers et, en particulier, des bergers allemands ou bâtards issus de ces
derniers, qui, en raison de leur vigueur, peuvent être assimilés aux chiens
lévriers que la loi de 1844 interdit dans son article 9.
4° Pas de prolongation sans accord de la Fédération de la
chasse aux lapins, qui ne sera accordée qu'après enquête sur son opportunité
dans les bois et landiers de plus de 3 ha. où il sera constaté un
surnombre de lapins.
5° a. Que le Conseil supérieur de la chasse étudie
les amendements nécessaires au rajeunissement de certains articles de la loi de
police de 1844, notamment en ce qui concerne la fermeture totale d'un gibier,
la visite des carniers et des automobiles, le furetage, l'organisation de la
chasse sur les terrains où elle n'y est pas (chasse banale) ;
b. Que le permis de chasse départemental et général
soit remplacé par un permis unique et soit délivré selon la méthode pratiquée
antérieurement ;
c. Que son prix n'excède pas 2.100 francs et qu'il
soit divisé en trois parts égales revenant respectivement : à l'État, à la
commune et aux organisations de chasse ;
d. Que toutes chasses pratiquées avec filet soient
supprimées, que les autorisations de pratiquer ces chasses proviennent de
privilège ou de tolérance. Ce vœu vise notamment les pêcheries de canards et
d'oiseaux d'eau, ainsi que les filets à vanneaux, alouettes, tourterelles,
palombes, etc. ;
e. Que M. le ministre de la Justice demande à
MM. les procureurs généraux de prendre des réquisitions tendant à exclure du
bénéfice de la loi du 1er février 1951 tous les délits de
chasse graves, notamment chasses de nuit, chasses en temps prohibé ou avec
engins prohibés ;
f. Que la chasse au gibier d'eau soit ouverte le 14 juillet
ou le premier dimanche d'après, avec maintien de la tolérance de chasser des
rives des fleuves, rivières, étangs et marais non asséchés.
6° Classement du lac de Grand-Lieu comme « site »
ne devant pas être asséché ni aménagé (sans toutefois s'opposer à une
irrigation normale), ce qui est prétexte d'assèchement, cette étendue d'eau
étant une station ornithologique de premier ordre, escale des oiseaux
migrateurs venant du Grand Nord et réservoir de gibier pour les départements de
l'Ouest de la France.
7° Projet de fixation des dates d'ouverture des différents
gibiers dans le département :
Générale : 21 septembre ; faisans : 21 septembre ;
chevreuils : 1er novembre ; gibier d'eau : 14 juillet.
Fermeture :
Perdrix : 7 décembre ; générale : 4 janvier ;
cols-verts : 15 février ; gibier d'eau : 31 mars ;
bécasses : 31 mars à la croule ou à la requette, mais dans les bois
de plus de 5 ha.
L'œdicnème criard.
— À la suite de l'entrefilet publié en mai sous le
titre « Un gibier qui disparaît », nous avons reçu un certain nombre
de lettres très intéressantes, dont nous remercions les auteurs en nous
excusant de ne pouvoir les publier intégralement.
M. H. B …, abonné de Poitiers, nous signale
que l'œdicnème criard, connu dans sa région sous le nom de courlis, est
toujours nombreux dans les terres incultes et caillouteuses de la Vienne, où il
niche. Maigre gibier, il n'est jamais ou très rarement tiré. M. H. B ...
a trouvé dans le jabot d'un jeune oiseau tué à l'ouverture 1947 deux mulots
adultes.
M. Guillernimet, à Saint-Cloud-d'Algérie (Oran) :
l'oiseau, que nous appelons ici courlis, existe toujours en même quantité. Mais
personne ne le chasse, car sa valeur culinaire n'intéresse pas.
M. Simon a vu plusieurs œdicnèmes en avril 1952, dans
l'Indre, près de Buzançais ; ils se rencontrent encore fréquemment dans le
Centre de la France. Ils affectionnent les grandes plaines, où leur sauvagerie
rend leur approche difficile.
M. Seignon, à Aurel (Vaucluse), signale que l'œdicnème
se fait de plus en plus rare dans sa région ; on le rencontre encore sur
les plateaux du haut Vaucluse et dans la Drôme.
M. A. Ressigeac, à Montauban, constate des
passages réguliers en octobre, en même temps que la palombe et l'outarde
canepetière. Cet oiseau est plus rare qu'autrefois et se cantonne dans les
grandes plaines.
Il semble par contre que l'œdicnème ait complètement disparu
d'autres contrées. C'est ce que déplorent notamment M. Leroy, dans l'Eure,
où ses couverts de prédilection ont disparu, M. Roland Guérin, de Beaugy
(Nièvre), qui situe leur disparition entre 1922 et 1925, et M. Desbat, de
Mirande (Gers), où il est presque inconnu à l'heure actuelle.
Buse contre lièvre.
— Au printemps dernier, M. Guéry, du village des
Gardes, commune de Montel-de-Gelad, vit à plusieurs reprises une énorme buse
s'abattre subitement sur un trèfle en herbe et une forme roussâtre se défendre
par des bonds importants. Surpris, M. Guéry s'approcha, chassa la buse et
découvrit maître Capucin bien au gîte. Ce dernier détala sans demander son
reste.
A. PEINAUD.
Un blaireau féroce.
— J'avais envoyé récemment mon fils, âgé de quatorze
ans, puiser de l'eau dans une pâture à 600 mètres de la ferme. Le garçon, monté
sur son vélo, fit une chute en cours de route ; il se releva sans mal,
mais ne fut pas peu surpris de voir une bête brun grisâtre foncer sur lui,
grondant et montrant les dents. Laissant le vélo sur place, mon fils prit la
fuite, talonné par la bête, escalada une clôture et courut en direction d'une baraque
pour y chercher refuge ; mais, toujours poursuivi, il dut faire plusieurs
fois le tour de la cabane, la bête à ses trousses. Il réussit enfin à ramasser
un gros bâton et à en assener un grand coup sur le crâne de l'animal. Il ne
réussit qu'à accroître sa fureur, et une lutte acharnée s'engagea jusqu'à ce
que la bête fût enfin complètement assommée.
Il s'agissait d'un blaireau mâle, âgé d'un an environ et qui
pesait 16 livres. De mémoire de chasseur, je n'ai eu l'écho de semblable esprit
de combativité de la part d'un blaireau.
Jean MATHIS, président de chasse, à Éhuns-Visoncourt (H.-Saône).
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