Il est très intéressant pour l'éleveur de pouvoir
différencier le sexe des poussins dès la naissance. L'éleveur professionnel
saura ainsi le nombre exact des poulettes et des coquelets dont il dispose et,
selon qu'il pratique la ponte ou l'élevage en batterie des coquelets, il pourra
leur donner, dès le début de leur existence, les soins appropriés.
L'aviculteur amateur, le fermier, connaissant dès l'éclosion
le nombre de poulettes qu'il possède, pourra, s'il estime ce nombre
insuffisant, recommencer tout de suite une incubation sans avoir besoin
d'attendre les quelques semaines indispensables pour la distinction des sexes.
Il y a trois méthodes principales permettant le sexage à la
naissance ; ce sont :
- la méthode d'observation directe, dite méthode japonaise ;
- les croisements différentiels ;
- l'élevage d'une race auto-sexable.
Nous allons les examiner rapidement.
1° Méthode japonaise.
— Ainsi appelée parce que sa technique a été mise au
point par les Japonais, elle exige un entraînement considérable et n'est
pratiquée en réalité que par des professionnels. Ces derniers arrivent par
simple examen visuel du cloaque à déterminer le sexe à la naissance. Les sexeurs
entraînés arrivent à trier plusieurs centaines de poussins à l'heure avec un
pourcentage d'erreur allant de 3 à 8 p. 100, suivant l'habileté de
l'opérateur.
Il y a déjà, et ceci depuis plusieurs années, des grands
élevages français qui s'assurent les services d'un trieur professionnel et qui
peuvent ainsi vendre les poussins à la clientèle en leur livrant au choix
coquelets ou poulettes.
2° Les croisements différentiels.
— Ils peuvent être pratiqués très simplement par tout
le monde. Il s'agit de constituer des parquets formés de sujets de race pure,
mais de couleurs opposées.
C'est ainsi qu'un parquet constitué par des poules Leghorn,
Wyandotte ou Gâtinaises (blanches), croisées avec des coqs Rhode-IsIand
(rouges), donnera des poussins qui seront revêtus d'un duvet foncé chez les
poulettes et blanc chez les coquelets.
L'inverse, c'est-à-dire poules Rhode par coqs Leghorn,
Gâtinais ou Wyandotte, donnerait des poussins poulettes à duvet blanc et des
poussins mâles à duvet foncé.
Mais il ne faut plus utiliser les issus dans le même but. Il
est indispensable de partir toujours avec des sujets de races pures bien
marqués au point de vue couleur.
3° Les races auto-sexables.
— Il y a une vingtaine d'années, d'éminents aviculteurs
anglais, experts en génétique, essayèrent de créer des races pures qui
produiraient elles-mêmes directement, et de façon fidèle, des poussins dont on
pourrait déterminer le sexe dès l'éclosion par simple couleur différente du
duvet, comme dans la méthode précédente, mais sans avoir besoin de croiser deux
races différentes.
Ils y sont parvenus, et, comme ils sont partis avec les
meilleures souches connues au point de vue ponte, on voit fréquemment, surtout
en Angleterre, ces races composées et maintenant fixées se classer à égalité,
dans les concours de ponte, avec les races les plus réputées comme pondeuses.
Certaines de ces races auto-sexables inclinent vers la race
légère (poules adultes de 2kg,500), d'autres se rapprochent des
races lourdes avec des poids de 3 kilogrammes pour les poules et de 3 à 4
kilogrammes pour les coqs.
La race auto-sexable la plus intéressante et la plus
répandue en France est actuellement la « Legbar dorée ». Issue à
l'origine du croisement Plymouth-Rock par Leghorn dorée, la poule Legbar
ressemble à une Leghorn dorée de forte taille, et le coq possède un plumage
barré gris et blanc avec le camail, les lancettes et les épaules dorés.
Les poids sont de 2kg,300 à 2kg,900
pour la poule et de 2kg,700 à 3kg,500 pour le coq. Les
poulets de 1kg,300 à 1kg,600 sont obtenus en douze
semaines. Le corps est bien rond, la qualité de chair est très bonne, mais il
faut toutefois signaler que la couleur paille des tarses et de la peau, bien
que peu accentuée, est susceptible de nuire à la vente dans certaines régions
de France, où le consommateur préfère les poulets à pattes et peau très
blanches.
La Legbar est une grande pondeuse. Les moyennes de 200 œufs
sont courantes, avec une ponte hivernale de 65 p. 100 de moyenne ;
les œufs sont blancs et pèsent de 60 à 75 grammes.
La poule couve très peu. Le poussin est doué d'une très
grande vitalité ; il s'emplume bien et se classe parmi les plus résistants
aux maladies. La croissance est rapide et les jeunes sont d'une vigueur
remarquable en toutes saisons. La Legbar s'accommode de la liberté et de la
claustration.
En résumé, c'est une excellente acquisition pour
l'aviculture, et son élevage mérite d'être diffusé davantage.
M. GARETTA,
Expert avicole agréé près les tribunaux.
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