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Nos chiens

— Lecteur assidu du Chasseur Français, je me suis vivement intéressé à l'article paru dans le numéro d'avril dernier sous le titre « Intelligence du chien ». Ces mots, à mon avis, doivent être pris dans leur sens absolu, comme j'ai pu m'en rendre compte dans deux circonstances. Il s'agit d'ailleurs du même animal, une chienne bleue d'Auvergne excellente chasseresse.

J'habitais à l'époque une maison pourvue d'un système de sonnerie actionné par une chaîne terminée en anneau. Or il m'arrivait parfois d'entendre sonner et de m'assurer, porte ouverte, que personne n'était là. Amusement de gamin, pensais-je. Il en fut ainsi jusqu'au jour où, revenant de promenade avec ma chienne, celle-ci me devança aux abords de la maison et, se dressant, griffes ouvertes, contre le chambranle de la porte, elle s'acquitta elle-même du soin de sonner furieusement. J'ajoute que jamais je n'avais appris à Diane le maniement de la sonnette. Il y avait donc bien chez elle une intelligence de cause à effet.

Cette même chienne, dans une autre circonstance, fit preuve d'une intelligence peut-être plus remarquable.

M'étant rendu aux vendanges dans un pays distant de 15 kilomètres de celui que j'habitais, j'avais emmené Diane pour l'utiliser dans mes moments de loisir. Entre temps, je l'avais enfermée dans l'écurie de la maison où j'étais descendu. Mais un voisin, en mon absence, ouvrit la porte et Diane décampa. À mon retour, je constatai avec peine sa disparition. J'allais partir à sa recherche quand je la vis, dressée sur ses pattes, dans l'encadrement de la fenêtre et me regardant. Jugez de ma joie et, je puis le dire, de la sienne. Or, de l'enquête à laquelle je me suis livré, il résulte que Diane avait profité de sa liberté pour parcourir en sens inverse les 4 kilomètres qui séparaient le pays de la gare où j'avais débarqué le matin même, qu'elle en avait parcouru toutes les salles, ainsi que le fait me fut confirmé par l'un des employés. Ne m'y trouvant pas, elle a conclu que je n'étais pas parti et revint au bercail, j'ajoute que ces deux anecdotes sont parfaitement authentiques. Que penser, après cela, de la théorie de Descartes ?

J. L.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 660