LE VORMÄRZ

Le Congrès de Vienne ignore les attentes des populations en matière d'unité nationale et de représentation politique. Ni la Prusse, ni l'Autriche ne sont prêtes à accepter la domination de l'autre ; quant aux états du sud (Bavière et Wurtemberg notamment) ils ne veulent pas non plus renoncer à leur souveraineté acquise au sein de la Fédération Rhénane. Restent les petits et impuissants micro-états qui ne participent qu'à la fin du Congrès.
Le résultat est une structure à la fois très lourde administrativement et très lâche politiquement. Le seul organe commun à toute l'Allemagne est la Diète Fédérale, qui n'est pas un parlement élu et représentatif mais une assemblée démissaires mandatés par les princes et autres souverains des différents états allemands. La nouvelle Fédération continue donc à sauvegarder les intérêts des dynasties régnantes.

De 1815 à mars 1848 (Vormärz signifie avant-mars) naissent de nombreux mouvements réformateurs en opposition à la Restauration légitimiste de la Confédération Germanique, membre de la Sainte Alliance où Russie, Prusse et Autriche se prêtent mutuellement assistance en toute circonstance.
Ce mouvement révolutionnaire nationaliste et réformateur secoue d'ailleurs toute l'Europe : les combats de libération grecs et polonais se rejoignent en Allemagne pour critiquer les monarchies et l'absence de libertés, la Révolution de Juillet 1830 en France entraîne dans son sillage des soulèvements révolutionnaires nationalistes à travers tout le continent. En Allemagne, ce sont les états du Sud qui s'illustrent particulièrement.
Ainsi, le 27 mai 1832, plus de 20000 personnes se rassemblent à Neustadt an der Weinstraße pour aller manifester au château de Hambach et réclamer lors d'une assemblée populaire plus de liberté et l'unité nationale de l'Allemagne. Cette "Fête de Hambach" est aujourd'hui encore célébrée comme l'une des rares dates marquantes de l'histoire allemande pour ce qui est de la tradition démocratique (voir aussi documents).
A ces manifestations s'ajoute la nécessité économique. Après un début de mécanisation prometteur, le commerce et l'industrie souffrent en effet de l'éclatement politique et économique d'une Allemagne qui se perd dans un imbroglio de tarifs douaniers, monnaies locales, poids et mesures non-harmonisés. Car non seulement chaque état mais aussi chaque province et même chaque ville a ses barrières douanières ! Mais paradoxalement, alors que le protectionnisme national renforce le marché intérieur français, le "micro-fiscalisme" allemand empêche le pays de s'unifier économiquement et le livre à la concurrence étrangère. Un premier pas est franchi avec la suppression des droits de douane intérieurs en Prusse en 1818, étendue par l'Union Douanière aux états du Centre et du Sud de l'Allemagne en 1833.
Parallélement, les courants politiques issus des guerres de libération (napoléoniennes) s'implantent dans la jeunesse par le biais des "confréries" ou "fraternités" dont la première manifestation publique a lieu en 1817. Ces "confréries" propageront les idées libérales (modérées) et républicaines ( plus radicales) à travers toute l'Allemagne.Malgré des divergences, leurs revendications sont communes : unité nationale, représentation populaire et libertés individuelles.
Dans les années 1840, l'industrialisation et la modernisation du pays provoquent la paupérisation de nombreuses catégories de la population. C'est cette situation que décriront et théoriseront des intellectuels comme Johann Jacoby d'abord, puis Karl Marx et Friedrich Engels par la suite.
En 1847, les équilibres politiques, économiques et sociaux se sont dégradés au point que les divers groupes politiques des divers états indépendants d'Allemagne parviennent à s'entendre par delà les frontières. La seule ligne de faille demeure le recours (ou non) à la violence révolutionnaire pour arracher "les droits du peuple" et l'unité nationale. Réunions populaires spontanées ou organisées, révoltes paysannes, pétitions adressées aux gouvernants se multiplient dans l'hiver 1847-1848. Elles culminent en mars 1848 dans les "revendications de mars" parties initialement du Sud-Ouest. On y réclame la liberté de la presse, des cours d'assises (avec jury), des constitutions pour les états indépendants et la convocation d'un parlement allemand.
La ville de Francfort sera le foyer principal de la Révolution de Mars 1848...

Suite écrivez-moi index général

(c) eric alglave 1999