VIKOR

Nexus

L'histoire de George Vikor est plus intéressante par les tourments intérieurs du personnage éponyme - un "héros" déchu de la guerre de Corée - que par le nouveau complot extra-terrestre (qui est ici assez prévisible).

Le nom même de Vikor fait d'abord penser à vicaire car, en anglais, vicar et vikor se prononcent pratiquement pareil) ; or, Vikor se fait bel et bien l'ambassadeur des envahisseurs auprès de l'espèce humaine, porteur d'un message (que lui a inculqué Nexus) de paix, d'espérance et de progrès.
Vikor fait aussi, graphiquement, penser à victor (cf. victory), et donc à une victoire tronquée (celle dont le héros de Corée pense avoir été frustré).

Voici donc un épisode précurseur pour son époque, dans la mesure où il porte un regard fort critique sur l'engagement militaire des Etats-Unis en Corée (mais aussi au Viet-Nam, car Les Envahisseurs sont tournés en 1967-68) ; sans franchement condamner l'intervention américaine en Indochine, la série s'interroge sur le sort qui est réservé aux soldats qui rentrent du front et par conséquent sur l'intérêt d'y envoyer toujours plus d'américains qui en reviennent déracinés et psychologiquement instables. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
On peut en douter quand on voit, à la fin de l'épisode, Vikor prêt à livrer David Vincent - ça c'est prévisible - et sa propre épouse - ça l'est moins ! - aux envahisseurs, en échange d'une hypothétique connaissance universelle promise par Nexus...

L'histoire :

Un laveur de carreaux dans l'exercice de ses fonctions aperçoit à l'intérieur d'un hagard des entreprises Vikor ce qu'il croit être deux hommes qui, en fait, sont deux envahisseurs en train de se faire régénérer dans des tubes désormais familiers du spectateur assidu de la série. Effrayé, il parvient à prendre la fuite jusqu'à son camion, où il est rejoint et tué par un extra-terrestre qui le neutralise au moyen d'un disque appliqué sur la nuque. regeneration

David Vincent arrive sur place peu après et il se fait enager chez Vikor comme chauffeur de Madame Vikor, dont nous avons appris peu avant qu'elle était alcoolique.
Cet fâcheuse dépendance est due, semble-t-il à la solitude et à la désaffection dans lesquelles la tient son mari, George Vikor, trop accaparé par ses tractations professionnelles avec M. Nexus, son nouvel investisseur.

David Vincent découvre bien vite ce qui se cache dans les entrepots Vikor (une fabrique de tubes de régénération) et ce qu'a vu le laveur de carreaux (car il "visite" une salle déjà équippée et assiste peu près à son fonctionnement).

L'une des deux meilleures scènes de l'épisode est celle où Vincent, Vikor et sa femme se retrouvent seuls dans une auberge pour tenter de mettre au point une stratégie qui les tirent des griffes de Nexus. Vikor y est torturé par un dilemme quasi cornellien (ou shakespearien) : doit-il trahir Nexus et sauver sa femme ou doit-il trahir sa femme pour sauver (croit-il) son entreprise et son propre avenir ? Le jeu de l'acteur Jack Lord (Hawaï Police d'état) y est remarquable.
Il excelle encore dans une seconde scène, solitaire, où Vikor écoute et ré-écoute à l'envi un enregistrement de son retour triomphal de Corée où, tout auréolé de gloire et de décoratipons militaires, il est acclamé par la foule venue l'accueillir en héros. La nostalgie et l'amertume déforment les traits de son visage...

La dimension tragique (encore une fois digne de Corneille et Shakespeare) est évidemment présente à la fin, lorsque Nexus fait exécuter Vikor que David Vincent a eu l'idée de faire passer pour un traitre en utilisant les micros espions dissimulés chez les époux Vikor.

Conclusion :

Il n'est pas inutile de remarquer au passage que ce ne sont pas les scrupules qui étouffent Vincent ou l'empêchent d'agir. Le personnage y gagne en complexité ce qu'il perd en sympathie. Il devient plus un inquisiteur (ou un chevalier templier, un croisé) qu'un simple citoyen qui défend sa patrie envahie.
Cet aspect de croisé défenseur de la vraie foi (contre l'hérésie moderne des envahisseurs) réapparaitra bientôt dans la série. Mais il est d'ores et déjà permis de s'interroger sur le message ambigu- conservateur ? - que véhiculent Les Envahisseurs...

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