DE LA PORTE DE TARRIDES
A LA CASEMATE
DU CLUB POTTOROAK










LE CLUB DE
JEAN DAUGER


En 1971 l’association Pottoroak fusionne avec le Club des Clubs du célèbre rugbyman Jean Dauger pour devenir l’association Club Pottoroak. Henri Grenet en est le président d’honneur. Devenu société gastronomique à la mode de Saint Sébastien, le nouveau club élargit sa palette en organisant des rencontres conviviales, y compris de rugby, et en participant à partir de 1975 à la réalisation des chars du corso des Fêtes qu’il marque depuis un quart de siècle de son empreinte originale. Il compte aujourd’hui près de 80 membres et se propose de perpétuer la tradition bayonnaise, comme bien d’autres associations locales, fier de faire vivre avec sa casemate un bel héritage du passé.


PHOTO/ Au "club des Clubs" les Anciens tapent le carton. On reconnait de G. à dr. MM. Edouard Ainciart, Georges Darhan, Jean Cazebonne, Jean Bonnet Pierre Pariés, Saint-Pé, Brun et Jean Dauger (archives famlille Pariés)


anciens au club



RICHARD COEUR DE LION

Au moyen-âge, sous la longue occupation anglaise pendant laquelle Bayonne obtient de Richard Coeur de Lion, des privilèges lui permettant de pratiquer une activité commerciale, et guerrière, prospère, les métiers de la mer et du commerce attirent dans le faubourg ouest une forte population. Ce nouveau quartier prend tout naturellement le nom des lourds bateaux de transports de marchandises inventés par les Arabes, les tarrides dont la dimension les empêche de manoeuvrer dans le port intéieur. Entre le faubourg de Tarrides et le coeur de la cité où l’on forge les armes, rue des Faures, où l’on fabrique les bois de lances, rue des Hasters, l’échange est incessant. La porta occidentalis devient ainsi le Portail de Tarrides.

LE TORRATE DE TARRIDES

Durant tout le moyen âge ce passage, qui sera également appelé porte de l’Abesque (l’Evéque siège en face), puis porte de Lachepaillet du nom donné ultérieurement au faubourg de Tarrides, constituera l’un des points forts de la défense de la ville déja trés attachée à sa devise “nunquam polluta” . En fait il sert d’arsenal où sont entreposées les armes et munitions nécessaires à la défense de Bayonne. Jusqu’en 1451, date de la;prise de la ville par les armées françaises des comtes de Dunois et de Foix, il sert aussi de lieu de réunion au conseil des Cent-pairs, institué par Henri III en 1243 (complétant ainsi l’organisation communale dont le roi Jean Sans terre avait doté la ville dès le 19 avril 1215). Ce conseil, formant le corps de ville, désignait le maire et participait au gouvernement de la cité, s’occupait des lois et de la justice.
Cette porte constitue en fait un véritable petit castelet dont les plans montre qu’il était composé de quatre tours, deux adossées à la muraille romaine, deux autres en avant dont on peut aujourd’hui apercevoir quelques vestiges fondus dans la muraille de l’actuelle casemate.

BOULEVARD RENAISSANCE

L’ouvrage disparaîtra vers 1526 quand François 1er, poursuivant les projets de fortification déja imaginés par Henri IV d’Angleterre, entourera Bayonne d’une enceinte étoilée, à la place des murailles anglaises dont le portail de Tarrides faisait partie. Il subsistera cependant encore quelques temps avec dans la nouvelle muraille casematée, un pont-levis vestige de celui qui protégeait l’ancienne porte avec son fossé, sa herse et sa barbacane. Puis cette porte sera murée et la casemate couverte comme on la voit maintenant.
Sur le glacis la ville aménagera une promenade, les “Allées de Madame”, en l’honneur de Catherine de Navarre qui hôte de Bayonne en 1592 aimait à s’y promener. C’est aujourd’hui l’avenue du rempart Lachepaillet.

DE CHARLES QUINT

À MAZARIN ET LOUIS XIV
Le portail de Tarrides voisina avec des personnages célèbres. En juin 1539, Charles Quint traversant la France avec l’autorisation de François 1er, pour réprimer une révolte en Flandres, séjourne en face au palais épiscopal, comme Mazarin en 1659 , et surtout Louis XIV et Marie Thérèse en juin 1660, après leur mariage à Saint Jean de Luz devant Mgr d’Olce, évèque de Bayonne. En 1637 un autre nom célèbre de l’histoire de France séjourne près du portail de Tarrides. Protégé de Richelieu, François Fouquet, frère aîné du futur surintendant Nicolas Fouquet, est nommé évèque de Bayonne. Il fera ériger sur l’emplacement de la tour nord-est du portail de Tarrides la haute tour carrée qui porte son nom à l’entrée de la rue des Prébendés. Un autre Français célèbre jouera sur les vestiges du torrate de Tarride, Victor Hugo, venu avec sa mère passer quelques semaines auprès du général Hugo attendant à Bayonne, avec les armées impériales, l'ordre de Napoléon pour marcher contre les Anglais en Espagne. Le poète s'en souviendra, "mon père ce héros au sourire si doux..."

UNE CASEMATE ABANDONNÉE

Quatre siècle et demi après la démolition du portail de Tarrides, il ne reste pratiquement plus qu’une casemate abandonnée qui a servi un temps de champignonnière, et, pendant la dernière guerre d’abri anti-aérien où viennent notamment se réfugier les élèves des collèges proches.

LOGES D’ARTISTES

En 1967 le maire de Bayonne, Henri Grenet, étudie la possibilité de créer un théatre de la Nature dans les jardins de la Poterne, pour y réaliser des spectacles de plein air comme cela se fait avec succés l’été à Avignon, Orange ou Arles. La casemate proche pourrait fort bien, à moindre frais, être aménagée en vestiaires pour les artistes. Et le reste de l’année elle serait occupée et entretenue par une association bayonnaise en manque de locaux.