En marge des milieux et du
standard officiels présidant aux destinées de la race, on a souvent considéré
qu'il existait en fait deux variétés de Braque d'Auvergne. Sans doute, les
sujets se présentent sous une robe sombre, charbonnée, qui valut à la race la
dénomination de « Bleu d'Auvergne », tandis que d'autres portent
seulement des taches noires plus ou moins grandes sur fond blanc leur donnant
une teinte plus claire. Bien que ces deux genres de robe soient généralement le
propre de familles entières, elles ne suffisent pas pour les scinder en
variétés. Mais on a remarqué que des sujets et même des familles se
distinguaient par des formes plus élégantes ou légères, une taille plus ou
moins réduite, une allure plus rapide. Tant que ces différences elles-mêmes n'affectent
pas les caractères essentiels de la race, elles ne sauraient davantage
constituer des types différents. On les observe, en effet, et on les a toujours
observées, dans la plupart des races de chiens d'arrêt, notamment chez le
Braque français, dans les familles les plus pures.
Par contre, et cela n'est pas spécial au Braque d'Auvergne, des sujets présentent des caractères
particuliers ou sont dépourvus de caractères propres à la race ; ils
s'éloignent alors du type braque. Ce dernier se caractérise notamment par la
divergence vers l'avant des lignes du crâne et du chanfrein virtuellement
prolongée, ses oreilles attachées au niveau de l'œil ou un peu au-dessous,
assez longues et un peu plissées, des côtes bien arquées, à peu près d'égale
longueur et ne donnant jamais un aspect levretté, un cou portant fanon sans
exagération. Ces attributs étant pratiquement accompagnés des qualités morales
et pratiques propres aux chiens typiquement continentaux, à leur absence
correspond un affaiblissement desdites qualités et la présence d'autres
aptitudes répondant à des goûts ou besoins n'étant pas ceux des utilisateurs du
chien continental. De tels sujets, dits de type moderne parce que plus
élégants, préconisés par des chasseurs n'ayant aucun besoin d'un chien d'arrêt
rustique et apte à tout travail, sont évidemment obtenus par infusion de sang
Pointer. Ce croisement a bien souvent pour conséquence de donner des produits,
pendant plusieurs générations, n'ayant plus que le nom de Braque, auquel ils n’ont
d'ailleurs plus droit.
C'est certainement dans le
but d'enrayer cette évolution, qui entraînerait à bref délai la disparition de
la race, que les responsables de l'avenir du Braque d'Auvergne ont mis au point
une étude critique du standard, développant les caractères essentiels qui
doivent être conservés.
Après avoir examiné
l'apparence générale et le type dans son ensemble, les mensurations, les
proportions idéales et surtout les lignes typiques essentielles ont été
précisées dans les termes suivants (extraits) :
Tête. — C'est dans la tête que le type « Braque »
sera caractérisé par la divergence, (vers l'avant) des lignes de crâne et de
chanfrein, contrairement au type « Pointer », dont la divergence des
lignes du crâne et de chanfrein ont leur point d'intersection vers l'avant de
la tête, et contrairement au type « Setter », dont ces lignes
sont parallèles. La tête sera longue, en harmonie comme volume avec la taille, un
peu plus légère chez les femelles ; le stop moyennement accusé et formant
avec le chanfrein et le crâne deux angles obtus inégaux.
Taille idéale : 0m,60 pour les mâles, 0m,56 pour les femelles,
tolérance de 3 centimètres en plus ou en moins.
Lèvres. — Assez fortes, sans excès de papilles aux lèvres
inférieures, les supérieures bien descendues et recouvrant bien les inférieures ;
elles forment un museau bien carré. Vues de face, les lèvres supérieures
forment un V renversé, contrairement à celles du Pointer qui forment un U
renversé ou à celles du Setter qui forment un I horizontal.
Crâne. — Ovale, sans excès de largeur, crête occipitale peu
saillante. La longueur du crâne est légèrement supérieure à la moitié de la
longueur totale de la tête. Cette dimension donne la longueur idéale du crâne
au niveau des arcades zygomatiques.
Oreilles. — Attachées obliquement. Au repos, l'attache de
l'oreille se situe nettement sans exagération au-dessous d'une ligne passant
par le profil supérieur de la truffe et de l'œil. À l'éveil, l'attache de
l'oreille peut remonter sans toutefois dépasser cette ligne. L'oreille est
portée assez en arrière pour dégager la rotondité du crâne, légèrement
papillotée, mais non roulée ; la peau est souple, brillante, satinée et
légère, l'extrémité moyennement arrondie. Tirée vers l'avant, l'extrémité doit
pouvoir atteindre la commissure des lèvres ou la naissance de la truffe. Les
oreilles doivent bien encadrer la tête et ne pas s'en écarter. Elles paraissent
plus longues qu'elles ne sont en réalité, en raison de leur point d'attache.
Cou. — Plutôt long, légèrement arqué, un léger fanon est à
rechercher, mais un fanon exagéré doit être évité.
Épaules. — Obliques, fortes, bien musclées.
Poitrine. — Profonde et bien descendue au moins jusqu'au
niveau du coude, donnant en section transversale une forme ovoïde par la
liaison des lignes des côtes bien arquées et du sternum bien caréné. Du point
de vue inférieur du sternum, la ligne se relève doucement vers le ventre non
levretté.
Dos et rein. — Le dos est étroit, plat et court. L'épine dorsale
non saillante, solidement soudée au rein. Le rein large, surtout chez les
femelles, légèrement arqué pour donner sans transition brusque la ligne
caractéristique de la croupe, dite Auvergnate, avalée sans exagération.
Fouet. — Porté horizontalement, bien attaché dans le
prolongement du rein, écourté obligatoirement des deux tiers environ de sa
longueur naturelle pour qu'il reste 25 à 20 centimètres.
Les membres décrits
sont ceux d'un chien de travail robuste, les pieds un peu plus grands que le
pied dit « de chat » et un peu moins long que le pied dit « de
lièvre ».
Peau. — Assez fine, plutôt lâche sans exagération, fruitée
blanche et noire.
Poil court, pas trop fin, jamais dur, brillant.
Robe. — Deux robes sont admises, et ce point ne peut
servir à départager deux sujets de même qualité :
a. Robe claire, à fond blanc avec ou sans plaques
noires et mouchetures plus ou moins nombreuses ;
b. Robe foncée, dite charbonnée, par la plus grande
abondance du poil noir qui donne le ton gris charbonné de la robe.
Dans l'un et l'autre cas, les
grandes taches et les mouchetures ont, sur leur pourtour, un liséré donnant un
reflet bleu et qui ressort par le mélange intime du poil noir bleu et du poil
blanc. La tête doit être de préférence noire avec une liste blanche régulière.
Cependant une oreille blanche et mouchetée ou un côté de la tête blanc et
moucheté ne peut être considéré comme un défaut.
Proportions idéales. — Longueur du corps (de la pointe de l'épaule à la
pointe de la fesse) égale à la hauteur au garrot. La longueur idéale de la
tête, de la crête occipitale à l'extrémité de la truffe, excède de 1/10 le 1/3
de la taille. La largeur du crâne au niveau des arcades zygomatiques excède de
1 centimètre la moitié de la longueur totale de la tête. La longueur du
chanfrein (mesure prise de la ligne reliant les deux angles internes des yeux à
l'extrémité de la truffe) est inférieure de 1 centimètre à la moitié de la
longueur totale de la tête.
La hauteur de la poitrine
doit être égale à la moitié de la taille, et sa profondeur (de la pointe de
l'épaule à la dernière côte) au tiers de la taille.
Défauts éliminatoires. — Lignes de crâne et de chanfrein non conformes,
taille trop au-dessus ou trop au-dessous de la tolérance ; nez double ;
fouet cassé ou anoure de naissance ; robe toute blanche, toute noire, ou
avec taches de feu ; l'absence des mouchetures, sans être éliminatoire,
est un défaut très grave. La présence d'ergots aux membres postérieurs n'est
pas éliminatoire, mais relègue le chien qui en est porteur aux mentions dans
les expositions.
Il résulte de ces extraits
que la « Réunion des Amateurs du Braque d'Auvergne » entend conserver
à son chien les caractères typiquement continentaux. Le chien ainsi décrit est
un trotteur, un animal apte à l'effort prolongé en tous terrains, et à l'allure
du grand trot allongé, qui est la véritable allure des Braques, avec alternance
de temps de galop, selon l'opportunité, le dit galop ne pouvant et ne devant
pas être l'allure générale.
Ce n'est qu'en maintenant aux
chiens français leurs caractères somatiques naturels qu'on leur conservera
leurs qualités morales et pratiques. Et c'est en exploitant ces qualités,
irremplaçables pour les chasseurs rustiques, que pourront être préservées d'une
absorption par des chiens étrangers nos excellentes races nationales.
Jean CASTAING.
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