Les liens en jaune sont des renvois en bas de page.
Ce 7ème épisode de la série, désormais culte, "Un fantôme dans l'ordinateur" fait partie de ces premiers épisodes où la série
commençait à rouler ; les personnages étaient présentés, la conspiration était lancée et l'on pouvait se concentrer sur l'histoire.
Les X-Files développèrent un thème par épisode, des fantasmes et aux peurs intimement liés à l'humanité. Cet épisode ne fait pas exception à la règle...
Ainsi, les collègues Mulder et Scully se penchent, à la demande d'un ancien collègue de Mulder sur une affaire mystérieuse (ce
n'est ni la première, ni la dernière) : Le PDG d'une importante entreprise informatique se fait tuer d'une manière
particulièrement inventive, au siège de son entreprise, bâtiment entièrement sous la gestion (le contrôle ?) du C.O.S. (système informatique centralisé) ...
Ce thème de la machine toute puissante - et de la peur qu'elle suscite - a tellement été utilisé, aussi bien dans la littérature que dans le cinéma, et son sujet est
tellement porteur, qu'il va me permettre, une fois n'est pas coutume de sortir du cadre de cet épisode où les personnages ne
sont pas encore assez consistants...
Ainsi, entre autres, " Big brother " de George Orwell , "HAL" de Stanley Kubrick et "Skynet" de James Cameron sont
tous trois des ordinateurs qui ont en commun leur indépendance, mais aussi leurs buts : réduire l'humanité à l'état d'esclavage à
défaut de l'éradiquer. Et le "C.O.S." de cet épisode n'échappe pas à la règle ; il serait d'ailleurs étonnant que ces trois lettres
ne soient, si ce n'est un hommage, une référence à l'ordinateur de "2001, L'odyssée de l'espace".
Une légende, qu'on ne saurait aujourd'hui dater, a toujours prédit que l'homme serait à l'origine de sa fin, et l'explosion de
l'informatique a fait office d'aubaine pour les scénaristes ; ils auraient donc réussi, ces informaticiens, ils auraient
perfectionné l'ordinateur à un tel point qu'il en serait devenu humain (Bonjour les chevilles !) et tellement
humain qu'il en aurait hérité l'instinct de conservation et la violence (justement ces cotés de notre nature qui nous font peur) !
Ainsi, le C.O.S, tout comme H.A.L., tue pour éviter sa destruction, alors que Skynet à travers ses Terminators vise la destruction
de l'humanité afin d'obtenir une hégémonie mondiale à travers sa toute puissance (Transfert quand tu nous tiens).
Mais cet épisode relève aussi d'une autre peur en cette fin de millénaire : la psychose du "tous fichés". En ce sens, Orwell, avec son
Big brother, étaient réellement un visionnaire... En effet, aujourd'hui nous sommes tous fichés quelque part et une simple
machine connaît une part non négligeable de notre existence. C'est pourquoi, à l'appui de cette théorie (réalité ?), le C.O.S, après avoir tué le
PDG de l'entreprise déclare "Fichier effacé"...
On y voit également qu'une fois l'intelligence donnée à une machine, elle n'a plus besoin de l'homme pour évoluer. Le C.O.S,
qui n'avait pas la parole, se l'attribue à la plus grande surprise de son créateur (tel un enfant qui apprend à parler).
Enfin, on peut voir à travers cette peur/attirance qui lie l'homme à sa création (l'homme se prend pour Dieu), une tout autre réalité, à savoir que l'homme a peur de lui-même, de sa nature parfois incontrôlable.
Notes :
Pour revenir au texte recliquez sur le lien
C.O.S. : pour Central Operating System, on est loin de l'imagination plus insolente de Arthur C. Clarke dans 2001, où - selon une légende séduisante chère aux aficionados - H.A.L. seraient les initiales de I.B.M. décalées d'une lettre !
Hommage ? Je pencherais plutôt pour un timide détournement du D.O.S. bien connu des utilisateurs de micro-ordinateurs avant l'ère Windows...
Surprise : à la plus grande fierté aussi du maître qui se voit avec orgueil dépassé par son élève, ou sa créature... La machine pensante rejoint le Frankenstein de Mary Shelley. L'objectivation des peurs et des fantasmes (le fait qu'objet soit investi d'un caractère humain) est un thème romantique (les américains disent aussi gothique) très répandu...
Nature incontrôlable : d'autres épisodes, bien plus ambitieux, montreront jusqu'où peut aller la folie de l'homme lorsqu'il joue les apprentis sorciers (cf. en autres dans la seule 1ère saison : 1X03 Conduit, 1X10 Eve, 1X16 E.B.E. et 1X23 The Erlenmeyer flask).