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Page mise à jour le 29 septembre 2003

 

 

Actualité - Juillet 2002

 

Attentat sur le Président de la République Jacques CHIRAC

Acte prémédité

Le jeune homme de 25 ans, qui a fait feu sur le président avec une carabine 22 Long Rifle avant le défilé du 14-Juillet, a été transféré lundi de l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police vers un hôpital non précisé pour y recevoir des soins psychiatriques. Il reste néanmoins susceptible d'être poursuivi et jugé. Le parquet de Paris a d'ailleurs ouvert une enquête judiciaire pour "tentative d'assassinat. Le juge d'instruction qui sera désigné devrait nommer ultérieurement un expert judiciaire pour déterminer s'il était ou non en état de démence au moment des faits. Maxime Brunerie a déclaré aux policiers avoir voulu tuer le président puis se suicider.

L'enquête sur la tentative d'assassinat contre le président Chirac avait déjà confirmé le geste prémédité et l'appartenance à l'extrême droite de Maxime Brunerie. Le jeune homme de 25 ans a, en effet, laissé un message sur Internet. C'était le 13 juillet, la veille du défilé. Un message lourd de signification, même s'il n'est pas détaillé. "Regardez bien la télévision dimanche, vous ne serez pas déçu", dit ce message reçu sur un site anglais, un site fréquenté par des adeptes européens du hooliganisme. Pour les policiers de la Criminelle et de la Section antiterroriste, c'est bien la preuve que le jeune homme avait parfaitement prémédité son geste. Une preuve supplémentaire puisque, nous vous l'indiquions dès ce matin, Maxime Brunerie avait dit à des proches qu'il a allait "buter le président". Ces proches, qui ont été entendus par la police, disent qu'il n'ont pas prêté attention à cet avertissement. Ils ont cru à une plaisanterie, une provocation.

Reste à savoir, et c'est la question que se posent les policiers, si le tireur a agi seul, ou si, par exemple, il a été conseillé, accompagné même pour reconnaître le terrain. L'endroit où il était placé, à l'angle des Champs-Élysées et de l'Étoile, a en effet été choisi avec soin. C'est l'angle le plus ouvert pour apercevoir, le plus longtemps possible, le command-car présidentiel. Complice ou pas complice? D'autres personnes évoluant dans la mouvance radicale de l'extrême droite doivent être entendues. L'une d'elle est recherchée, elle serait en vacances. La sœur de Maxime Brunerie a été entendue à titre de témoin. Les parents du tireur ont écourté leurs vacances en Espagne. Ils sont attendus en début d'après-midi à la brigade criminelle...

Il appartient désormais aux médecins, aux psychiatres, de dire si la garde à vue peut se poursuivre. On indiquait tout à l'heure que Maxime Brunerie, qui tenait des propos décousus, incohérents quand il a été arrêté, que le jeune homme a passé une nuit calme. En cas de feu vert du psychiatre, le tireur retournera au quai des Orfèvres avant d'être déféré au parquet, sans doute demain.

Le président Jacques Chirac a téléphoné lundi matin aux quatre personnes qui sont intervenues la veille pour empêcher Maxime Brunerie de lui tirer dessus. Il les a félicitées "pour leur intervention, leur courage et leur sang-froid".

 

Fiché aux RG

C'est depuis 1996 que les Renseignements généraux de la préfecture de Police de Paris avait repéré Maxime Brumerie. Le jeune homme avait été photographié au sein de la tribune du Kop de Boulogne, les supporters extrémistes du PSG. Celui qui a tiré sur le président faisait partie des militants d'extrême droite, encarté. Une dizaine de personnes, sur un noyau dur de 200 hooligans, selon un spécialiste. Brunerie faisait le coup de poing après les matchs du Paris St Germain. Identifié comme colleur d'affiches en 1998 et 1999 pour le compte du Parti nationaliste français et européen (PNFE), créé par Claude Cornilleau, un ancien du Front national.

Maxime Brunerie n'est toutefois pas un militant du FN. Il a choisi le MNR de Bruno Mégret. Aux municipales 2001, il se présente sous cette étiquette à Paris, septième sur la liste du candidat Alain Vauzelle. Le journal Libération présente d'ailleurs une photo de Maxime Brunerie, prise lors d'un manifestation de soutien à Catherine Mégret, la maire MNR de Vitrolles. C'était le 30 juin à Paris.

Le plus incroyable, et c'est une information RTL, Maxime Brunerie possédait un site sur Internet. Le site d'une association: section 3 B (Baise-Bière-Baston), supporter du club du PSG et du club d'Evry dans l'Essonne. Brunerie est le le trésorier de l'association aux côtés d'un certain Fabrice, secrétaire adjoint, et d'Olivier, le président. Les BBB -c'est ainsi qu'ils se présentent- se définissent comme des gros beaufs alcooliques. Sur le site, on apercoit la photo de Maxime avec des lunettes droites, à côté de Michel, présenté comme la légende du Parc des Princes. Sur le forum, à 11h06, un message : Pourquoi t'as tiré sur Chirac... J'espère que la BBB de Maxime finira sa vie derrière les barreaux. Bandes de fachos.

Le président du Front national a qualifié l'incident "d'attentat bidon": il l'a comparé à l'affaire de l'attentat de l'Observatoire contre François Mitterrand en 1959. "Je crois que c'est probablement un dérangé et je ne crois pas qu'il y eut une tentative d'attentat contre le président de la République, ce que d'ailleurs je ne souhaite pas", a affirmé Jean-Marie Le Pen.

 

Deux minutes pour sauver le président

Il est 9h52 lorsque le président de la République grimpe à bord de son command-car découvert. A ses côtés, le chef d'état major des Armées, le général Kelche. Maxime Brunerie s'est déjà prépositionné. Derrière les barrières, derrière le premier rideau de spectateurs, à la pointe de l'Avenue Friedland et des Champs-Élysées. Cheveux ras, blouson bleus, le jeune homme de 25 ans ouvre son étui à guitare. A l'intérieur, une carabine 22 long rifle. Le militant d'extrême droite met à exécution son projet, prémédité. 9h58: le président est en vue à 150 mètres. L'homme vise Jacques Chirac, et tire une fois. Le président ne se rend compte de rien. Il salue la foule lorsqu'on entend la détonation. Le balle n'atteint pas son objectif. Car un touriste alsacien attrape l'arme. La trajectoire du tir est déviée. Un touriste franco-canadien plaque le tireur au sol. Deux policiers en civil, un fonctionnaire des RG et un officier stagiaire, arrivent à leur tour. C'est terminé. Nicolas Sarkozy attend la fin du défilé pour prévenir Jacques Chirac qu'on a voulu le tuer. "Ah bon" répond le président.

Nicolas Sarkozy a estimé, lors d’un point presse, que le président aurait pu être atteint et a parlé d'un "événement grave". Selon le ministre de l'Intérieur, le tireur, Maxime Brunerie, avait acheté la carabine 22 LR avec laquelle il a tiré à Corbeil-Essonnes (Essonne) la semaine dernière et n'avait pas procédé à la déclaration obligatoire en préfecture.

L.F. avec Xavier Beneroso et Patrick Cohen

 

Dysfonctionnements ?

Interview : André-Michel Ventre, secrétaire du syndicat général des commissaires de police

Nicolas Sarkozy a confirmé qu'une enquête sur la tentative d'attentat avait été ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire. Le parquet de Paris, qui conduit l'enquête, n'a pas saisi la section antiterroriste, ce qui indique que l'hypothèse d'un acte isolé est pour l'instant privilégiée. Mais une question se pose après l’incident: comment un homme armé a-t-il pu se trouver à 150 mètres de Jacques Chirac malgré un service de sécurité imposant ? Sur RTL, Christian Prouteau, le créateur du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GPRS), dénonce un manque de coordination.

Comment s’organise la sécurité du chef de l’État ? Autour du président, trois zones de surveillance. Le premier cercle reste au contact de Jacques Chirac, c'est le GSPR. Une cinquantaine de gendarmes triés sur le volés, entièrement dédiés à la protection rapproché du président. Avec eux, en permanence,. une petite valise. Un clic suffit et se déploie un grand paravent pare-balle. Deuxième cercle : la sécurité de moyenne distance. Dimanche, sur les Champs-Élysées, devant les barrières, il y avait un policier en tenue d'honneur tous les 10 à 20 mètres. Derrière, au milieu de la foule, près de 400 hommes en civil surveillaient par équipe des petits secteurs bien définis.

Le troisième et dernier cercle concerne la collecte de renseignement. Policiers des RG, mais aussi forces de maintien de l'ordre surveillent les rues attenantes, notamment pour prévoir une éventuelle manifestation. Sans compter les tireurs d'élites placés sur les toits à des endroits stratégiques et les démineurs qui vérifient par exemple systématiquement les égouts. Impossible pour les 4000 policiers de fouiller les 100 à 150.000 spectateurs venus assister au défilé. Ce 14 juillet, il y a bien eu des contrôles, mais ceux-ci sont restés aléatoires.

Etienne Huver

RTL Info

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