Attentat sur le
Président de la République
Jacques CHIRAC
Acte
prémédité
Le jeune homme de
25 ans, qui a fait feu sur le
président avec une carabine 22 Long
Rifle avant le défilé du
14-Juillet, a été
transféré lundi de
l'infirmerie psychiatrique de la
préfecture de police vers un
hôpital non précisé
pour y recevoir des soins psychiatriques.
Il reste néanmoins susceptible
d'être poursuivi et jugé. Le
parquet de Paris a d'ailleurs ouvert une
enquête judiciaire pour "tentative
d'assassinat. Le juge d'instruction qui
sera désigné devrait nommer
ultérieurement un expert judiciaire
pour déterminer s'il était
ou non en état de démence au
moment des faits. Maxime Brunerie a
déclaré aux policiers avoir
voulu tuer le président puis se
suicider.
L'enquête
sur la tentative d'assassinat contre le
président Chirac avait
déjà confirmé le
geste prémédité et
l'appartenance à l'extrême
droite de Maxime Brunerie. Le jeune homme
de 25 ans a, en effet, laissé un
message sur Internet. C'était le 13
juillet, la veille du
défilé. Un message lourd de
signification, même s'il n'est pas
détaillé. "Regardez bien la
télévision dimanche, vous ne
serez pas déçu", dit ce
message reçu sur un site anglais,
un site fréquenté par des
adeptes européens du hooliganisme.
Pour les policiers de la Criminelle et de
la Section antiterroriste, c'est bien la
preuve que le jeune homme avait
parfaitement
prémédité son geste.
Une preuve supplémentaire puisque,
nous vous l'indiquions dès ce
matin, Maxime Brunerie avait dit à
des proches qu'il a allait "buter le
président". Ces proches, qui ont
été entendus par la police,
disent qu'il n'ont pas prêté
attention à cet avertissement. Ils
ont cru à une plaisanterie, une
provocation.
Reste à
savoir, et c'est la question que se posent
les policiers, si le tireur a agi seul, ou
si, par exemple, il a été
conseillé, accompagné
même pour reconnaître le
terrain. L'endroit où il
était placé, à
l'angle des Champs-Élysées et de l'Étoile, a en effet été
choisi avec soin. C'est l'angle le plus
ouvert pour apercevoir, le plus longtemps
possible, le command-car
présidentiel. Complice ou pas
complice? D'autres personnes
évoluant dans la mouvance radicale
de l'extrême droite doivent
être entendues. L'une d'elle est
recherchée, elle serait en
vacances. La sœur de Maxime Brunerie a
été entendue à titre
de témoin. Les parents du tireur
ont écourté leurs vacances
en Espagne. Ils sont attendus en
début d'après-midi à
la brigade criminelle...
Il appartient
désormais aux médecins, aux
psychiatres, de dire si la garde à
vue peut se poursuivre. On indiquait tout
à l'heure que Maxime Brunerie, qui
tenait des propos décousus,
incohérents quand il a
été arrêté, que
le jeune homme a passé une nuit
calme. En cas de feu vert du psychiatre,
le tireur retournera au quai des
Orfèvres avant d'être
déféré au parquet,
sans doute demain.
Le
président Jacques Chirac a
téléphoné lundi matin
aux quatre personnes qui sont intervenues
la veille pour empêcher Maxime
Brunerie de lui tirer dessus. Il les a
félicitées "pour leur
intervention, leur courage et leur
sang-froid".
Fiché
aux RG
C'est depuis 1996
que les Renseignements
généraux de la
préfecture de Police de Paris avait
repéré Maxime Brumerie. Le
jeune homme avait été
photographié au sein de la tribune
du Kop de Boulogne, les supporters
extrémistes du PSG. Celui qui a
tiré sur le président
faisait partie des militants
d'extrême droite, encarté.
Une dizaine de personnes, sur un noyau dur
de 200 hooligans, selon un
spécialiste. Brunerie faisait le
coup de poing après les matchs du
Paris St Germain. Identifié comme
colleur d'affiches en 1998 et 1999 pour le
compte du Parti nationaliste français et
européen (PNFE), créé
par Claude Cornilleau, un ancien du Front
national.
Maxime Brunerie
n'est toutefois pas un militant du FN. Il
a choisi le MNR de Bruno Mégret.
Aux municipales 2001, il se
présente sous cette
étiquette à Paris,
septième sur la liste du candidat
Alain Vauzelle. Le journal
Libération présente
d'ailleurs une photo de Maxime Brunerie,
prise lors d'un manifestation de soutien
à Catherine Mégret, la maire
MNR de Vitrolles. C'était le 30
juin à Paris.
Le plus
incroyable, et c'est une information RTL,
Maxime Brunerie possédait un site
sur Internet. Le site d'une association:
section 3 B (Baise-Bière-Baston),
supporter du club du PSG et du club d'Evry
dans l'Essonne. Brunerie est le le
trésorier de l'association aux
côtés d'un certain Fabrice,
secrétaire adjoint, et d'Olivier,
le président. Les BBB -c'est ainsi
qu'ils se présentent- se
définissent comme des gros beaufs
alcooliques. Sur le site, on apercoit la
photo de Maxime avec des lunettes droites,
à côté de Michel,
présenté comme la
légende du Parc des Princes. Sur le
forum, à 11h06, un message :
Pourquoi t'as tiré sur Chirac...
J'espère que la BBB de Maxime
finira sa vie derrière les
barreaux. Bandes de fachos.
Le
président du Front national a
qualifié l'incident "d'attentat
bidon": il l'a comparé à
l'affaire de l'attentat de l'Observatoire
contre François Mitterrand en 1959.
"Je crois que c'est probablement un
dérangé et je ne crois pas
qu'il y eut une tentative d'attentat
contre le président de la
République, ce que d'ailleurs je ne
souhaite pas", a affirmé Jean-Marie
Le Pen.
Deux minutes
pour sauver le président
Il est 9h52
lorsque le président de la
République grimpe à bord de
son command-car découvert. A ses
côtés, le chef d'état
major des Armées, le
général Kelche. Maxime
Brunerie s'est déjà prépositionné.
Derrière les barrières,
derrière le premier rideau de
spectateurs, à la pointe de
l'Avenue Friedland et des Champs-Élysées. Cheveux ras,
blouson bleus, le jeune homme de 25 ans
ouvre son étui à guitare. A
l'intérieur, une carabine 22 long
rifle. Le militant d'extrême droite met
à exécution son projet,
prémédité. 9h58: le
président est en vue à 150
mètres. L'homme vise Jacques
Chirac, et tire une fois. Le
président ne se rend compte de
rien. Il salue la foule lorsqu'on entend
la détonation. Le balle n'atteint
pas son objectif. Car un touriste alsacien attrape l'arme. La trajectoire du tir est
déviée. Un touriste
franco-canadien plaque le tireur au sol.
Deux policiers en civil, un fonctionnaire
des RG et un officier stagiaire, arrivent
à leur tour. C'est terminé.
Nicolas Sarkozy attend la fin du
défilé pour prévenir
Jacques Chirac qu'on a voulu le tuer. "Ah
bon" répond le
président.
Nicolas Sarkozy a
estimé, lors d’un point presse, que
le président aurait pu être
atteint et a parlé d'un
"événement grave". Selon le
ministre de l'Intérieur, le tireur,
Maxime Brunerie, avait acheté la
carabine 22 LR avec laquelle il a
tiré à Corbeil-Essonnes
(Essonne) la semaine dernière et
n'avait pas procédé à
la déclaration obligatoire en
préfecture.
L.F. avec Xavier
Beneroso et Patrick Cohen
Dysfonctionnements
?
Interview :
André-Michel Ventre,
secrétaire du syndicat
général des commissaires de
police
Nicolas Sarkozy a
confirmé qu'une enquête sur
la tentative d'attentat avait
été ouverte pour faire toute
la lumière sur cette affaire. Le
parquet de Paris, qui conduit
l'enquête, n'a pas saisi la section
antiterroriste, ce qui indique que
l'hypothèse d'un acte isolé
est pour l'instant
privilégiée. Mais une
question se pose après l’incident:
comment un homme armé a-t-il pu se
trouver à 150 mètres de
Jacques Chirac malgré un service de
sécurité imposant ? Sur RTL,
Christian Prouteau, le créateur du
Groupe de sécurité de la
présidence de la République (GPRS), dénonce un manque de
coordination.
Comment
s’organise la sécurité du
chef de l’État ? Autour du
président, trois zones de
surveillance. Le premier cercle reste au
contact de Jacques Chirac, c'est le GSPR.
Une cinquantaine de gendarmes triés
sur le volés, entièrement
dédiés à la
protection rapproché du
président. Avec eux, en
permanence,. une petite valise. Un clic
suffit et se déploie un grand
paravent pare-balle. Deuxième
cercle : la sécurité de
moyenne distance. Dimanche, sur les Champs-Élysées, devant les
barrières, il y avait un policier
en tenue d'honneur tous les 10 à 20
mètres. Derrière, au milieu
de la foule, près de 400 hommes en
civil surveillaient par équipe des
petits secteurs bien
définis.
Le
troisième et dernier cercle
concerne la collecte de renseignement.
Policiers des RG, mais aussi forces de
maintien de l'ordre surveillent les rues
attenantes, notamment pour prévoir
une éventuelle manifestation. Sans
compter les tireurs d'élites
placés sur les toits à des
endroits stratégiques et les
démineurs qui vérifient par
exemple systématiquement les
égouts. Impossible pour les
4000 policiers de fouiller les 100
à 150.000 spectateurs venus
assister au défilé. Ce 14
juillet, il y a bien eu des
contrôles, mais ceux-ci sont
restés aléatoires.
Etienne
Huver
RTL Info
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