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Pour une fois, le titre français de cet épisode ne laisse rien échapper du contenu de l'épisode comme le titre original, mais pour
Cette fois-ci, donc, les agents Mulder et Scully sont en route vers la mythique Zone 51 dans le désert du Nevada, pour y rencontrer
un mystérieux informateur, mais cela ne correspond qu'à la trame de fond de cet épisode.
En outre, si l'humour a encore une fois une grande importance dans cette histoire en deux parties, il n'en constitue pas pour autant le seul
axe de lecture.
Mulder se retrouve donc, à la suite d'une faille temporelle qui n'est pas sans rappeler le principe de Quantum Leap, dans
la peau de Morris Fletcher, un Man In Black travaillant dans la Zone 51. Ceci ne sera pas sans entraîner des situations cocasses
que nous étudierons plus tard...
En effet, la nature même de l'histoire (faille temporelle) nous pousse à faire d'abord une analyse chronologique des événements...
Ainsi, le premier dialogue de la séquence de pré-générique est assez symptomatique des états
d'âme de nos deux héros ; tandis que Mulder est très enthousiaste à l'idée de découvrir la vérité sur la Zone 51, Scully, elle, est lasse (elle
connaît parfaitement le mythe de la zone 51) de cette agitation permanente qu'elle attribue à Mulder et aspire à "ce que certains appellent une vie normale". Il est à noter que sa conception d'une vie normale consiste à habiter une maison et à jouer avec les enfants ou le chien ! Je m'abstiendrais de creuser cette conjonction de coordination de peur de ce que
je pourrais y trouver !
C'est donc en se rendant au RDV avec l'informateur Morris Fletcher et après avoir été interceptés par l'armée à l'entrée de la Zone 51 que les deux agents voient un
OVNI (au sens propre) passer au-dessus de leur tête.
Signalons qu'à chaque fois que l'on observe des OVNI dans cette série, et dans les autres, ils sont
toujours extrêmement lumineux. Ici les visages de Mulder et Scully sont éblouis par une lumière blanche. On se demande bien
pourquoi les OVNI seraient forcément lumineux (nos avions ne le sont pas autant et en plus ils passeraient
certainement plus inaperçus s'ils étaient plus discrets !).
Or, ce changement de peau va permettre à Mulder de découvrir ce qu'est une "vie normale". C'est là prétexte pour les scénaristes
Je pense au contraire, qu'on pourrait ici faire une analyse "biblique" de l'événement : en
effet, on pourrait assimiler cette lumière éblouissante à une lumière divine (comme celle décrite par les personnes ayant vécu
une expérience au seuil de la mort). Les extra-terrestres seraient ainsi nos Dieux (L'idée est reprise dans le dernier épisode
de cette saison 6X22 Biogenesis ).
On peut également noter une sorte d'autodérision de la série ,de son mythe, et de ceux qu'elle véhicule.
Je m'explique : tout d'abord, la célèbrissime base militaire de la Zone 51, que personne n'a jamais visitée, est finalement à ciel
ouvert dans le désert et elle se paye même le luxe d'avoir une pancarte à son entrée déclinant son identité.
Ensuite, on s'aperçoit que les mythiques Men In Black ne sont finalement que de simples fonctionnaires blasés et usés par la "paperasserie" et la routine de leur métier.
Enfin, je trouve personnellement que ni Mulder ni Fletcher ne sont particulièrement surpris par leur changement de peau !!!
Toujours dans l'autodérision, on apprend que "Scully ne ressemble pas à un nom de femme".
Fletcher quant à lui fait le ménage dans la vie de Mulder : il laisse Scully faire de l'essence, ne répond pas au téléphone, fume,
arrive en retard (çà ce n'est pas inhabituel), drague la secrétaire (et même plus suite aux affinités), respecte le règlement ("le
règlement, c'est le règlement"), joue au golf sur son ordinateur, donne une tape sur les fesses de Scully, l'appelle Dana (hérésie quand on sait que cela fut jusqu'à présent réservé aux seuls moments dramatiques), etc...
Et pourtant, ce n'est pas tant cela qui déstabilise le plus Scully. C'est surtout le fait qu'il - le Mulder qu'elle croyait connaître - abandonne sa quête. Et "la vie normale" de
Scully s'en trouve immédiatement bouleversée : "Ta croisade, Ta vie..."
Car, comme nous avons pu le voir précédemment, si leur duo fonctionne c'est parce que Scully est cartésienne et Mulder "martien" (cf. 6X06 How the ghosts stole Christmas)
Et c'est a ce moment que l'on s'aperçoit que ce n'est pas seulement la quête de Mulder, mais aussi celle de Scully, j'en veux
pour preuve qu'elle reprend l'affaire non classée...
Mulder, quant à lui, jongle tant bien que mal avec sa nouvelle vie. Entre enfants en pleine crise d'adolescence, femme
envahissante et joies de la vie quotidienne, il se réfugie donc dans ses habitudes (solitude, films porno, graines de tournesol, esprit
déluré : irrésistible scène devant la glace de la chambre...)
Mais, si Mulder souffre de sa nouvelle vie, Fletcher, en revanche, adore la sienne et c'est pour essayant de la conserver qu'il va faire arrêter Mulder, point dramatique culminant et donc cliffhanger de l'épisode...
A suivre : Dreamland (2) / Zone 51 (2ème partie)Commentaires annexes :
Pour une fois : je dirais plutôt "une fois n'est pas coutume" ; car, si Dreamland annonce la couleur - à savoir qu'il ne faut pas prendre cette histoire au sérieux - le titre français est scandaleusement racoleur et mensonger - on n'apprend RIEN sur la fameuse Zone 51 !
Les enfants ou le chien : n'ayons pas peur au contraire d'y trouver ce que les scénaristes tournent en dérision depuis quelques temps déjà - le conformisme petit-bourgeois - et dont sont affectés alternativement Mulder et/ou Scully ou bien les personnages qu'ils croisent dans leurs aventures. Même l'Homme à la Cigarette a eu droit (épisode 4X07 The Musings of a Cigarette Smoking Man) à son épisode "domestique".
Couple américain : tendance fonctionnaire blanc gagnant correctement une vie dépourvue de grand(s) frisson(s).
Maintenant la femme : on peut aussi voir en Madame Fletcher l'éternelle mégère (bobonne) des comédies, de Shakespeare à nos jours...
Hérésie : ou plutôt sacrilège, car Fletcher viole bel et bien un tabou de la série (ne jamais appeler Scully par son prénom). Tel est en effet le véritable rôle du personnage de Morris Fletcher : il est le démystificateur, le déboulonneur d'idoles. Dans cette sixième saison, les scénaristes tiennent à nous faire comprendre que tout cela n'est que du cinéma, de la fiction, bref un moyen d'évasion du quotidien grisâtre (celui-là même que vit Morris Fletcher)...
Pays du rêve : revoyez cet épisode double avec un peu de recul et vous ne serez pas loin de vous identifier, non pas à Mulder ou Scully, mais à Fletcher, le fonctionnaire bedonnant et égrillard, ou à sa femme, délaissée et désabusée.
Dreamland est :
1°) le pays du rêve brisé ;
2°) le pays du rêve perdu ;
3°) le pays du rêve américain, celui que réalise (?) l'industrie du rêve, Hollywood et ses studios de cinéma.