De : collectif.zonelibre
A : Dominique Moreau , Vincent Delooz , Nadège
Turlure , Sarah Sultan , Audrey Gallet, Elisabeth Kersuzan , midori sakuraï,
Lucie Sertillange , Monya Pekik , Nicolas Bouquet, Juliette Genzmer
Date : 28/05/2004 18:36
Objets : dossier denrées périssables
(réecriture)
La création chorégraphique « denrées
périssables » traite de sentiments qui ne s'expriment
ni par les mots ni par le silence, et confine l'état
de l'être à un isolement propre à l'approche,
puis l'évolution d'une métamorphose, pour finalement
appréhender ce qui doit périr en nous pour
laisser place à l'entité de l'être.
Le personnage principal est à notre image, un être fractionné entre
six interprètes, qui cherchent à construire l'unité de
son entité dans un miroir, traduit par un interprète central, « le
plongeur », que la pensée taoïste définie comme
le hasard, l'insondable, il transforme l'espace, construit d'autres instants,
qui rendent sensible les errances et impasses de l'évolution intérieur
de l'être.
Pour se construire, la qualité gestuelle de la pièce Cathy
Testa et Marc Thiriet se nourrissent paradoxalement des univers distincts
de l'écrivain Japonais Yôko Ogawa et du travail du peintre
Francis Bacon Univers Ainsi, la création chorégraphique
s'inspirant d'Yôko Ogawa s'attache à traduire le traitement
spécifique de la temporalité et de l'esthétique
des corps :
L'isolement qui se dégage des toiles de Francis Bacon trouve ici
un lien direct avec le travail d' Yôko Ogawa, fait d'autoportraits
qui reflètent l'attente, l'approche de la métamorphose.
L'œuvre du peintre trouve sa place dans la scénographie à travers
des parallélépipèdes de verre éclairés.
Les chaises et miroirs qui jalonnent la globalité de son oeuvre
pour se jouer des transparences, des déformations de sa propre
l'image, jusqu'au moment ou les modifications successives de celle ci
finissent par lui ressembler de manière si précise que
l'observateur empli de confusion ne distingue plus le modèle de
l'œuvre permettant aux danseurs un travail sur les jeux de miroirs,
la transparence, l'asphyxie. Ces boîtes transparentes traduisent également
la mise à nu des personnages, le moment où ils sont seuls,
livrés à eux-mêmes, où un dépérissement
les guette. La gestuelle, traduit des corps désincarnés
amenant une extrême sensation d'isolement, d'insignifiance presque égale
au néant.
Egalement seront disposés des applats de films plastiques accrochés
horizontalement sur scène pour donner l'illusion d'une immersion
dans un autre temps ; une idée d'un double-fond, permettant de
jouer avec l'apesanteur.
Présence ou absence de lumière, présence ou absence
de mouvement, présence ou absence de son, de temps, ruptures,
glissement des uns vers d'autres, modifications silencieuses des espaces
sont les éléments qui s'entrecroisent.
Lenteur et précision, les mouvements soudains, tranchent l'espace
et le temps qui se déroulent, pour suspendre l'instant, rattrapent
le cours des choses.
Les corps ancrés au sol, suspendus, tentent d'échapper à l'apesanteur,
je m'inspire des arts martiaux, m'interroge sur le mouvement juste, puise
la gestuelle dans un travail très ancré dans le sol, recherche
de l'axe, mobilité du centre, comme si le corps se transformait
en fil de plomb pour se déplacer en mrbloc dans l'espace. La recherche
du mouvement vient par la mise en place d'un dispositif qui place le
corps du danseur sous tension puis relâchement amenant tensions
musculaires, corps bandé à l'extrême puis ramené au
relâchement, à l'élasticité des mouvements.
Une sorte de chute - redressement. Toujours à la recherche d'un
mouvement ondulatoire, oscillatoire presque imperceptible, intime pour
le danseur.
Vouloir traduire cette oscillation entre la tension et la détente.
Le corps puise sa force par son lien profond avec la terre.
Les interprètes sont chacun une partie inégale de l'interprète
principal fractionné, le reflet de ce personnage principal, une
partie de sa personnalité. |