Le nouveau Chancelier socialiste, Fred Sinowatz, forma une coalition avec le Parti Libéral (FPÖ). Mais la surenchère entre alliés, due à l'arrivée du nouveau leader libéral, Jörg Haider, fit prendre à cette petite formation une orientation plus populiste (de droite) qui conduisit la coalition gouvernementale à l'éclatement en 1986. Si, à ce climat politique tendu, on ajoute des erreurs de gestion et des licenciements dans le secteur public, ainsi que le débat houleux sur les privatisations envisagées par le gouvernement, on comprend la double défaite électorale des socialistes ; l'ancien Secrétaire Général des Nations Unies Kurt Waldheim, du Parti Populaire, devint Président de la République (malgré la polémique sur son passé ambigu dans l'armée allemande entre 1940 et 1945). En novembre, les élections parlementaires ne permirent plus aux socialistes de gouverner sans le Parti Populaire. Sinowatz démissionna et le socialiste Franz Vranitzky lui succèda à la tête d'une coalition "rouge-bleue", gauche-droite (SPÖ-ÖVP).
La conjoncture économique très défavorable au milieu des années 80 (licenciements massifs, déficits budgétaires en aggravation, etc.) ainsi que l'hostilité internationale envers le Président Waldheim rendirent la tâche difficile à l'équipe gouvernementale. Le Parti Libéral devint, sous la houlette démagogique de Jörg Haider, le point de convergence des mécontentements de tous bords et la coalition ne remporta les élections de 1990 que d'extrême justesse.
En 1991, Kurt Waldheim annonça qu'il ne briguerait pas de second mandat, et c'est le socialiste Thomas Klestil qui lui succèda en 1992. Il avait basé sa campagne sur son intention d'accélérer l'entrée de l'Autriche dans l'Union Européenne. Ce fut chose faite en 1994 (par référendum) et l'adhésion fut officialisée le 1er janvier 1995.
Le climat social de cette première moitié de décennie fut aussi envenimé par des attentats au colis piégé (revendiqués par des extrémistes de droite) et de nombreux actes de violence envers les minorités ethniques qui renforcèrent, à gauche, la crainte du spectre Nazi et, à droite, l'attirance pour le discours sécuritaire et xénophobe du FPÖ de Jörg Haider.
Néanmoins, les élections parlementaires d'Octobre 1994 sauvèrent la coalition SPÖ-ÖVP même si celle-ci perdait encore 23 sièges. Le FPÖ, en revanche, progressait toujours (42 sièges au Nationalrat) grâce à son discours très restrictif quand aux droits des minorités ethniques. Il faut dire que le chef du FPÖ, Jörg Haider, est lui-même originaire de Carinthie, un Land (région) frontalier à forte minorité slovène.
En 1995, la coalition fut mise en échec sur le vote du budget mais de nouvelles élections législatives redonnèrent la victoire aux socialistes qui reconstituèrent dès mars 1996 leur alliance avec le Parti Populaire.
Mais ni le climat social toujours morose - car la préparation à l'Euro (1999) imposait des contraintes budgétaires draconiennes -, ni l'usure du pouvoir, ni la popularité toujours grandissante de Jörg Haider ne permettaient à Vranitzky de se maintenir au poste de Chancelier. Son ministre des Finances, Viktor Klima, lui succèda donc en janvier 1997, mais en 2000 celui-ci perdit les élections parlementaires. Le SPÖ restait le premier parti en voix mais, en fort recul (-4,9% à 33,2% des voix, 65 sièges), il fut dépassé par l'addition des voix du FPÖ (+5% à 26,9% des voix, 52 sièges) comme par l'ex-partenaire ÖVP (-1,4% à 26,9% des voix, 52 sièges).
Suite : L'Autriche actuelle (2000- )
version anglaise originale © 2000 by Richard Jaklitsch
version française et ajouts © Eric Alglave 2000/2002
Graphique 1 : les élections depuis 1945 |
Graphique 2 : les élections de 1999 |