C'est l'instrument le plus apte pour permettre de déceler
les mystères de la vie des abeilles. Si, pour les novices, la ruche vitrée est
une simple curiosité, pour l'observateur réfléchi ce sera un terrain de
découvertes inattendues ; il y verra beaucoup de choses qu'on ne trouve
pas imprimées dans les ouvrages. Rien ne vaut, en effet, le livre de la nature.
Il y a des ruches vitrées de toutes sortes, mais celle à un
seul cadre est sans conteste la meilleure ruche d'observation. En effet, vous
pouvez y voir le comportement des abeilles, l'emmagasinement des provisions, la
ponte de la reine, le développement des larves, la naissance des jeunes
abeilles ; bref, toute la vie intérieure de la ruche vous est révélée,
tandis qu'avec plusieurs cadres, même seulement avec deux, la reine se cache
dans les intervalles dès que vous enlevez les panneaux, et vous n'y voyez pas grand'chose,
ce qui en enlève tout l'intérêt.
Étant désireux de fabriquer nous-même notre ruche
d'observation, nous profiterons pour cela de la mauvaise saison, alors que le
rucher est au repos, ce qui nous permet de disposer de plus de loisirs.
Nous donnons ci-dessous les indications nécessaires pour
construire une ruche d'observation avec un cadre Dadant, qui est celui que nous
utilisons. Noter que les dimensions sont indiquées en millimètres.
Plateau.
— Scier et raboter une planche aux dimensions 570 x 120
sur 20 d'épaisseur. Y faire une ouverture de 100 x 30 qui servira à
l'évacuation des débris et de l'air vicié. Clouer une toile métallique sur cette
ouverture. Un moyen facile de percer ce trou est d'opérer avec une grosse mèche
à chaque extrémité, le reste est ensuite enlevé au ciseau de menuisier ou avec
une petite scie à découper. Sous le plateau, clouer deux barrettes de 25 x 25
sur 100 de long pour servir de support et permettre l'aération.
Avant et arrière.
— Découper deux planches : hauteur 325,
largeur 50, épaisseur 25 ; dans le haut, creuser une encoche à mi-bois de
255 de long sur 17 de haut, il doit donc rester une partie intacte de chaque
côté. Cette encoche sert à la suspension du cadre. Sur le panneau de devant, au
bord inférieur, faire une échancrure de 20 en largeur et hauteur qui servira
d'entrée et y ajuster une fermeture mobile à l'aide d'un petit morceau de zinc
et une vis. Pratiquer également une petite ouverture dans le bas du panneau
arrière pour l'aération et la recouvrir de grillage fin ; ce dernier
passage n'est utile que si la ruche doit être placée à l'intérieur pour
permettre l'introduction des abeilles échappées lors d'une ouverture. Fixons
ensuite le panneau arrière sur le bord du plateau à l'aide de deux vis, en
ayant soin de percer les trous au préalable à l'aide d'un avant-clou pour ne
pas risquer de fendre le bois, puis placer également le panneau avant à l'aide de
deux vis, de manière à avoir une distance de 450 à l'intérieur ; il nous
reste à l'avant du plateau un espace de 70 qui servira de planche de vol.
Plafond.
— Découper une planche de 500 de long, 50 de large et
20 d'épaisseur. À 130 du bord arrière, percer un trou de 25 de diamètre, lequel
sera obturé par un morceau de zinc mobile fixé avec une vis. La fixation du
plafond sera assurée par un crochet et un piton placés à l'avant et à
l'arrière. Bien enfoncer les pitons pour éviter le jeu des crochets.
Cotés.
— Chaque côté comprend une feuille de verre et un
panneau opaque mobile. Prendre du verre demi-double dimensions 475 x 340, le
fixer en haut et en bas à l'aide de lattes de bois de 340 de long, 20 de large
et 10 d'épaisseur (y faire une petite encoche de 4 pour y encastrer la feuille
de verre) ; clouer de même des petites lattes sur les bords verticaux. Le
panneau opaque sera en isorel de 20, le couper à 460 x 330. Pour le
maintenir plaqué contre le verre, clouer à moitié deux pointes sans tête dans
la latte du bas et deux petits taquets dans la latte supérieure. Le panneau
d'isorel ne doit être enlevé que lors des observations. En temps normal, on
doit l'y laisser pour assurer la tranquillité des abeilles.
Si vous désirez placer votre ruche d'observation chez vous,
il est nécessaire de construire un petit tunnel en bois s'adaptant d'un côté au
bord avant de la ruchette et dépassant un peu à l'extérieur de l'ouverture
communiquant avec le dehors.
À condition de nourrir, vous pourrez conserver votre petite colonie
pendant l'hiver. Il est alors nécessaire d'avoir un nourrisseur que l'on puisse
garnir sans prendre contact avec les abeilles ; il est facile de le
fabriquer soi-même.
Pour peupler la ruchette, le mieux est d'y loger un petit
essaim, lequel prospérera rapidement. À défaut, prendre un cadre de couvain
contenant des œufs et bien garni d'abeilles ; opérer pendant la miellée ;
vous assisterez alors à l'élevage royal, mais la petite colonie s'affaiblira
par suite du manque de ponte pendant trois semaines.
Afin de faciliter les observations, nous vous conseillons
l'emploi d'une bonne loupe et d'un éclairage mobile : baladeuse ou lampe
portative.
Vous possédez à présent le terrain où pourra s'exercer votre
esprit de recherches, vous goutterez aux saines joies de la découverte et
enrichirez votre savoir mieux que par les meilleures théories. Ce seront
toujours de bons moments que vous passerez près de vos abeilles, loin de
l'agitation stérile du monde.
Roger GUILHOU,
Expert apicole.
|