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Plantons de l'ail en automne

En raison de sa rusticité, l'ail peut fort bien être planté en automne, et les rendements obtenus, tant en quantité qu'en qualité, sont excellents.

Exigences de cette culture.

— L'ail exige :

    Au point de vue sol : une terre perméable, saine, tendant à la légèreté, dont le type est argilo-siliceux ; en sol humide et compact, mieux vaut attendre le printemps ;

    Au point de vue climat : l'ail, très rustique, résiste fort bien au froid, il pousse sous tous les climats de France, mais il redoute l'humidité ;

    Au point de vue engrais : c'est une plante peu épuisante ; elle redoute les fumures fraîches, trop récentes, qui entraînent la pourriture des caïeux, par provocation de la maladie dite de la graisse (s'applique à toutes les liliacées) ; elle vient donc bien dans une parcelle ayant porté des légumes voraces, tels les épinards, les navets, etc. ...

Pratique de cette culture.

Préparation du sol.

— On pourra se contenter d'utiliser un carré du jardin fumé depuis quelque temps, d'un ou deux ans au moins ; on bêchera soigneusement, ameublira et égalisera au râteau.

En raison de l'avidité de cette plante pour la potasse, on pourra apporter au sol la formule suivante (à l'are) :

Superphosphate de chaux5kg.
Scories de déphosphoration6
Sulfate de potasse1
ou soufre en fleur1
Chlorure de potassium1

Ce dernier empêche le développement de la graisse et évite la pourriture.

Variétés conseillées.

— Il est recommandé d'employer :

- l’ail commun ou ail blanc, très rustique, à bon rendement, qui possède beaucoup de goût et d'odeur ;

- l'ail rose, sous-variété du précédent, plus hâtif et de bonne résistance à l'humidité.

Plantation.

— L'ail se reproduit exclusivement par caïeux ou gousses : on compte 38 caïeux au mètre carré et environ 300 têtes à l'are.

On utilisera uniquement les caïeux du pourtour ; ce sont les mieux développés, les plus résistants à la gelée et à l'humidité, les plus fertiles.

On tracera des lignes ou rayons espacés de 15 à 20 centimètres et peu profonds : 2 à 3 centimètres. Sur chaque ligne, on plantera les caïeux, la pointe en haut, à intervalles de 10 à 15 centimètres, à l'aide de la main simplement, en veillant que les gousses reposent bien sur le fond du sillon, et on recouvrira légèrement.

Soins d'entretien.

    a. On visitera la plantation ainsi effectuée de temps à autre, car il arrive fréquemment que les alternatives de gel et de dégel ou les lombrics fassent sortir de terre ou déplacent les caïeux : il suffira alors de les remettre en terre ;

    b. On procédera, dès le printemps venu, aux binages et sarclages nécessaires et répétés. Lors du premier binage, si l'année n'est pas trop humide, on procédera à l'épandage, entre les lignes, de nitrate de soude (1 kilogramme à l'are épandu à deux reprises) : la végétation recevra un véritable « coup de fouet » et démarrera plus rapidement. Mais on s'abstiendra de tout épandage de cet engrais en année humide et au moins quatre à six semaines avant la récolte : on augmenterait les risques de pourriture et on nuirait à une bonne conservation.

Quand la plante a atteint les deux tiers de sa venue, on procède ordinairement (vers la fin juin) à l'opération, d'ailleurs contestée, qui consiste à nouer les tiges d'ail en vue de favoriser le grossissement des bulbes.

Si l'année est humide, que la maturité s'accomplit mal, si on a planté trop épais, nous conseillons vivement de nouer les tiges d'ail.

Si l'année est sèche et si la maturité se fait naturellement et normalement, l'opération se révèle inutile. Mais, dans tous les cas, il sera bon de déchausser les têtes quelques semaines avant de procéder à l'arrachage en vue d'assurer une bonne conservation par suite d'une certaine quantité d'eau qui s'en va.

Récolte et conservation.

— Dès que les tiges jaunissent, se fanent, on peut procéder à l'arrachage ; on évitera de les tirer à la main, la bêche à fourche facilitera l'opération. On laissera sécher au soleil un ou deux jours (les retourner), enlever la terre, couper aux ciseaux les racines et le haut des tiges fanées, et rentrer à l'abri en bottes ou en chapelets en suspendant au grenier ou dans tout local sain, bien aéré. La rusticité de l'ail n'exige aucune protection spéciale en hiver.

Parasitologie de l'ail.

Insectes nuisibles.

— La teigne de l'ail attaque les feuilles — comme dans le cas du poireau — en les décapant longitudinalement, et la plante dépérit sous l'attaque de cette petite chenille verdâtre.

On remédie en coupant et en brûlant les feuilles, on pulvérisera à la roténone ou au D. D. T. On évitera toute culture de liliacées (ail, poireau, oignons) pendant deux ou trois ans.

— L'anthomie de l'oignon : la mouche pond en mai-juin-juillet et les larves creusent leurs galeries dans les bulbes et provoquent la pourriture.

On peut tenter d'éviter la ponte à l'aide de la naphtaline brute (2 kilogrammes à l'are) ; les pieds attaqués seront arrachés et brûlés.

— Le Brachycerus algirus est un charançon de 5 à 7 millimètres, couleur de terre, granuleux, qui pond dans les feuilles, et les larves blanchâtres attaquent les bulbes, se logent dans une cavité et deviennent insecte parfait.

On arrachera et brûlera les pieds atteints et on évitera toute culture de liliacées pendant trois ou quatre années.

Maladies.

— La rouille, due à un Puccinia comme dans le cas du poireau, détermine sur les feuilles et les bulbes des taches jaunes entraînant le dessèchement et le dépérissement.

On préviendra cette maladie par une bouillie cuprique (oxychlorure de cuivre à 1 p. 100).

La pourriture, ou gras, ou graisse : le feuillage jaunit (avant la maturité) et les bulbes se décomposent et pourrissent. On luttera contre cette maladie :

    a En agissant sur le terrain : éviter de planter en sol frais, humide, trop riche en humus, et employer des engrais minéraux (phosphates, chlorure de potassium) ;

    b En évitant de planter les caïeux du pourtour, en utilisant des bulbes sains et en respectant un assolement correct.

Remarques pratiques.

1° Comme l'ail a été planté en sol non fumé, on n'oubliera pas la nécessité de fumer pour les cultures à venir ;

2° On évitera de cultiver à la suite ou à la même place que l'ail pendant deux ou trois années une plante de la même famille (liliacées : poireau, oignon) pour éviter tous mécomptes.

BOILEAU.

Le Chasseur Français N°668 Octobre 1952 Page 610