1°) Charles Ier (Karl I.) (1887-1922), le dernier empereur :
Charles Ier (d'Autriche), empereur de 1916 à 1918 et, en tant que Charles IV roi de Hongrie, était né à Persenbeug, Autriche. Il fut le dernier monarque austro-hongrois et le dernier Habsbourg régnant. Charles était le fils aîné de l'archiduc Otto et le petit neveu de l'empereur François-Joseph. Après la mort de celui-ci et l'assassinat de son oncle, l'archiduc François-Ferdinand, Charles prit la succession.
Pendant la Guerre, il soutint, dans une lettre secrète, les revendications de la France sur l'Alsace-Lorraine, contre son allié allemand et proposa aussi que l'Allemagne se retire de Belgique. Il désavoua ensuite cette lettre quand elle fut publiée en avril 1918, mais sa révélation eut un effet dévastateur sur les puissances européennes. Après l'effondrement de l'empire austro-hongrois le 11 novembre 1918, Charles abdiqua du trône de Hongrie. En mars 1919 il abandonna l'Autriche, et le parlement autrichien le déposa officiellement en avril. Il réessaya par deux fois en 1921 de regagner le trône de Hongrie mais il fut banni du pays et s'exila sur l'île de Madère où il mourut en 1922.
2°) La Guerre et la fin de l'Autriche-Hongrie :
Le 28 juin 1914, l'héritier au trône impérial, l'archiduc François-Ferdinand et sa femme furent assassinés à Sarajevo par Gavrilo Princip, un nationaliste serbe. Après avoir reçu l'assurance du soutien allemand, le ministère austro-hongrois des affaires étrangères envoya un ultimatum au gouvernement serbe, tenu pour responsable de l'assassinat, et réclama qu'il accepte toutes ses exigences sous trois jours. Malgré une réponse conciliante (toutes les demandes sauf deux étaient acceptées) et la médiation des autres puissances européennes, l'Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie le 28 juillet. Les déclarations de guerre de l'Allemagne, de la France et de la Russie début août transformèrent le conflit en une guerre mondiale.
L'activité militaire austro-hongroise durant la première année de la guerre se concentra contre la Russie et la Serbie. En 1914, l'Autriche-Hongrie comptait parmi les grandes puissances militaires même si le morcellement en trois armées différentes (impériale, Landwehr autrichienne et Honved hongroise) et un budget militaire trois fois inférieur à la France et la Grande-Bretagne, quatre fois moindre que celui de l'Allemagne étaient des handicaps non négligeables. Les trois armées totalisaient seulement 1 800 000 hommes pour une population de 52 millions d'habitants. L'infanterie était sous équipée, seule l'artillerie était supérieure aux autres belligérants. La marine, elle, tint tête brillamment à la flotte française dans l'Adriatique.
En mai 1915, l'Italie, qui s'était déclarée neutre en 1914, quitta la Triple Alliance et entra en guerre du côté des Alliés. L'armée austro-hongroise essuya de nombreux revers et la Double Monarchie, affaiblie par des décennies de dissensions internes, commença à se désintégrer après la mort de François-Joseph en 1916. En 1917, le nouvel empereur Charles Ier échoua dans ses tentatives de paix séparée avec les Allies, irritant les allemands au passage. Dans le même temps, des représentants tchèques, polonais et slaves du Sud (yougoslaves) installèrent des organisations dans les pays alliés pour gagner leur sympathie et leur reconnaissance en tant que nations. A la fin de l'année, cette agitation nationaliste rendit la position monarchique intenable.
Durant le printemps et l'été 1918, les forces austro-hongroises furent battues sur tous les fronts où elles étaient engagées. Le manque de nourriture et de produits de première nécessité entraînèrent des grèves et des mutineries. Des groupes nationalistes au cœur de l'empire, constatant l'inéluctable effondrement de la Double Monarchie, organisèrent des Conseils Nationaux qui commencèrent à agir comme des gouvernements séparés. Les ultimes et trop tardives tentatives de Charles Ier reconnaissant les droits des peuples autrichiens à l'autodétermination (4 octobre 1918) et transformant la monarchie en fédération (17 octobre) furent interprétées comme des aveux de faiblesses.
Les Slaves du Sud, réunis à Zagreb le 7 octobre 1918, approuvèrent leur union avec la Serbie, et le 28 octobre les Tchèques proclamèrent l'indépendance de leur République à Prague. Le gouvernement hongrois annonça la séparation complète d'avec l'Autriche le 3 novembre. Le même jour, l'Autriche et la Hongrie signait chacune un armistice avec les Allies. Le 12 novembre, Charles abandonna toute responsabilité dans l'administration de l'état et quitta le pays. Quelques jours plus tard, l'Autriche et la Hongrie devinrent officiellement des républiques.
Les traités de Saint Germain (pour l'Autriche) et de Trianon (pour la Hongrie) imposées aux états successeurs de l'état vaincu entérinèrent le démantèlement définitif de la Double Monarchie. Les forces armées furent réduites à 30 000 hommes pour l'Autriche et 35 000 pour la Hongrie.
Suite : La Première République autrichienne (1918-1938)
version anglaise Copyright © 2000 by Richard Jaklitsch
version française et ajouts © éric alglave 2001