Econduit par la domestique, il n'ose frapper à la porte une seconde fois et s'apprête à partir lorsqu'il reconnait un bruit familier : la fameuse Lotus Seven se gare devant la maison et une femme élégante en descend. Le Prisonnier l'interpelle :
P. : What's the number of that car ?
Woman (intrigued and amused, looking at him up and down) :... Terribly interesting ! P. : K.A.R., A hundred and twenty, C. What's the engine number ? W. : Do, tell me ! P. : 461034TZ. W. : Marvellous ! P. : I know every nut and bolt and cog. I built it with my own hands. W. : Then you're just the man I want to see. I've been having a good deal of overheating in traffic. Perhaps you'd care to advise me... Come in... |
Quel est le numéro de cette voiture ?
(elle le regarde de haut en bas, amusée et intriguée) : ... Terriblement interessant ! K.A.R., cent-vingt, C. Quel est le numéro de moteur ? Allez-y, dîtes-le moi. 461034TZ. Merveilleux ! J'en connais chaque écrou, boulon et vis. Je l'ai construite de mes propres mains. Alors vous êtes juste l'homme dont j'ai besoin ! J'ai eu des problèmes de surchauffe dans les embouteillages. Peut-être voudriez-vous bien me conseiller... Entrez donc... |
La visite de "sa" maison est un double choc pour le Prisonnier : non seulement il se retrouve dans "ses" anciens meubles, mais aussi dans son univers carcéral du Village, puisque celui-ci est conçu à l'identique !
Son hôtesse attend qu'il ait fait le tour du "propriétaire" puis elle lui offre le thé. La conversation reprend entre Mrs. Butterworth et Mr. Peter Smith :
Woman : Refreshment's on the way. Now, tell me more. P. :What's the date ? W. : Saturday March the 18th. P. : Tomorrow's my birthday ! |
Les rafraichissements sont en route.Et maintenant, dîtes m'en plus.
Quel jour sommes nous ? Le samedi 18 mars. Demain c'est mon anniversaire ! |
Divers indices nous ont déjà amenés à douter de la "chance" qui était offerte au Prisonnier dans cette évasion :
- comment se peut-il que TOUS les Villageois aient déserté le Village (sans que cela ait été organisé) ?
- pourquoi le fugitif ne rencontre-t-il que des vagabonds avant son arrivée à Londres. Coïncidence ?
- est-il vraisemblable que la nouvelle propriétaire de sa maison possède AUSSI son ancienne voiture ?
- au moment où la Lotus s'engage dans la rue retentit un coup de trompette tout à fait identique à celui qui précède une annonce officielle au Village. Coïncidence ?
- pourquoi l'arrivée du Prisonnier à Londres coïncide-t-elle avec son anniversaire (si ce n'est pour affaiblir ses défenses habituelles et créer un choc affectif) ?
- comment Mrs. Butterworth (veuve d'officier de marine) a-t-elle trouvé ce logement, si ce n'est par l'intermédiaire des services secrets ? Et alors quel rôle y joue-t-elle ?
Après une collation littéralement engloutie et une vérification (bien inutile) des papiers de location de la maison, le Prisonnier prend congé :
P. : Mrs. Butterworth, you've been extremely kind in allowing me to intrude upon your privacy in this way. I have to make two important calls, one in the country, one in town. So, if you please excuse me, I'll say goodbye. Woman (abruptly) : You must'n go like that ! |
Mme Butterworth, vous avez été extrèmement gentille de me permettre cette intrusion dans votre vie privée. J'ai deux importants coup de fil à donner, l'un dans le pays, l'autre en ville. Aussi, je vais prendre congé. (abruptement) : Vous ne devez pas partir ainsi ! |
La réaction trop brutale est vite rattrappée par un excès de courtoisie : le Prisonnier doit prendre une douche, changer de vêtements, accepter un peu d'argent et les clés de la Lotus... s'il promet, en échange, de revenir et de s'occuper de ce problème de surchauffe :
P. : It's a deal. Woman : Bon voyage. P. : Mrs. Butterworth, you've been... W. : No speeches. Off you go. Don't forget to come back. P. I'll be back. W. : I might even bake you a birthday cake. |
Marché conclu. Bon voyage. Mme Butterworth, vous avez été extrèmement... Assez parlé. Allez-vous-en. N'oubliez pas de revenir. Je reviendrai. Il se pourrait même que je vous fasse un gâteau d'anniversaire. |
Et le Prisonnier démarre, au volant de "sa" voiture, sur le thème musical du générique...
Après un court trajet dans Londres - identique à celui du générique - nous retrouvons le Prisonnier devant le bureau du supérieur auquel il avait rageusement remis sa démission. Son retour inattendu (?) au bercail lui vaut d'être immédiatement reçu par deux hommes, le "Colonel" et Thorpe, un civil plutôt distant et dédaigneux.
La conversation s'engage sur un mode ironique. Thorpe semble accorder peu de crédit aux clichés pris par le Prisonnier avant son évasion.
Commence alors un "débriefing" méthodique de l'espion prodigue :
P. : I'm sorry to interrupt an afternoon's golf, Colonel, but this is not a joking matter.
Colonel : My dear fellow, you musn't blame Thorpe. After all, you yourself on occasion could be a little sceptical. That's why you were such a good man. Why we were sorry to lose you. P. : The evidence is there ! Thorpe : A set of photographs, from ground level, of a holiday resort ! And a school boy navigational log on the back of what you call the Village newspaper ! |
Je suis navré d'interrompre un après-midi de golf, Colonel, mais il ne s'agit pas d'une plaisanterie. Thorpe n'est pas à blâmer, mon cher. Après tout, vous aussi vous avez su être un peu sceptique de temps à autre. C'est ce qui faisait de vous un si bon agent. C'est qui nous fait vous regretter. Mais la preuve est devant vous ! Un jeu de photos, prises au niveau du sol, représentant un lieu de villégiature ! Et un carnet de navigation digne d'un écolier au dos de ce que vous appelez le journal du Village ! |
L'incrédulité de Thorpe semble très légitime. Le Prisonnier s'insurge, proteste et tente, en vain, de se justifier.
Colonel : My dear fellow, you really musn't get excited. You must forgive us. You see, we have a problem. Tell him our problem, Thorpe. Thorpe : You resign. You disappear. You return. You spin a yarn that Hans Christian Andersen would reject for a fairy tale. C. : And we must be sure. People defect. An unhappy thought, but a fact of life. They defect. From one side to the other... P. : I also have a problem. I'm not sure which side runs this Village. C. A mutual problem. P. : Which I'm going to solve. (...) If not here, then elsewhere. C. : Thorpe ! (...) Check every detail contained in our ex-colleague's report. |
Mon cher, vous ne devriez pas vous enerver comme ça. Pardonnez-nous, mais nous avons un problème, voyez-vous. Expliquez-lui notre problème, Thorpe. Vous démissionnez. Vous disparaissez. Vous revenez. Vous montez une une histoire dont même Hans Christian andersen ne voudrait pas comme conte de fées. Et nous devons être sûrs. Il arrive que les gens trahissent. C'est certes déplaisant, mais c'est un fait. Ils trahissent. Passent d'un camp à l'autre... Moi aussi, j'ai un problème. Je ne suis pas sûr de savoir quel camp dirige le Village. Un problème commun. Que j'entends bien résoudre. (...) Que ce soit ici ou ailleurs. Thorpe ! (...) Vérifiez chaque détail du rapport de notre ex-collègue. |
Bien évidemment, l'enquête confirme en tous points (sauf le bateau de pirates qui demeure introuvable) les allégations du Prisonnier. Le Colonel conclut :
C. : Let us say the dice are heavily loaded... in your favor. |
Disons que les dés sont lourdement pipés... en votre faveur.
|
Il s'agit donc maintenant de localiser le Village. En faisant divers recoupements (durée du voyage + vitesse du radeau + position du phare en Angleterre + architecture méditerranéenne du Village etc...) les trois hommes arrivent à la conclusion que le Village doit se situer sur une île entre le Sud du Portugal et le Maroc.
Un survol de la zone en avion devrait permettre de le vérifier. Le Prisonnier servira de navigateur au pilote d'essai.
Dans l'avion, tout se déroule normalement... jusqu'au moment où le Village est effectivement repéré. Le pilote se débarasse alors de son casque, se retourne vers son passager et lui dit :
Pilot : Be seeing you ! | | Bonjour chez vous ! |
Puis il tire sur une manette et le Prisonnier se trouve éjecté au-dessus du Village qu'il a eu tant de mal à quitter ! Le même chat noir qu'au début de l'épisode assiste à son atterrissage. Le Village semble toujours aussi désert.
Mais lorsque le Prisonnier regagne "sa" maison, la douche se remet en route, la lumière revient, et la cafetière se met à bouillir.
Entre alors, vêtue d'une robe à damier bleu et blanc, Mrs. Butterworth. Elle apporte un gâteau d'anniversaire et sur sa robe est accroché... un badge N°2 !
Mrs. B. : Many happy returns ! | | Joyeux anniversaire (et bienvenue) ! |
Dehors, on entend une musique de fanfare qui semble saluer cet heureux retour du Prisonnier au bercail. La vie reprend au Village.
Les images :
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Voir aussi l'épisode Hammer into Anvil.
Les notes:
à l'identique : l'effet est bien sûr volontaire. Notre univers n'est pas une prison qu'en vertu de son architecte concentrationnaire (tours, gratte-ciel, HLM,...) ou de son conformisme (poste de télé, cuisinière,lit,...). Il est LA prison que NOUS nous forgeons au quotidien, quel que soit le lieu où sa configuration.
abruptement : le ton comminatoire de Mrs. Butterworth est le signe qu'elle est habituée à commander et à être obéie. Elle n'est pas ce qu'elle prétend être. Mais qui est-elle vraiment ?
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Texte : © eric alglave 1999
Images : © ITV/Polygram Video