En raison de sa rusticité, l'ail peut fort bien être planté
en automne, et les rendements obtenus, tant en quantité qu'en qualité, sont
excellents.
Exigences de cette culture.
— L'ail exige :
1° Au point de vue sol : une terre perméable,
saine, tendant à la légèreté, dont le type est argilo-siliceux ; en sol
humide et compact, mieux vaut attendre le printemps ;
2° Au point de vue climat : l'ail, très
rustique, résiste fort bien au froid, il pousse sous tous les climats de
France, mais il redoute l'humidité ;
3° Au point de vue engrais : c'est une plante
peu épuisante ; elle redoute les fumures fraîches, trop récentes, qui
entraînent la pourriture des caïeux, par provocation de la maladie dite de la
graisse (s'applique à toutes les liliacées) ; elle vient donc bien dans
une parcelle ayant porté des légumes voraces, tels les épinards, les navets,
etc. ...
Pratique de cette culture.
1° Préparation du sol.
— On pourra se contenter d'utiliser un carré du jardin
fumé depuis quelque temps, d'un ou deux ans au moins ; on bêchera
soigneusement, ameublira et égalisera au râteau.
En raison de l'avidité de cette plante pour la potasse, on
pourra apporter au sol la formule suivante (à l'are) :
Superphosphate de chaux | 5 | kg. |
Scories de déphosphoration | 6 | — |
Sulfate de potasse | 1 | — |
ou soufre en fleur | 1 | — |
Chlorure de potassium | 1 | — |
Ce dernier empêche le développement de la graisse et évite
la pourriture.
2° Variétés conseillées.
— Il est recommandé d'employer :
- l’ail commun ou ail blanc, très rustique, à
bon rendement, qui possède beaucoup de goût et d'odeur ;
- l'ail rose, sous-variété du précédent, plus
hâtif et de bonne résistance à l'humidité.
3° Plantation.
— L'ail se reproduit exclusivement par caïeux ou
gousses : on compte 38 caïeux au mètre carré et environ 300 têtes à l'are.
On utilisera uniquement les caïeux du pourtour ; ce
sont les mieux développés, les plus résistants à la gelée et à l'humidité, les
plus fertiles.
On tracera des lignes ou rayons espacés de 15 à 20 centimètres et peu profonds : 2 à 3 centimètres. Sur chaque ligne, on plantera les caïeux, la pointe en haut, à intervalles de 10 à 15 centimètres, à l'aide de la main simplement, en veillant que les gousses reposent bien sur le fond
du sillon, et on recouvrira légèrement.
4° Soins d'entretien.
a. On visitera la plantation ainsi effectuée de temps
à autre, car il arrive fréquemment que les alternatives de gel et de dégel ou
les lombrics fassent sortir de terre ou déplacent les caïeux : il suffira
alors de les remettre en terre ;
b. On procédera, dès le printemps venu, aux binages
et sarclages nécessaires et répétés. Lors du premier binage, si l'année n'est
pas trop humide, on procédera à l'épandage, entre les lignes, de nitrate de
soude (1 kilogramme à l'are épandu à deux reprises) : la végétation
recevra un véritable « coup de fouet » et démarrera plus rapidement.
Mais on s'abstiendra de tout épandage de cet engrais en année humide et au
moins quatre à six semaines avant la récolte : on augmenterait les risques
de pourriture et on nuirait à une bonne conservation.
Quand la plante a atteint les deux tiers de sa venue, on
procède ordinairement (vers la fin juin) à l'opération, d'ailleurs contestée,
qui consiste à nouer les tiges d'ail en vue de favoriser le grossissement des
bulbes.
Si l'année est humide, que la maturité s'accomplit mal, si
on a planté trop épais, nous conseillons vivement de nouer les tiges d'ail.
Si l'année est sèche et si la maturité se fait naturellement
et normalement, l'opération se révèle inutile. Mais, dans tous les cas, il sera
bon de déchausser les têtes quelques semaines avant de procéder à l'arrachage
en vue d'assurer une bonne conservation par suite d'une certaine quantité d'eau
qui s'en va.
Récolte et conservation.
— Dès que les tiges jaunissent, se fanent, on peut procéder
à l'arrachage ; on évitera de les tirer à la main, la bêche à fourche
facilitera l'opération. On laissera sécher au soleil un ou deux jours (les
retourner), enlever la terre, couper aux ciseaux les racines et le haut des
tiges fanées, et rentrer à l'abri en bottes ou en chapelets en suspendant au
grenier ou dans tout local sain, bien aéré. La rusticité de l'ail n'exige
aucune protection spéciale en hiver.
Parasitologie de l'ail.
1° Insectes nuisibles.
— La teigne de l'ail attaque les feuilles — comme
dans le cas du poireau — en les décapant longitudinalement, et la plante
dépérit sous l'attaque de cette petite chenille verdâtre.
On remédie en coupant et en brûlant les feuilles, on
pulvérisera à la roténone ou au D. D. T. On évitera toute culture de
liliacées (ail, poireau, oignons) pendant deux ou trois ans.
— L'anthomie de l'oignon : la mouche pond
en mai-juin-juillet et les larves creusent leurs galeries dans les bulbes et
provoquent la pourriture.
On peut tenter d'éviter la ponte à l'aide de la naphtaline
brute (2 kilogrammes à l'are) ; les pieds attaqués seront arrachés et
brûlés.
— Le Brachycerus algirus est un charançon de 5 à
7 millimètres, couleur de terre, granuleux, qui pond dans les feuilles, et les
larves blanchâtres attaquent les bulbes, se logent dans une cavité et
deviennent insecte parfait.
On arrachera et brûlera les pieds atteints et on évitera
toute culture de liliacées pendant trois ou quatre années.
2° Maladies.
— La rouille, due à un Puccinia comme dans
le cas du poireau, détermine sur les feuilles et les bulbes des taches jaunes
entraînant le dessèchement et le dépérissement.
On préviendra cette maladie par une bouillie cuprique
(oxychlorure de cuivre à 1 p. 100).
La pourriture, ou gras, ou graisse :
le feuillage jaunit (avant la maturité) et les bulbes se décomposent et
pourrissent. On luttera contre cette maladie :
a En agissant sur le terrain : éviter de planter
en sol frais, humide, trop riche en humus, et employer des engrais minéraux
(phosphates, chlorure de potassium) ;
b En évitant de planter les caïeux du pourtour, en
utilisant des bulbes sains et en respectant un assolement correct.
Remarques pratiques.
1° Comme l'ail a été planté en sol non fumé, on n'oubliera
pas la nécessité de fumer pour les cultures à venir ;
2° On évitera de cultiver à la suite ou à la même place que
l'ail pendant deux ou trois années une plante de la même famille (liliacées :
poireau, oignon) pour éviter tous mécomptes.
BOILEAU.
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