Les débuts de la Seconde République (1945-1983)

Le camp d'extermination de Mauthausen, 1945

1°) L'occupation alliée (1945-1955) :

Occupation britannique à Vienne © AEIOU Comme l'Allemagne, l'Autriche fut divisée en quatre zones, contrôlées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et la France. Comme Berlin, Vienne fut également divisée en quatre secteurs. C'est en juin 1946 que le gouvernement autrichien recouvra son autorité sur le pays tout entier ainsi que le droit de légiférer et de faire appliquer ses lois. Un gouvernement provisoire s'installa, dirigé par Karl Renner, en outre Président de 1945 à 195O. Les forces d'occupation conservèrent l'autorité en matière de démilitarisation et d'exploitation et/ou d'expropriation des possessions allemandes. Des lois votées en 1946 et 1947 éliminèrent toute influence nazie de la vie publique mais d'anciens nazis (ceux qui n'avaient pas de dossier criminel) furent autorisés à participer aux élections générales de 1949.
Jusqu'en 1947, l'Autriche connut la famine, tant l'agriculture, les transports et les infrastructures routières avaient souffert à la fin de la guerre. Le programme d'aide des Nations Unies contribua à soulager les besoins de la population, mais il fallut attendre 1951 pour que l'industrie retrouve le niveau d'avant-guerre.
Vienne en ruines, 1945

2°) La souveraineté recouvrée (1955) :

C'est seulement (ou déjà si on compare à l'Allemagne !) le 15 mai 1955, au terme de longues négociations entamées dès 1947, que l'Autriche récupéra sa souveraineté complète. L'URSS ne souhaitait pas abandonner une position stratégique en Autriche tant que l'Allemagne ne serait pas "neutralisée" (c'est-à-dire plus ou moins "finlandisée"). Finalement les soviétiques cédèrent mais en échange, l'Autriche s'engageait à "ne rejoindre aucune alliance militaire et n'accepter aucune base militaire étrangère sur son territoire". Le Traité signé le 15 mai stipulait également qu'aucune annexion n'était possible entre l'Autriche et l'Allemagne, que l'Autriche n'avait pas le droit de posséder ou de fabriquer des missiles ou des armes nucléaires, et il prévoyait enfin que l'URSS serait dédommagée des entreprises allemandes confisquées après guerre par des livraisons de pétrole brut autrichien. Les trois autres alliés abandonnaient les droit de réclamation sur les avoirs et possessions allemands en Autriche. Le Traité est signé par Leopold Figl, Chancelier de 1945 à 1953 puis Ministre des Affaires Etrangères de 1953 à 1959. 15 mai 1955, La signature du Traité © AEIOU

Dès août 1955, les soviétiques cédaient le contrôle des puits de pétrole et des quelque 300 entreprises allemandes qu'ils avaient réquisitionnées, et en octobre, toutes les troupes militaires d'occupation se retiraient du pays. En décembre 1955, l'Autriche entrait aux Nations Unies. Elle finit de rembourser son dédommagement à l'URSS en 1961(150 millions de dollars).

3°) Les débuts de la Seconde République (1955-1970) :

Jusqu'en 1966, l'Autriche fut gouvernée par une coalition gauche-droite, constituée par le Parti Socialiste d'Autriche (SPÖ) et le Parti Populaire Autrichien (ÖVP). Le nombre de ministres issus de chaque camp était proportionnel aux résultats électoraux du Parlement. Ce principe, appelé le Proporz(system), fut étendu à la sphère économique, incluant l'administration, l'industrie, l'agriculture, les syndicats, etc. La prospérité reposait en partie sur les entreprises nationalisées (pétrole et électricité) et le secteur bancaire d'état.
Sur le plan international, l'Autriche regagna sa place au sein des pays européens et son droit d'entrée à l'ONU. Un différend frontalier l'opposa néanmoins, en 1957, à l'Italie sur la question du Tyrol Méridional (Südtirol), italien depuis 1919 mais toujours revendiqué par l'Autriche. Un accord fut signé, garantissant à la région germanophone d'Italie une relative autonomie, et surtout la protection des droits linguistiques, culturels et scolaires des "tyroliens du sud".
En 1960, l'Autriche participait à la signature du Traité créant l'Association Européenne de Libre Echange. Un an plus tard, le gouvernement annonçait son intention d'entrer dans une association avec la Communauté Economique Européenne (C.E.E.) qui soit compatible avec son statut de neutralité militaire. Il fallut attendre 1972 pour qu'un accord bilatéral soit signé.
En 1965, la coalition gouvernementale en place fut désavouée sur le vote du budget et le Chancelier Joseph Klaus dut démissionner. Il n'en remporta pas moins les élections qui suivirent et put ainsi constituer le premier gouvernement Populiste sans alliance.
Car en politique intérieure, le Proporz avait assuré au Parti Socialiste SPÖ la présidence de la République (ce qui dura jusqu'en 1986) ; tandis que les Populistes du ÖVP occupèrent le poste de Chancelier sans interruption jusqu'en 1970. Entre 1956 et 1965, les élections au Parlement (Nationalrat) confirmèrent à chaque fois l'équilibre des forces.

4°) L'Ere Kreisky (1970-1983) :

Les socialistes gagnèrent les élections de Mars 1970 d'une courte majorité et le nouveau Chancelier, Bruno Kreisky, voulut constituer un gouvernement de coalition avec les Populistes. Devant le refus du parti qui avait été le grand perdant de ces élections, il forma un cabinet socialiste homogène et en 1971, obtint une confortable majorité (de 93 sièges) à la nouvelle chambre.
L'Ere Kreisky (1970-1983) coïncida avec la modernisation du pays et une élévation sans précédent du niveau de vie de toute la population autrichienne (on se souvenait encore des famines des années 1945, 1946 et 1947 !). Cette période vit aussi l'introduction de nombreuses réformes sociales et en politique étrangère, Kreisky étendit le rayonnement de son pays bien au-delà de la zone germanophone européenne.
L'usure du pouvoir, des scandales financiers, un projet d'augmentation des taxes et l'implantation d'une centrale nucléaire à proximité de Vienne chassèrent de la Chancellerie cet illustre figure de l'Autriche d'après-guerre en 1983. Les antinucléaires remportèrent une première victoire au référendum de 1978, et le gouvernement dut abandonner le projet de construction de la centrale. En 1983, les socialistes perdirent la majorité aux élections parlementaires...

Suite : Le lent déclin du SPÖ (1983-1999)

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version anglaise Copyright © 2000 by Richard Jaklitsch
version française © eric alglave 2001