24 (en français : "24 heures chrono") avec Kiefer Sutherland dans le rôle principal, est un véritable chef d'oeuvre télévisuel comme on n'en avait pas connu depuis The Prisoner de et avec Patrick Mc Goohan (pour plus de détails sur cette série anglaise, cliquez ici).
le visuel :
Deux "gimmicks" (procédés stylistiques récuurents) permettent de distinguer immédiatement 24 des autres séries télé :
- le "split screen" (écran divisé) qui offre au spectateur un regard simultané sur deux, trois voire quatre lieux ou personnages ;
- le chrono digital qui égrène les secondes en temps (quasi) réel ;
Mais il ne faudrait pas en conclure hâtivement que deux procédés cinématographiques suffisent à garantir l'excellence d'une oeuvre télévisuelle ; si le recours à ces deux techniques est systématique dans 24, c'est justement parce qu'ils sont au service d'une narration très efficace.
la narration :
L'enchevêtrement des intrigues confère à chaque épisode une densité rarement atteinte dans une série télé. Si au cours d'un épisode l'écran est divisé en quatre c'est pour que nous prenions connaissance au même moment des développements simultanés de quatre intrigues ! Au fil de la saison, celles-ci s'imbriquent de plus en plus étroitement, rendant le rythme de plus en plus haletant et l'atmosphère de plus en plus oppresante. Car 24, comme The Prisoner, est une série sombre. Le héros, Jack Bauer, et tous ceux qui l'entourent (sa femme, sa fille, ses collaborateurs) s'y démènent contre des forces qui les dépassent.
les personnages :
Ce qui fait la grandeur du personnage principal, Jack Bauer, c'est son obstination, sa pugnacité et ses qualités d'improvisation hors du commun. "Patron" de la CTU (Counter Terrorist Unit - Cellule Anti Terroriste), sa mission est de lutter contre le chaos et l'anarchie qui menacent de détruire toute société organisée. Mission professionnelle donc, mais aussi destin du personnage.
Le patronyme qu'il porte le destinait en effet à cela : Bauer - du verbe allemand "bauen" - signifie "paysan" (ainsi que que "bâtisseur"), mais désigne aussi - et surtout - le "pion" aux échecs. Associé à son prénom - Jack - un anglophone peux penser au conte pour enfant "The house that Jack built" (la maison qui construisit Jack), qui pourrait servir de sous-titre à 24. Jack Bauer est donc un bâtisseur ; il combat les destructeurs (les terroristes, les anarchistes, les fanatiques, les obscurantistes) ; il incarne les forces positives (le paysan cultive et fait fructifier la terre) en lutte perpétuelle contre l'entropie qui désagrège toute structure. Mais il n'incarne pas le Bien contre le Mal au nom d'une vision manichéenne ou moralisante de la vie. Au fur et à mesure que la saison progresse, il apparaît essentiellement comme un pion manipulé à son insu par un (ou des) joueur(s) particulièrement expérimentés... |
De même, Nina Myers, sa plus proche collaboratrice au sein de la CTU, porte elle aussi un nom prédestiné ; Myers est en effet une variante anglicisée de l'allemand Meier (ou Meyer) - c'est-à-dire l'administrateur, le maire (du latin major) - collaborateur indispensable du bâtisseur (architecte). Elle poursuit les mêmes objectifs que Jack et sa confiance en lui est totale. |
La même remarque s'applique à leur supérieur hiérarchique, George Mason, dont le nom est tellement transparent - mason signifie "maçon", encore un bâtisseur - qu'il en devient suspect ! Le double jeu que semble jouer le personnage ne fait d'ailleurs que nourrir de tels soupçons. |
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