Accueil  > Années 1952  > N°670 Décembre 1952  > Page 743 Tous droits réservés

Engraissement des porcs

Les anomalies de l'accroissement

On entend souvent dire : « Mes porcelets restent malingres, ils ne poussent pas, pendant et après le sevrage. Devenus adultes, leur poids n'augmente guère, ils n'ont pas d'appétit et ils attrapent souvent des boiteries. »

Ces porcs tardifs ne peuvent être livrés à la charcuterie qu'avec un retard de plusieurs mois sur les sujets normaux, ce qui occasionne une perte sèche appréciable.

Les raisons de l'anomalie.

— Bien que les porcs soient des animaux omnivores capables d'assimiler des matières animales, végétales et même minérales, ils se différencient nettement des herbivores et des carnivores, qui se nourrissent à peu près exclusivement de fourrages ou de substances carnées. En effet, si on soumet les porcs à un régime végétarien trop poussé, il se produit une surcharge stomacale, du fait de la teneur élevée de l'herbe ou d'autres denrées en cellulose, substance indigeste pour les cochons lorsqu'elle dépasse une certaine proportion.

Les denrées riches en cellulose étant peu profitables et indigestes, on n'abusera pas des fourrages verts et secs, des sons, des tourteaux non décortiqués, etc. Pour d'autres raisons, les produits et les denrées riches en protéine ne donneront pas de bons résultats si on en force trop la dose, parce que l'excès de matières azotées engendre de l'acide urique dans le courant sanguin, d'où les dépôts d'urate et toutes sortes de troubles circulatoires imputables à une mauvaise nutrition. Il ne faut donc pas considérer le porc comme un animal auquel on peut distribuer indifféremment n'importe quelles denrées, se disant que tout est bon pour le cochon.

Pour gagner du temps et de l'argent, en partant de cochonnets pesant 1.200 grammes environ à leur naissance, pour atteindre le poids moyen de 100 à 150 kilogrammes entre cinq et sept mois, ce qui représente un accroissement journalier de 600 à 700 grammes, il est nécessaire de leur fournir des rations équilibrées pour l'élaboration de la charpente et de la viande, puis celle du lard pendant la période de l'engraissement.

Mise en équilibre des rations.

— Puisque la cellulose est peu assimilable pour les porcs, on ne devra leur distribuer qu'en quantité modérée des denrées cellulosiques telles que fourrages verts et secs, sons, marcs de pommes et de raisins, pulpes de betteraves et de pommes de terre, tourteaux non décortiqués, etc., mais on aura soin de leur associer des hydrates de carbone, riches en amidon, en fécule et en sucre, ainsi que des matières protéiques, autant que possible d'origine animale, telles que le lait écrémé, la viande fraîche ou cuite, la poudre de viande et celle de poisson, le sang cuit ou desséché, etc.

De toutes les protéines, la plus profitable est celle du laitage, qui contient de l'acide lactique favorable à la digestion en jouant un rôle de défense contre les parasites de l'intestin.

À défaut de matières animales, on aura recours aux tourteaux, de préférence à celui d'arachides décortiquées, qui contient moins de cellulose que le palmiste, par exemple. Ce tourteau, riche en azote, permet de relever la relation nutritive, laquelle doit être d'autant plus large que l'on s'éloigne du sevrage.

Vers la fin de l'élevage, entre le quatrième et le cinquième mois, on réduit progressivement de moitié la proportion de protéine. Dans tous les cas, on s'efforcera de donner conjointement des protéines animales et végétales.

Les minéraux et les vitamines.

— Il ne suffit pas d'associer les protéines et les hydrates de carbone en proportions convenables pour activer la croissance des porcs, il faut aussi s'inquiéter de la valeur gustative et apéritive des rations, si l'on veut atteindre et même dépasser un croît quotidien de 700 grammes par jour.

Pour cela, on incorporera dans la provende des minéraux associés et des denrées vitaminées, surtout si on ne dispose pas de laitage, de façon à stimuler l'appétit, la digestion et l'assimilation.

Le mieux est de combiner une poudre comprenant des principes phospho-calciques, de la poudre d'os finement moulue de préférence, sept parties en poids, en y ajoutant une partie de sel marin, une partie de charbon de bois pilé et une partie de soufre sublimé. La poudre d'os facilite la formation de la charpente. Le charbon est un puissant désinfectant et le soufre joue un rôle antiparasitaire.

En incorporant 2 à 4 p. 100 de minéraux associés dans la ration des porcs, et également 2 à 4 p. 100 de grain germé, ou autant de levure de grain, au besoin 1 à 2 p. 100 d'huile de foie de morue, en même temps que quelques verdures hachées, on évite les carences de la nutrition, ainsi que la goutte (mal aux pattes) et la cachexie osseuse.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°670 Décembre 1952 Page 743