La RFA : de l'Ostpolitik à la Réunification (1969-1989)

Au début des années 1970, le gouvernement social-libéral de Willy Brandt donne une nouvelle orientation à la politique étrangère de la RFA. Les traités de normalisation des relations avec les pays d'Europe de l'Est se succèdent :
- le 12 août 1970, avec l'URSS ;
- le 7 décembre 1970, avec la Pologne ;
- le 11 décembre 1973, avec la Tchécoslovaquie ;
- entre 1970 et 1973 ont lieu plusieurs visites diplomatiques (voir document 1) et sont signés de nombreux accords RFA-RDA (sur Berlin, sur la circulation des personnes, sur le téléphone, etc...) ;
- sans oublier les conventions avec la Hongrie et la Bulgarie pour l'établissement de relations diplomatiques.

Le 19 septembre 1973, la RFA est reçue à l'ONU (en même temps que la RDA) et en 1975, les deux pays siègent côte à côte à la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (C.S.C.E.) lors du sommet d'Helsinki (voir document 2).
La RFA n'en néglige par pour autant ses partenaires et alliés occidentaux. Elle participe activement à la construction de l'Europe (Système Monétaire Européen).

Sur le plan intérieur, la RFA subit comme le reste des pays industrialisés, les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le pays connaît alors une montée du chômage (plus d'un million de personnes dès 1977).
Mais la coalition sociale-libérale (SPD + FDP) résiste à toutes les tourmentes qui vont balayer l'Allemagne des années 1970 :
- 1973 : choc pétrolier (consécutif à la Guerre du Kippour) ;
- 1974 : "Affaire Guillaume" (du nom d'un proche de Willy Brandt, espion de RDA) ;
- 1977/80 : attentats terroristes (Fraction Armée Rouge, alias "Bande à Baader") ;
- 1979 : second choc pétrolier (dû à la Révolution Islamiste en Iran) ;

Suite au scandale de l'espion Guillaume, Willy Brandt est remplacé par Helmut Schmitt à la Chancellerie. Mais le SPD gagne les élections de 1976 et celles de 1980 sans véritables difficultés. C'est la "trahison" de l'allié libéral FDP qui provoque, en 1982, la chute du gouvernement Schmitt lors d'un "vote de défiance constructif" (motion de censure parlementaire qui doit proposer un projet gouvernemental alternatif). Helmut Kohl s'installe à la chancellerie pour 16 années.

Les deux législatures (82-86 et 86-90) sont marquées par un désintérêt croissant de la population vis-à-vis du pouvoir politique. C'est l'époque du mouvement alternatif (favorable à une économie non-mercantile), appelé aussi "écolo-pacifiste" (par son refus de toute forme de destruction, quelle qu'elle soit), des squats de Berlin (les sans-abri "investissent" les logements vides et les occupent). Pour un peu, on se croirait revenu au temps de l'APO (opposition extra-parlementaire)...
Le chancelier Kohl mène une politique néo-libérale de démantèlement des structures sociales de la RFA en s'inspirant de la Premier Ministre britannique Margaret Thatcher et du Président américain Ronald Reagan : réduction des déficits et du budget de l'état, diminution des impôts, exonération des charges patronales, privatisations des entreprises publiques (chemins de fer, poste, compagnie aérienne, téléphone, ...).
Le chômage commence à monter sérieusement et fait vaciller la cohésion sociale, appelée outre-Rhin le "consensus social", car il repose sur le principe de la co-gestion paritaire patronat/syndicat que Kohl met justement à mal en rompant l'équilibre des forces.
Sur le plan diplomatique en revanche, son entente exceptionnelle avec François Mitterrand permet le renforcement des liens d'amitié entre les deux pays et facilite les progrès de la construction européenne que sont l'Acte Unique, les Accords de libre circulation de Schengen, la préparation de la monnaie unique et du Traité de Maastricht. La création de l'Eurocorps d'armée franco-allemand date également de cette période.

Mais le rayonnement du chancelier Kohl sur la scène internationale ne satisfait que modérément les citoyens inquiets de la dégradation de leurs conditions de vie quotidienne. Les élections de 1990 se présentent mal pour la coalition CDU-FDP ; c'est l'autre Allemagne - la RDA - qui, par son implosion aussi rapide qu'inattendue, va paradoxalement sauver la majorité gouvernementale en place à Bonn depuis huit ans...

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