L'UE prit donc des "mesures de surveillance" et de boycott diplomatique à l'encontre de l'Autriche qui furent appliquées jusqu'en octobre 2000. Mais, dès le printemps 2001, le FPÖ, discrédité de plus en plus par les attaques xénophobes et anti-européennes de Haider (voir article "Haider attackiert Schröder"), perdit des voix aux élections régionales et municipales (environ -8%) tandis que l'opposition socialiste resserrait ses liens avec le SPD allemand (dont était issu le chancelier fédéral Gerhard Schröder). Les relations austro-allemandes se normalisèrent ainsi quelque peu (voir annexe : relations austro-germaniques).
A l'automne 2002, la coalition "bleue-noire" FPÖ-ÖVP finit par éclater du fait de Jörg Haider qui, sentant que "ses" ministres lui échappaient, fit une surenchère de trop sur les thèmes populistes du refus de l'élargissement à l'Est de l'Europe et de la réforme fiscale (baisse des impôts). Quatre personnalités du FPÖ - la Vice-Chancelière du gouvernement Schüssel et présidente du parti Susanne Riess-Passer, le Ministre des Finances Karl-Heinz Grasser, le Ministre des Transports Mathias Reichhold et le chef du groupe parlementaire Peter Westenthaler - durent démissionner de leurs fonctions et de nouvelles élections législatives, anticipées d'une année, eurent lieu en novembre. Le FPÖ, malgré une campagne démagogique (voir les deux affiches électorales de Carinthie), essuya un
cuisant échec avec seulement 10% des suffrages (soit une chute de 17% par rapport à 2000), tandis que, pour la première fois depuis 1966, l'ÖVP du Chancelier sortant Wolfgang Schüssel devenait le premier parti (+15,3%). Le SPÖ et les Verts ne progressaient que faiblement. La coalition "bleue-noire" signa donc un nouveau contrat de gouvernement très favorable au Parti Populaire (ÖVP).
A l'automne 2003, le gouvernement "Schüssel II" engagea le pays dans une difficile réforme des
retraites et dota l'Autriche d'une nouvelle loi sur le droit d'asile très restrictive, soulevant l'émotion de nombreux milieux intellectuels et humanistes (voir à ce propos l'annexe 2).
Ces réformes impopulaires valurent au parti du Chancelier un échec aux élections régionales
de 2004 et un succès triomphal au FPÖ de Jörg Haider dans son fief de Carinthie (40% des suffrages).
En avril, Heinz Fischer, premier social-démocrate depuis 18 ans, était élu pour succéder à Thomas Klestil au poste
de président de la république.
Les élections européennes de juin confirmèrent le tassement de l'ÖVP (32,66%) et l'effondrement du FPÖ (6,33%) face au SPÖ (33,5%) et aux
Verts (12,8%); mais c'est un "dissident" socialiste qui créa la surprise en obtenant à lui seul 14% des suffrages avec une campagne
aux accents populistes qui fustigeait les dispendieuses subventions européennes.
En Mars 2005, Jörg Haider quittait officiellement le FPÖ pour fonder le Bündnis für die Zukunft Österreichs
(BZÖ), emmenant avec lui 17 des 18
parlementaires, issus des élections de 2002.
2005 fut l'année des retours sur le passé (60ème anniversaire de la libération des camps oblige).
En Avril, un député Vert réclamait l'amnistie pour tous les soldats autrichiens qui avaient déserté l'armée allemande.
Le député Kampl (BZÖ) provoqua le scandale en répondant que "les déserteurs autrichiens de la Wehrmacht étaient des fratricides".
En novembre, le ministre de la défense Platter annonçait pour 2006 ou 2007 (soit dix ans après l'Allemagne) un projet de modification de la constitution afin
d'autoriser l'armée autrichienne à intervenir hors de ses frontières.
Le premier janvier 2006, l'Autriche prenait la présidence tournante de l'Union Européenne et recevait la lourde tâche de sortir l'UE de l'impasse constitutionnelle. Mais c'est surtout le durcissement du code de la nationalité (approuvée par les socialistes) et le sauvetage de la première banque/caisse d'épargne de particuliers, la BAWAG-PSK (Bank für Arbeit und Wirtschaft - Postsparkasse, proche du SPÖ), qui préoccupa le gouvernement en fin de mandat du Chancelier Schüssel.
Les élections législatives d'octobre donnèrent une courte victoire au SPÖ d'Alfred Gusenbauer qui constitua un nouveau gouvernement de grande coalition à l'allemande avec l'ÖVP du chancelier sortant arrivé deuxième. Le BZÖ de Jörg Haider passait de justesse la barre des 4% et son ancien parti le FPÖ obtenait 11% des suffrages dépassant les Verts (10%) (voir graphique 4). Mais les divergences sur l'immigration, la réforme fiscale et la politique européenne firent éclater la coalition qui fut néanmoins reconduite en Septembre 2008 sous la direction du nouveau chancelier Werner Faymann (SPÖ) à l'issue d'élections anticipées. Les deux grands partis reculèrent (SPÖ 29%, ÖVP 25,1%) tandis que la droite populiste progressait fortement (FPÖ 18,3%, BZÖ 11,7%), les Verts demeurant le quatrième parti (avec 9,7% des voix).
Mais Faymann, estimant ne plus avoir la confiance de son parti, dut lui aussi démissionner à la suite du résultat catastrophique de son parti à l'élection présidentielle de 2016. Le 24 avril 2016 vit en effet arriver en tête le libéral-populiste Norbert Hofer (FPÖ) avec 35% des suffrages tandis que le Vert Alexander van der Bellen recueillait 21,5% des voix. Les deux grands partis de gouvernement (SPÖ et ÖVP) étaient donc éliminés du second tour. En 2017 le SPÖ perdit aussi les élections législatives et un nouveau gouvernement de coalition ÖVP-FPÖ fut formé par le jeune et nouveau chef de l'ÖVP Sebastian Kurz. Mais un nouveau scandale concernant Heinz-Christian Strache le chef du parti libéral-populiste (FPÖ) fit éclater la coaltition entraînant des élections législatives anticipées en septembre 2019 (voir annexe 3 : Das Strache-Video und der FPÖ-Skandal).
Le 7 janvier 2020 entrait en fonction le deuxième gouvernement dirigé par Sébastian Kurz allié pour la première fois aux Grünen.
© Eric Alglave 2000/2020
Graphique 1 : les élections depuis 1945 |
Graphique 2 : les élections de 1999 |
Graphique 3 : les élections de 2002 |
Graphique 4 : les élections de 2006 |
Annexe 1 : la campagne 2002 du FPÖ en Carinthie |
Annexe 2 : la réforme du droit d'asile |
Annexe 3 : la vidéo Strache et le scandale du FPÖ |