Comme chaque année, jetons un coup d'œil sur l'année qui
s'achève.
Au point de vue français, l'année 1952 aura vu dans notre
pays le nombre des pratiquants du camping s'accentuer encore de façon sensible.
Il n'est plus besoin de constater que le camping est entré dans les mœurs du
demi-siècle, c'est un fait patent et acquis.
Le nombre des campeurs licenciés approche de 300.000, tandis
que les évaluations les plus courantes font ressortir un nombre de pratiquants
dépassant le million. Il y a donc en France, à l'heure actuelle, une
disproportion énorme entre les campeurs licenciés, membres de clubs, et les
amateurs de plein air pratiquant le camping, principalement à l'époque des
vacances. Ces chiffres montrent que, sur trois campeurs, il y en a à peine un qui
non seulement pratique le camping avec l'esprit campeur, mais qui est assuré
contre les risques d'incendie et les dommages susceptibles d'être causés à des
tiers.
Et cela représente un assez gros danger pour l'avenir !
Cette même disproportion a influé également sur
l'aménagement des terrains. Les « vacanciers » sont, en général,
uniquement des amateurs de camp fixe. Ils désirent remplacer l'hôtel par la
tente plantée une fois pour toutes dans un terrain clos, gardé et possédant le
plus de confort possible.
Il ne s'agit plus de camper à proprement parler, mais de
trouver l'« hôtel de plein air » avec eau courante, bains, douches,
électricité, restaurant, blanchisserie, etc.
Quelques camps ont été aménagés dans ce sens par des
sociétés commerciales et, malgré les prix élevés souvent demandés, ils ont
trouvé des amateurs de ce mode de vie en plein air.
Beaucoup d'hôteliers ont compris que de tels terrains
pouvaient être une sorte d'annexe à leur maison et ont ouvert eux-mêmes de tels
camps. C'est d'ailleurs fort intelligent, et je ne peux, très objectivement,
que les féliciter de leur discernement. Malheureusement, il y a eu également de
nombreux terrains ouverts aux campeurs uniquement dans le but de gagner de
l'argent rapidement, tout en offrant aux usagers le minimum de services. On
nous en a beaucoup signalé au cours de l'été. Enfin, comme toujours, il y a un
juste milieu. Et de nombreux syndicats d'initiatives, de nombreuses
municipalités ont installé simplement et décemment des terrains de séjour et de
passage, dans une ambiance qui peut retenir l'attention du véritable campeur.
Je connais, d'autre part, des municipalités qui ont décidé
de réserver les terrains ouverts uniquement aux licenciés, ayant eu de nombreux
ennuis avec les autres. C'est, à mon avis, une initiative à encourager. Il y a
tellement de sécurité pour une municipalité à agir de la sorte !
Au point de vue administratif, 1952 aura vu les commissions
départementales créées l'an dernier se mettre au travail. De nombreux préfets,
avec l'aide de la commission, ont édité de petits guides de camping pour leur
département avec la réglementation, et tous renseignements pouvant être utiles
aux campeurs. Certains sont de simples imprimés administratifs. D'autres sont
de belles petites brochures illustrées fort agréables à parcourir. Mais, tout
en étant assez semblables, toutes ces réglementations ne sont pas encore
uniformes, et l'on ne peut que regretter que la loi sur la réglementation du
camping ait encore dormi pendant un an dans les dossiers ministériels.
Au point de vue technique, nous avons noté, en France,
l'alourdissement constant du matériel, qui subit l'influence de la loi de
l'offre et de la demande. Il est de plus en plus difficile de trouver du bon
matériel de randonneur.
Sur le plan fédéral, un événement notable est à signaler. M. Capitain,
président depuis 1939, s'est vu, pour raisons de santé, obligé de démissionner.
M. Henry P. Guérin a été nommé président à sa place. Nous savons que
le nouveau président a beaucoup de projets. Attendons 1953 pour en parler ...
En tout cas, la Fédération française de Camping et de
Caravanning a vu le nombre des sociétés affiliées se développer de manière
importante, mais il est à noter — et cela est le reflet de ce que nous
disions plus haut — que ce sont pour ainsi dire uniquement des clubs
omnisports avec section de camping qui sont venus grossir les rangs fédéraux,
et non de nouveaux clubs de camping.
Sur le plan international, un peu moins de changements, mais
mêmes constatations. Le camping se développe dans le sens du camp familial
fixe. De nouveaux clubs, de nouveaux pays sont membres de la Fédération
internationale. Le rallye annuel de cette dernière a été un immense succès.
Quatre mille campeurs de vingt et une nations, chiffres jamais atteints, se sont
retrouvés sur les bords du lac de Neuchâtel en Suisse, et l'esprit qui régna
dans ce camp fut empreint de la plus grande cordialité et de la plus parfaite
camaraderie, ce qui nous fit grand plaisir.
Le rallye de 1953 aura lieu à Copenhague, et celui de 1954
dans le Tyrol. Deux beaux voyages en perspective !
Que nous réservera 1953 ? Il est encore trop tôt pour
en parler. Verrons-nous la renaissance du camping itinérant et du matériel
léger ? Je ne le prévois pas encore pour l'année qui vient, mais je suis
persuadé que, peu à peu, la masse des campeurs de vacances apprendra à
connaître et à aimer la randonnée et qu'alors le camping retournera à ses
sources, l'amour de la nature et de la solitude !
J-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
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