On entend souvent dire : « Mes porcelets restent
malingres, ils ne poussent pas, pendant et après le sevrage. Devenus adultes,
leur poids n'augmente guère, ils n'ont pas d'appétit et ils attrapent souvent
des boiteries. »
Ces porcs tardifs ne peuvent être livrés à la charcuterie
qu'avec un retard de plusieurs mois sur les sujets normaux, ce qui occasionne
une perte sèche appréciable.
Les raisons de l'anomalie.
— Bien que les porcs soient des animaux omnivores
capables d'assimiler des matières animales, végétales et même minérales, ils se
différencient nettement des herbivores et des carnivores, qui se nourrissent à
peu près exclusivement de fourrages ou de substances carnées. En effet, si on
soumet les porcs à un régime végétarien trop poussé, il se produit une
surcharge stomacale, du fait de la teneur élevée de l'herbe ou d'autres denrées
en cellulose, substance indigeste pour les cochons lorsqu'elle dépasse une
certaine proportion.
Les denrées riches en cellulose étant peu profitables et
indigestes, on n'abusera pas des fourrages verts et secs, des sons, des
tourteaux non décortiqués, etc. Pour d'autres raisons, les produits et les
denrées riches en protéine ne donneront pas de bons résultats si on en force
trop la dose, parce que l'excès de matières azotées engendre de l'acide urique
dans le courant sanguin, d'où les dépôts d'urate et toutes sortes de troubles
circulatoires imputables à une mauvaise nutrition. Il ne faut donc pas
considérer le porc comme un animal auquel on peut distribuer indifféremment
n'importe quelles denrées, se disant que tout est bon pour le cochon.
Pour gagner du temps et de l'argent, en partant de
cochonnets pesant 1.200 grammes environ à leur naissance, pour atteindre le
poids moyen de 100 à 150 kilogrammes entre cinq et sept mois, ce qui représente
un accroissement journalier de 600 à 700 grammes, il est nécessaire de leur
fournir des rations équilibrées pour l'élaboration de la charpente et de la
viande, puis celle du lard pendant la période de l'engraissement.
Mise en équilibre des rations.
— Puisque la cellulose est peu assimilable pour les
porcs, on ne devra leur distribuer qu'en quantité modérée des denrées
cellulosiques telles que fourrages verts et secs, sons, marcs de pommes et de
raisins, pulpes de betteraves et de pommes de terre, tourteaux non décortiqués,
etc., mais on aura soin de leur associer des hydrates de carbone, riches en
amidon, en fécule et en sucre, ainsi que des matières protéiques, autant que
possible d'origine animale, telles que le lait écrémé, la viande fraîche ou
cuite, la poudre de viande et celle de poisson, le sang cuit ou desséché, etc.
De toutes les protéines, la plus profitable est celle du
laitage, qui contient de l'acide lactique favorable à la digestion en jouant un
rôle de défense contre les parasites de l'intestin.
À défaut de matières animales, on aura recours aux
tourteaux, de préférence à celui d'arachides décortiquées, qui contient moins
de cellulose que le palmiste, par exemple. Ce tourteau, riche en azote, permet
de relever la relation nutritive, laquelle doit être d'autant plus large que
l'on s'éloigne du sevrage.
Vers la fin de l'élevage, entre le quatrième et le cinquième
mois, on réduit progressivement de moitié la proportion de protéine. Dans tous
les cas, on s'efforcera de donner conjointement des protéines animales et
végétales.
Les minéraux et les vitamines.
— Il ne suffit pas d'associer les protéines et les
hydrates de carbone en proportions convenables pour activer la croissance des
porcs, il faut aussi s'inquiéter de la valeur gustative et apéritive des
rations, si l'on veut atteindre et même dépasser un croît quotidien de 700
grammes par jour.
Pour cela, on incorporera dans la provende des minéraux
associés et des denrées vitaminées, surtout si on ne dispose pas de laitage, de
façon à stimuler l'appétit, la digestion et l'assimilation.
Le mieux est de combiner une poudre comprenant des principes
phospho-calciques, de la poudre d'os finement moulue de préférence, sept
parties en poids, en y ajoutant une partie de sel marin, une partie de charbon
de bois pilé et une partie de soufre sublimé. La poudre d'os facilite la
formation de la charpente. Le charbon est un puissant désinfectant et le soufre
joue un rôle antiparasitaire.
En incorporant 2 à 4 p. 100 de minéraux associés dans
la ration des porcs, et également 2 à 4 p. 100 de grain germé, ou autant
de levure de grain, au besoin 1 à 2 p. 100 d'huile de foie de morue, en
même temps que quelques verdures hachées, on évite les carences de la
nutrition, ainsi que la goutte (mal aux pattes) et la cachexie osseuse.
C. ARNOULD.
|