Les liens en jaune sont des renvois en bas de page.
Vraiment, il y a des fois, on se demande à quoi l'on paye les personnes chargées de traduire les titres en français, car encore
une fois, "Faux frères siamois" est loin, mais très loin d'avoir la finesse du titre original "Humbug".
Ce mot allemand
regroupe un grand nombre de définitions qui pourraient chacune s'adapter à cet épisode : non sens, folie, absurdité,
charlatanerie, mystification...
En effet, les deux agents se retrouvent ici à enquêter sur des meurtres au sein d'une communauté dont tous les habitants sont
atteints de difformités.
Comme d'habitude, sous couvert d'une histoire abracadabrante, les X-Files s'attelent à une étude du non sens de l'homme...
C'est d'ailleurs une spécificité des X-Files où, dans les toutes premières saisons, les scénarios des épisodes partent souvent
d'une idée tout droit sortie d'un journal et relatent des histoires qui frisent souvent la charlatanerie, mais proposent presque à chaque
fois un message en filigrane....
Cet épisode s'axe principalement sur un thème qui pourrait être résumé par : il ne faut jamais se fier aux apparences.
Le ton
de l'épisode est donné dès le pré-générique nous montrant la main de quelque chose observant deux enfants qui s'amusent dans leur piscine ; la tension ne cesse de monter au fur et à mesure que cette "main" se rapproche, et elle atteint son
paroxysme quand la créature plonge sous l'eau et se rapproche des jambes agitées des deux enfants, pour finir comme ce que l'on pense
être un remake des dents de la mer... mais il ne s'agit en réalité que du père des deux enfants qui veut jouer avec eux, celui-ci
étant uniquement atteint d'un dessèchement de l'épiderme.
D'ailleurs une fois passée leur peur due à l'effet de surprise, les deux enfants sont rassurés car ils reconnaissent leur père ; ils ne
s'arrêtent donc plus aux apparences, mais s'attachent au fond.
C'est justement ce que dénonce cet épisode, ce travers humain qui consiste à toujours juger en premier lieu sur les apparences, c'est pour cette raison que l'habit fait le moine !
En effet, les gens différents de la norme doivent lutter contre le regard des autres, mais en disant cela Scully les considère elle-même comme des erreurs par rapport à la norme. Elle ne peut donc pas imaginer leurs souffrances puisqu'elle-même fait
Et pour juger sur les apparences, on se réfère à des stéréotypes de la perfection liés au phénomène de masse...
Citons Scully : "J'imaginais la souffrance des gens qui doivent endurer tout ça..."
Inversement, une personne au physique "classique" vivant au sein de la communauté de ces êtres demande : "qui sont ces
ploucs ?" en voyant arriver Mulder et Scully qui étaient certainement en train de se poser la même question à son sujet.
Mais l'hôtelier juge aussi Mulder selon son apparence : "tenu d'américain soigneux, votre air apprêté, votre cravate d'une
banalité sinistre, j'en ai conclu que vous deviez être fonctionnaire, travaillez au F.B.I. disons."
Bien sûr, ici il ne se trompe pas, car c'est Mulder lui-même qui s'est conformé à un stéréotype volontairement, son métier à
pris le pas sur sa personnalité ce qui peut paraître paradoxal quand on connaît la personnalité de ce personnage qui n'a rien du
fonctionnaire zélé ; or pourtant il en a l'apparence.
On est donc toujours un peu comme les autres nous voient, cette idée étant reprise dans l'épisode par la technique de ne
montrer les difformités que dans des miroirs qui ici symbolisent le regard des autres.
Mais le labyrinthe de miroirs relève d'une autre métaphore, montrant aussi Mulder et Scully prisonniers de leur image. Cet épisode semble nous montrer que tout n'est qu'illusion, qu'il faudrait tout voir dans son intégralité pour pouvoir juger.
Ainsi :
- à son réveil, Scully croit voir un homme tomber dans le vide, puis, quelques instants après, elle s'aperçoit qu'il était en réalité
sur un trampoline ;
- Scully fait semblant de manger des insectes ;
- Mulder croit que l'hôtelier est en train d'épier Scully, alors qu'il ne fait que réparer la tuyauterie ;
- Mulder et Scully, qui deviennent réellement voyeurs en observant, tapis derrière des arbres, le shérif en train de
s'affairer dans son jardin, déduisent de leur observation qu'il cherche à éviter de se transformer en loup-garou (encore un stéréotype), alors
qu'il cherche seulement à faire disparaître une verrue...
Ce même shérif, que l'on croyait parfaitement normal, se révèle en réalité lui aussi atteint de difformités...
Ainsi, si la nature s'évertue à donner à chaque être humain, une apparence physique différente, l'homme quant à lui consacre ses efforts, à leur donner à tous la même apparence, par la biais de la mode, de la chirurgie esthéthique, de la pression sociale, etc... "Un jour, nous ressemblerons tous à Mulder", s'effraie un personnage...
les gens différents de la norme : cet épisode est probablement un hommage au film "Freaks" de Tod Browning, consacré aux monstres de cirque.
... freaks... |
stéréotype : le cliché dénoncé ici est double ;