1°) Sous le regard du Maître : L'inspiration très "hitchcockienne" de cet épisode est plus un hommage rendu au Maître du suspense qu'un simple plagiat. Deux scènes très angoissantes sont en effet des citations - réussies - de La Mort aux trousses (North by Northwest, 1959) et Les Oiseaux (The Birds, 1963).
1°) La jeune professeur Ellen Woods vient de surprendre un de ses étudiants en compagnie du Constable et d'un fermier de la région (Danielson), tandis que tous les trois sont en train de régler un mystérieux appareil rempli d'insectes bourdonnants.
Devant les mines de conspirateurs de ses "hôtes" et sous la menace d'une barre de fer, elle s'enfuit à toutes jambes à travers la campagne, poursuivie par un essaim d'insectes (des locustes) qui la traquent jusque dans un cabanon en ruine où elle a trouvé un refuge précaire.
L'attaque des insectes à travers les parois décrépies de la cabane rappelle immanquablement Les Oiseaux.
2°) David Vincent se rend dans ce village - dont on nous dit qu'il est situé à 50 km du centre géographique des Etats-Unis - car les journaux ont attiré son attention sur cette troisième attaque de locustes en quelques semaines (ce qui est, certes, tout à fait inhabituel !).
Mais sa curiosité est fort peu appréciée des autochtones qui s'empressent de le passer à tabac avant de le faire chasser hors de la ville par le shériff en personne.
Tandis que la voiture de police roule vers le village voisin, le chauffeur fait halte en rase campagne et Vincent devine que ses deux "compagnons de voyage" en veulent à sa vie.
Il saute par la portière et se sauve sous les balles du shériff. Il trouve un semblant d'abri au milieu d'un champ de maïs, jusqu'à ce qu'un autre essaim d'insectes se dirige vers lui, menaçant de le dévorer. Ellen Woods, venue à son secours, l'aidera à courir jusqu'à un silo dont ils forcent l'entrée et où ils découvrent que les envahisseurs y élèvent des papillons carnivores !.
La première partie de cette scène évoque la célèbre poursuite de La Mort aux Trousses où Cary Grant essuie les tirs d'un avion qui survole un champ de maïs.
La seconde moitié est une nouvelle reminiscence des Oiseaux.
2°) L'épouvante au quotidien :
Le plus atroce dans cet épisode (comme dans les films d'Hitchcock déjà évoqués) c'est l'incroyable froideur - caractéristique des envahisseurs - de la réalisation. Hormis le fiancé d'Ellen, Ed Gidney, qui témoigne intérêt et compassion pour ses semblables, aucun habitant du village ne manifeste la moindre sollicitude envers l'enseignante dépressive. Et même Oliver Ames, le directeur de l'école, tente de la faire passer pour folle !
Nous soupçonnons rapidement qu'il est un envahisseur, tout comme la vieille Mademoiselle Havergill.
Enfin, on ne sait ce qui est réellement le plus déprimant entre le plan diabolique des envahisseurs (qui ont prévu de lâcher une nuée de papillons carnivores sur l'Amérique) et le fermier sans scrupule Danielson (qui a déjà racheté plusieurs propriétés agricoles du comté en profitant du climat de psychose créé par les multiples attaques de locustes) !
Cette violence ordinaire en milieu rural est rendue par une bande-son étonnament discrète (on entend très peu de musique) et une économie dans les dialogues qui mettent en valeur les nombreux et longs moments de silence (ou de bourdonnements d'insectes).
Commentaires :
Maître du suspense : pour une filmographie complète et de plus amples informations, visitez cet excellent site sur Hitchcock.
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(c) 2001 éric alglave