D'après de nombreux botanistes, le noyer serait originaire
du Caucase et de la Perse, d'où il s'est répandu, depuis fort longtemps déjà,
dans la plus grande partie de l'Europe.
Tout le monde connaît cet arbre dont les fortes branches
forment, par leur ensemble, une tête épaisse et large. Les feuilles exhalent,
lorsqu'on les froisse, une odeur agréable due à la présence, dans leurs tissus,
d'une essence, la juglandine. Elles ont des propriétés médicinales,
dépuratives, vermifuges, antiseptiques, et sont collectées par quantités
importantes par les herboristes. Ces feuilles, séchées et placées dans les
armoires, ont encore la propriété d'éloigner les mites.
Contrairement à celles de nombreux autres arbres fruitiers,
les fleurs du noyer n'ont aucun intérêt ornemental ; les mâles sont
groupées en chatons coniques de couleur verdâtre, tandis que les femelles,
placées à l'extrémité des pousses de printemps, sont en forme de très petites
urnes et surmontées de deux larges stigmates.
Le fruit est une drupe, dont l'enveloppe comprend une couche
extérieure verte et charnue, le brou, et une couche intérieure ligneuse,
la coquille. Le brou, après macération dans l'eau, sert à préparer une
teinture économique dont on se sert pour colorer les bois blancs.
L'amande, ou cerneau, renfermée dans la
coquille est la partie comestible. Sa valeur alimentaire est grande ; elle
renferme, en effet, de 15 à 18 p. 100 de matières azotées et de 50 à 55 p. 100
de matières grasses. Fournissant en moyenne deux fois plus de calories que le
pain, elle est très recommandée pour l'alimentation des personnes qui souffrent
du foie, des diabétiques, ainsi que, d'ailleurs, des intellectuels et des
enfants.
Le bois du noyer, surtout celui du cœur de l'arbre,
lorsqu'il est bien coloré et veiné, a une grande valeur. L'ébénisterie, la
sculpture, l'armurerie et l'aviation le recherchent particulièrement parce
qu'il est à la fois dur et souple et qu'il se polit très bien. On peut
également le découper dans tous les sens en lamelles fines sans que jamais il éclate
ou se déchire.
En France, où il semble se plaire parfaitement, le noyer est
surtout répandu dans le Centre-Ouest, en particulier dans les départements de
la Dordogne, de l'Aveyron, du Lot, de la Corrèze, ainsi que dans le Dauphiné (Isère et Drôme).
Sol et Climat.
— Le noyer pousse dans presque tous les sols, pourvu
qu'ils soient profonds et frais, mais sans humidité stagnante. Il ne craint pas
le calcaire, à condition toutefois qu'il ne soit pas trop abondant et qu'il ne
s'agisse pas de craie. Les sables secs et maigres ne lui plaisent pas.
Un climat doux, surtout au printemps, lui convient. Jusqu'à 300 mètres
d'altitude, il peut réussir en France ; mais il est d'une grande sensibilité aux
gelées printanières. Aussi, dans les régions où celles-ci sont à redouter,
doit-on cultiver des variétés à végétation tardive comme, par exemple, le noyer
de la Saint-Jean, dont les feuilles apparaissent dans la seconde quinzaine
de juin.
Multiplication.
— Certaines variétés se reproduisent assez bien par semis.
Mais celles à gros fruits se propagent par greffage sur noyer commun ou sur
noyer d'Amérique obtenus de semis.
Les méthodes de greffage les plus employées sont la
greffe en fente terminale (fig. 1), la greffe en couronne, la greffe en
flûte et la greffe anglaise. Cette dernière, utilisée pour le greffage sur
collet de jeunes plants tenus ensuite à l'étouffée sous verre, est employée par
les spécialistes. Elle réussit bien, tandis que les greffes faites en plein air
sont de reprise capricieuse et très aléatoire.
Variétés.
— La noix commune est déjà un fruit assez estimé
qui présente cependant de grandes variations selon son degré de sélection.
Aussi a-t-on cherché à pousser celle-ci dans le but
d'accroître la fertilité de l'arbre, de retarder sa floraison pour le rendre
moins sensible aux gelées, d'obtenir des fruits plus volumineux et plus fins de
goût. De cette sélection sont nées cinq ou six variétés du Dauphiné, dont les
plus estimées : Mayette, Franquette, Chaberte et Parisienne,
produisent les « noix de Grenoble », connues et réputées au delà de
nos frontières.
Le Centre-Ouest a aussi ses variétés parmi lesquelles
sont surtout renommées : la noix Marbot, cultivée dans le sud de la Corrèze
et le nord du Lot ; la Corne, produite surtout en Dordogne ; la noix
Grandjean, des environs de Sarlat ; la noix Carême, spéciale à
l'Aveyron ; la noix Courtaude, cultivée dans le Puy-de-Dôme, etc.
Culture.
— Le noyer est un arbre de plein vent de grandes
dimensions. Il est préférable de le planter en bordure de champs étendus plutôt
qu'en massifs importants. Si, cependant, pour utiliser certains terrains qui ne
pourraient porter d'autres cultures, on adoptait ce dernier mode de plantation,
il faudrait espacer les arbres de 20 mètres au moins, tandis qu'en bordure de champ
12 mètres peuvent suffire.
Rien ne pousse sous les noyers qui donnent une ombre
épaisse. Il faut en tenir compte au moment de la plantation, qu'il ne faut pas
faire au voisinage de plantes délicates, ni même de bonnes terres arables qu'on
rendrait improductives dans un rayon étendu.
En raison de la valeur du bois, il faut chercher à obtenir
un beau fût. Pour cela, on ne laissera naître les branches qu'à 3 mètres ou 3m,50 au moins. La
charpente comportera de trois à cinq branches principales, équilibrées dès le
début et bien disposées de façon à former une couronne aussi étendue en largeur
que possible. Par la suite, au moyen d'élagages faits à l'automne, on
maintiendra une bonne aération et un équilibre convenable dans les différentes
parties de cette charpente.
Bien que difficiles à exécuter en raison de la hauteur des
arbres, des traitements doivent être effectués pour en entretenir la propreté
et le bon état sanitaire.
D'abord, en hiver, pour détruire mousses et lichens, ainsi
que les œufs et les larves hivernants.
Ensuite, à trois ou quatre reprises au cours de la belle
saison, pour prévenir les dégâts du Gnomonia leptostyla, qui forme des
taches fauves sur les feuilles, dont il provoque la chute, sur les jeunes
rameaux et les fruits. Les bouillies bordelaises faibles, employées avec des
appareils puissants, sont efficaces. Et aussi pour s'opposer aux ravages du
Carpocapse qui rend les noix véreuses : les produits arsenicaux permettent
d'atteindre le résultat cherché. On les mélange avec la bouillie bordelaise.
Récolte des noix.
— Elles sont consommées à l'état frais et à l'état sec.
Au début de septembre, les noix sont fraîches et encore laiteuses. On les
désigne sous le nom de cerneaux et elles font, en cet état, l'objet d'un
certain commerce. La récolte ordinaire se fait en fin septembre, dès que la
noix commence à tomber et que le brou se détache facilement de l'enveloppe
ligneuse. On ramasse les noix au fur et à mesure de leur chute ou bien on les
gaule. Mais le gaulage, qui permet de récolter en une seule fois, doit être
fait avec précaution pour ne pas nuire aux fructifications futures.
Pour conserver les noix à l'état sec, on les débarrasse du
brou par l'écalage et on les fait sécher au soleil. Si la quantité est
importante, on peut placer les noix dans un grenier, où l'on établit un courant
d'air, en prenant soin de les remuer fréquemment.
Dans les centres importants de production, les noix sont
vendues en brou à des expéditeurs qui se chargent de l'écalage, du séchage, du
triage et de tous les soins que réclame cette marchandise.
E. DELPLACE.
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