L'Autriche face à Napoléon (1792-1815)

die Kaiserin Maria-Theresia La seconde moitié du XVIIIème siècle, dominée par la figure de l'impératrice Marie-Thérèse, héritière des Habsbourg, a vu la consolidation d'un vaste empire quelque peu morcelé : le Saint Empire Romain Germanique.
(voir cartes)

La menace vint, pour son successeur Léopold II, du royaume de France, pourtant allié à l'Autriche par sa reine Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, mais qui s'avéra plus fragile que prévu...

die Kaiserin Maria-Theresia

L'état de guerre permanent

De 1792 à 1815 l'Empire des Habsbourg fut presque sans discontinuer en état de guerre ; d'abord, contre la Révolution Française, et ensuite, contre les conquêtes napoléoniennes. Les idées démocratiques et nationalistes des "rebelles" français représentaient en effet une menace pour la monarchie absolue des Habsbourg, qui se trouva entraînée dans le conflit en 1792, lors de l'accession au trône de François II, le fils réactionnaire de Léopold II.
L'entrée en guerre de l'armée austro-prussienne fut marquée par l'invasion victorieuse de la France. Mais pendant l'hiver 1794-1795 les forces françaises repoussèrent leurs assaillants au-delà du Rhin et conquirent même les Pays-Bas autrichiens.
En 1796, Bonaparte fut nommé Commandant de l'armée française en Italie. Il battit quatre généraux autrichiens, bien qu'en force supérieure, et contraignit l'Autriche et ses alliés à la paix. Le Traité de Campo Formio accordait à la France la principale de ses conquêtes : la République Cisalpine (qui deviendrait plus tard le royaume d'Italie) et la consolidation des finances du pays.
En 1800, il affermit son pouvoir en traversant les Alpes pour battre une fois de plus les Autrichiens à Marengo. Il négocia ensuite une paix générale en Europe contre l'acceptation du Rhin comme frontière orientale de la France.
April 1803 conduisit la Grande-Bretagne, provoquée par le comportement agressif de Napoléon, à reprendre les hostilités, rejointe par la Russie et l'Autriche dans une nouvelle coalition. Napoléon abandonna alors ses plans d'invasion de l'Angleterre et se retourna victorieusement contre les armées austro-russes, à Austerlitz le 2 Décembre 1805.
En 1806 il s'empara du royaume de Naples et installa son frère aîné Joseph sur le trône. Il fit de la République de Hollande un royaume pour y installer son frère Louis, et créa la Confédération des Pays Rhénans (l'Allemagne moins la Prusse), sous protectorat français. La Prusse s'allia alors à la Russie et attaqua la Confédération. Napoléon défit l'armée prussienne à Iéna and Auerstädt (1806) et l'armée russe à Friedland.
En 1806, après que Napoléon eut conquis la quasi totalité de l'Allemagne, François II décida de dissoudre le Saint Empire Romain Germanique. Le souverain avait d'ailleurs pris les devants en se proclamant dès 1804 François Ier, empereur héréditaire d'Autriche. La trahison du Tyrol en fut le prix (voir annexe : Andreas Hofer).
Au Traité de Tilsitt (juillet 1807), Napoléon, et son nouvel allié le Tsar Alexandre Ier, infligea à la Prusse de lourdes concessions territoriales : royaume de Westphalie (qui revint à son frère Jérôme), Duché de Varsovie, entre autres.

Puis Napoléon battit à nouveau les Autrichiens à Wagram (1809), il annexa Provinces Illyriennes (aujourd'hui Slovénie, Croatie, Bosnie et Herzégovine, Serbie), et abolit les états papaux.
Il divorça de Joséphine pour épouser, en 1810, l'archiduchesse Marie-Louise de Habsbourg, fille de l'Empereur autrichien. Il espérait ainsi que son fils (né en 1811) serait mieux accepté des autres familles royales régnantes.
Mais c'est aussi en 1810 que l'empire atteignit sa plus grande étendue grâce à l'annexion de Brême, Lubeck, et d'autres régions du Nord de l'Allemagne, ainsi que la totalité du royaume de Hollande après que François II participant toujours activement aux coalitions anglo-austro-prussiennes eut fini, en 1814, par chasser Napoléon en exil définitif.
En outre, le pouvoir et les territoires perdus par l'Empereur furent dans une large mesure recouvrés au Congrès de Vienne (1815). Bien que l'Autriche y perdît des territoires en Belgique et dans le sud-ouest de l'Allemagne (la terre d'origine des Habsbourg), elle gagna la Lombardie, la Vénétie, l'Istrie, et la Dalmatie. L'habileté diplomatique du chancelier, le prince Klemens von Metternich, fit alors de l'Empire des Habsbourg le centre du nouvel ordre (conservateur, monarchiste et réactionnaire) européen. L'influence autrichienne sur les affaires de la nouvelle Confédération Germanique (remplaçant le Saint Empire dissout) et la Sainte Alliance était à son zénith.

Le Congrès de Vienne

A la fin des guerres napoléoniennes, une conférence fut chargée de rétablir les divisions territoriales en Europe. La conférence eut lieu à Vienne de Septembre 1814 à Juin 1815. Des représentants de toutes les puissances européennes (sauf la Turquie) se réunirent en un congrès qui ne fut interrompu que par l'évasion de Napoléon de l'Île d'Elbe en février 1815.
Le plus controversé des monarques étaient le Tsar Alexandre Ier, empereur de Russie, qui soutenait des causes généralement aussi impopulaires que l'unification des états allemands, ou l'installation d'un gouvernement constitutionnel en Pologne.
Le Prince Klemens von Metternich, chancelier autrichien, qui était président du congrès joua un rôle prépondérant dans les négociations.
Bien que les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, et Autriche) eussent décidé que ni la France, ni l'Espagne ou une autre puissance moins importante ne pourrait participer aux décisions finales, le diplomate français Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, qui représentait le roi Louis XVIII, rétabli sur son trône, réussit à obtenir que la France prenne une part égale aux délibérations.
La Grande-Bretagne était représentée par le ministre des affaires étrangères Robert Stewart, le vicomte Castlereagh, et le général Arthur Wellesley, Duc de Wellington.
Le principal délégué de Prusse fut le Prince Karl August von Hardenberg.

Le résultat des négociations priva la France de tous les territoires conquis par Napoléon : la république de Hollande fut unie aux Pays-Bas autrichiens pour constituer le royaume des Pays-Bas sous la Maison d'Orange ; Norvège et Suède revinrent à Charles XIV (Jean de Suède) ; l'indépendance et la neutralité de la Suisse furent garanties par la reconstitution de la Confédération helvétique.
En outre, la Russie obtint la majeure partie du Duché de Varsovie qui devint Royaume de Pologne (avec pour roi le Tsar Alexandre Ier) ; la Prusse reçut la Posnanie (aujourd'hui province polonaise de Poznan), le Nord de la Saxe, et la majeure partie des provinces du Rhin et de Westphalie ; Hanovre devint un royaume à part entière ; l'Autriche enfin récupéra pratiquement tous les territoires perdus récemment et fut dédommagée par' Italie et l'Allemagne (Lombardie et Vénétie) pour la perte des Pays-Bas autrichiens. La Dalmatie (aujourd'hui Croatie) revenait également à l'Autriche, décidément grand vainqueur du Congrès de Vienne.
Une commission territoriale se réunit à Francfort pour créer , en 1819, la Confédération germanique, unifiant 39 états souverains, dont la Prusse, sous la présidence de l'Autriche.

Conclusion

Le Congrès décida aussi de l'abolition de l'esclavage ainsi que de la libre circulation sur les fleuves internationaux.
Il permit enfin et surtout d'instaurer un équilibre des forces en Europe qui assura au continent paix et prospérité pendant 40 années.

Suite : L'ère Metternich (1815 - 1848)

Histoire de l'Autriche index général

© eric alglave 2001