Les vacances terminées et les beaux jours devenant plus
rares, certains automobilistes, sentant l'hiver proche, songent à faire
hiverner leur véhicule dans les meilleures conditions. C'est la mise en garage
mort pour plusieurs mois. Il ne suffit pas, si l'on veut éviter de désagréables
surprises, de faire entrer la voiture au garage et de fermer la porte à clé. La
mise au repos, pour une longue période, entraîne des précautions particulières.
En premier lieu, le local doit être propre, sec, bien aéré,
exempt d'infiltrations d'eau et surtout sombre. Le capitonnage, la peinture, le
caoutchouc, le métal, laissés à eux-mêmes, ne peuvent supporter l'oisiveté
longtemps sans dégâts.
À tout seigneur tout honneur : le moteur. On commencera
par vidanger l'eau du système de refroidissement en ouvrant le robinet situé
sous le radiateur, ainsi que le bouchon vissé sur le côté du moteur et servant
à vidanger les parties basses des chambres d'eau. On profitera de cette
occasion pour bien détartrer l'ensemble du système de refroidissement. Si l'on
se contente d'une vidange pure et simple, le dépôt non évacué de tartre, terre
de fonderie, graisse, formant un véritable mastic, risque de se solidifier
contre les parois, durant l'inaction de la voiture, entraînant pour l'avenir une
perte d'efficacité de refroidissement. On utilisera à cet effet les produits de
nettoyage que l'on trouve dans le commerce. La potasse classique pourra être
employée si l'encrassement du système n'est pas excessif. Quoi qu'il en soit,
il importe, le produit employé, de vidanger à grande eau, plusieurs fois de
suite, en laissant tourner le moteur au ralenti.
La batterie sera débranchée et enlevée. Le mieux est de la
donner en garde à un garagiste qui l'entretiendra en bon état. À défaut, et si
l'on possède un chargeur d'accus, on pourra la conserver au garage ou chez soi
en vérifiant de temps en temps la densité de l'électrolyte à l'aide du
pèse-acide, une fois par mois par exemple ; par la même occasion, on
rechargera la batterie à bloc afin d'obtenir la densité minimum de 1,28. Ne
jamais laisser baisser la densité au-dessous de 1,20. On procédera à la
vérification du niveau de l'eau dans les bacs avant de procéder à la charge.
On vidangera le moteur de son huile usagée, en laissant bien
l'huile s'égoutter. On fera le plein avec une huile de rinçage très fluide que
l'on trouve partout, et l'on vidangera à nouveau. L'huile ancienne est toujours
acide, plus ou moins, et a tendance à corroder les pièces métalliques. On
tournera le moteur à la manivelle après avoir retiré les bougies afin que
l'huile de rinçage évacue les canalisations et la pompe à huile. Enfin, on fera
le plein avec l'huile habituelle. Celle-ci servira pour la prochaine remise en
route. Même opération de vidange en ce qui concerne le réservoir, la pompe à
essence et les canalisations. Quelques tours de manivelle assureront
l'évacuation cherchée. L'essence, surtout si elle est alcoolisée, attaque, à la
longue, les revêtements internes des réservoirs et le métal du carburateur et
de la pompe. Mieux, en s'évaporant, elle donne naissance à des dépôts gommeux
qui viennent obstruer tuyaux et orifices de faible diamètre.
L'intérieur du moteur, savoir : pistons, segments,
parois du cylindre, soupapes, rampes des culbuteurs, mérite une attention
particulière. Les pièces qui seront longtemps au repos ne doivent pas « gommer »,
ce qui aurait pour effet de rendre très difficile la remise en marche. Pour les
queues de soupapes, rampe de culbuteurs, on enlèvera le couvercle supérieur du
moteur et l'on huilera abondamment à l'aide d'huile de vaseline très fluide ou
encore d'huile de lard, celle-ci possédant l'avantage de ne pas s'évaporer et
de bien protéger les pièces ainsi traitées. En fait, après démontage des
bougies, on versera le contenu d'un dé à coudre d'huile de lard dans chaque
cylindre. On tournera le moteur quelques tours à la manivelle afin de bien
répandre l'huile sur les parois internes des cylindres, segments et pistons.
Ces quelques précautions rendront les départs prochains très
faciles, départs toujours laborieux après une longue période de repos. On
complétera l'hivernage du moteur en enlevant la courroie du ventilateur et en
laissant tomber une goutte d'huile sur le rotor du distributeur, qui a toujours
tendance à rouiller, et dans chaque huileur qu'on rencontrera : dynamo,
démarreur, butée d'embrayage, etc. Pont et boîte de vitesses ne demandent pas
de soins particuliers. On veillera à ce que le frein à main soit desserré, et
il sera sage de caler la pédale d'embrayage dans sa position légèrement ouverte
à l'aide d'une cale, entre pédale et siège, de façon que les disques ne restent
pas en contact.
C'est la peinture qui sera maintenant l'objet de tous nos
soucis. La première chose à faire est de procéder à un lavage soigné. On
utilisera avec fruit les différents shampooings que le commerce met à votre
disposition et dont l'efficacité contre les taches de graisse est indiscutable.
On encaustiquera la caisse et les ailes. Cette opération n'a pas pour but de
donner un bel éclat à la peinture, mais plutôt d'enduire de cire toutes les
rayures ou fissures imperceptibles par où l'humidité risque d'oxyder la tôle.
Bien nettoyer les parties chromées à l'essence et les recouvrir d'un corps gras :
encaustique, vaseline, graisse. Attention : durant tout ce travail, éviter
d'étendre le lubrifiant sur toutes les pièces en caoutchouc : tampons,
butées, joints, etc., l'huile ramollissant rapidement le caoutchouc. Il existe
d'ailleurs des peintures spéciales pour l'entretien et la conservation de cette
matière si courante dans la construction automobile.
Démontez les pneus et empilez-les dans un endroit frais,
bien aéré et sombre, isolés du sol à l'aide d'une planche de bois épaisse.
Introduisez au préalable chaque chambre dans son enveloppe respective, répandez
abondamment du talc entre elles et gonflez ensuite légèrement. Les tapis
caoutchouc seront aussi traités au talc.
Bien que les garnitures, capitonnages, coussins soient le
plus souvent prévus en tissus antimites, il ne sera pas superflu, après un
battage soigné, ou, mieux, un bon coup d'aspirateur, de répandre au
pulvérisateur un insecticide efficace. Les tapis en textile seront traités de
la même façon.
Dernière opération ; mise sur cales. On disposera
celles-ci à l'emplacement des coupelles de mise en place du cric. Pas de
précautions particulières sur ce point, si ce n'est d'assurer une bonne assise
de l'ensemble.
Il ne vous reste plus qu'à couvrir votre véhicule d'une
housse de toile ou nylon, voire en papier journal que vous aurez confectionnée
vous-même par assemblage à l'aide de bandes de papier gommé.
Chaque mois, un coup d'œil, si cela vous est possible, afin
de constater que tout se passe bien. Vous retrouverez ainsi, bientôt, aux
premiers beaux jours, votre voiture aussi jeune et aussi pimpante que vous l'aviez
laissée.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
|