1°) L'état corporatiste (Ständestaat) (1933-1938)
La succession de gouvernements fédéraux dominés par le conservateur Parti Chrétien Social ne réussit jamais à résoudre ni la misère ni les difficultés économiques soulevées par la Grande Dépression. La montée du Nazisme Autrichien aggrava encore la déstabilisation du régime. Face au déclin électoral de son parti et à la montée des oppositions de gauche et d'extrême droite, le Chancelier Chrétien Social Engelbert Dollfuss, décida en 1933 de dissoudre le parlement et gouverna ensuite par décret.
Dès février 1934 le gouvernement, soutenu par l'armée et l'organisation paramilitaire fasciste de la Heimwehr, écrasa l'opposition socialiste. Tous les autres partis politiques furent ensuite interdits eux aussi, à l'exception du Front Patriotique (Vaterländische Front) créé par Dollfuss sur les ruines du Parti Chrétien Social pour rassembler les forces conservatrices. En avril-mai, il introduisit une constitution (Maiverfassung) qui dispensait le gouvernement de toute consultation du parlement et lui donnait l'entier contrôle de l'exécutif. Commença alors la période dite du Ständestaat mise en place par la "constitution de mai". Dollfuss fut tué en juillet lors d'une tentative de putsch nazi.
Le Ständestaat (état corporatiste) est un concept qui décrit la nature (inaboutie) de la Première République durant la période allant du 1er Mai 1934 au 13 Mars 1938. La constitution de 1920 fut remplacée par la "constitution de mai". Sous le régime de parti unique du Front Patriotique (Vaterländische Front) les autres partis politiques furent interdits et remplacés par des organisations professionnelles. Cet état corporatiste fondé par Engelbert Dollfuss et dirigé ensuite par Schuschnigg fut essentiellement soutenu par les membres du Parti Chrétien Social, même si le concept de Ständestaat ne put être entièrement traduit dans la réalité politique concrète.
Les fondements intellectuels émanaient de jeunes politiciens chrétiens sociaux du Heimwehr (milice paramilitaire patriotique) qui s'inspiraient des écrits de Vogelsang, Liechtenstein et de Spann en Autriche, ainsi que de l'encyclique "Quadragesimo anno" (1931) du Pape Pie XI. Le Souverain Pontife y invitait les catholiques à mettre fin à la lutte des classes et à entamer une coopération entre les corporations. |
Sous le nouveau Chancelier, Kurt von Schuschnigg, le régime se désagrégea encore plus, dévoré par les rivalités personnelles. Schuschnigg parvint néanmoins à maintenir son gouvernement en place grâce aux promesses de respect du statu quo faites par le dictateur italien Benito Mussolini. Mais cette "garantie" ne perdura que jusqu'à la formation de l'Axe Rome-Berlin en 1936. Schuschnigg passa alors en toute hâte un accord avec Adolf Hitler qui reconnaissait à l'Autriche le statut d'état "allemand".
2°) L'Anschluß :
Lorsqu'en 1938 Schuschnigg appela par référendum à voter pour ou contre l'indépendance autrichienne, Hitler demanda et obtint sans difficulté la démission du Chancelier. L'Anschluß (annexion ou rattachement) fut "officialisée" lorsque, le 12 mars, les troupes allemandes entrèrent en Autriche acclamées par la foule. Un gouvernement nazi fut formé, sous la direction de Arthur Seyss-Inquart. L'Autriche, désormais Ostmark (Marche Orientale), fut divisée en sept districts administratifs placés directement sous l'autorité centrale du Troisième Reich. L'Autriche cessa d'exister en tant qu'état souverain et indépendant jusqu'en 1945.
3°) La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
En Octobre 1943, les dirigeants des États-Unis, de la Grande Bretagne et de l'URSS signèrent la Déclaration de Moscou qui affirmait que la libération de l'Autriche était l'un des buts poursuivis par les Forces Alliées. En avril 1945, les troupes soviétiques libérèrent la partie orientale jusqu'à Vienne.
Un gouvernement provisoire fut mis en place, dirigé par le socialiste Karl Renner. Et celui-ci fut reconnu par les forces d'occupation occidentales en octobre. Des élections législatives - auxquelles participèrent dix organisations politiques - eurent lieu en novembre. Le Parti Populaire Autrichien (Österreichische Volkspartei, ÖVP, issu de l'ancien Parti Chrétien Social d'avant guerre) obtint 85 sièges au Nationalrat sur un total de 165 ; les socialistes du SPÖ occupaient 76 sièges ; et les communistes du KPÖ 4 sièges. En décembre les deux chambres parlementaires élirent Renner Président de la République. Un gouvernement de coalition fut constitué sous la direction du Chancelier Leopold Figl (Parti Populaire).
Suite : Les débuts de la Seconde République (1945-1983)
version anglaise Copyright © 2000 by Richard Jaklitsch
version française © éric alglave 2001