Episode 6X21 : commentaires annexes

Comme le veut maintenant la tradition , voici l'analyse que Matthieu (écrivez-lui) a faite de cet épisode ..

EPISODE 6X21 : Field Trip

"Suis-je un homme qui rêve qu'il est un papillon ou un papillon qui rêve qu'il est un homme ? ", cette maxime résume à mon sens très efficacement l'un des sens profonds de cet épisode... Bien sûr, comme tu l'as justement souligné, on peut relever la mise en abîme narrative et le niveau biblique de la relation entre Mulder et Scully, mais ce ne sont pas selon moi, les seuls éléments de cet épisode ...
Je m'explique, à l'instar du récent "Matrix", cet épisode remet en question le célèbre adage : " Je ne crois que ce que je vois ", éternelle opposition entre la cartésienne Scully et le " Martien " Mulder, bien malmené ici.
Ainsi, dès qu'ils ont été mis en contact avec ces spores champignonières, les intéressés entrent dans une sorte de transe , un " trip ", jeu de mot utilisé dans l'intitulé de l'épisode comme tu l'as relevé. En effet, dès leur contamination, les intéressés tombent dans un profond sommeil et l'on peut d'ailleurs y voir en l'occurence une métaphore des rêves et cauchemars de chacun des intéressés. Pour les Schiffs, ils ont chacun été plongés dans leur rêve commun de bonheur et d'amour ; pour Mulder , il a vu son rêve enfin exaucé de rencontrer les petits hommes gris et peut-être même a-t-il réalisé un fantasme de vengeance en en enlevant un (Cf : soeur de Mulder, fil d'Ariane de la série) ; Scully a, quant à elle, eu moins de chance puisque dans son trip , elle assite à l'enterrement de Mulder (Ici, je vois un cauchemar en tant qu'X-filien, mais on aurait pu en avoir l'analyse contraire et y découvrir juste un drôle de rêve de Scully, puisque tous les autres intéressés ont été, quant à eux, soumis à des rêves).

Mais, dans les deux cas, les personnages principaux finissent par se rendre compte de la " réalité ", comme on peut le faire lorsqu'on rêve ou "cauchemarde" et que l'on sait presque instinctivement que l'on n'est pas en train de vivre la réalité. Et, comme dans les rêves ou cauchemars, l'action n'est jamais linéaire, on ne sait jamais comment on est arrivé à cet endroit précis.
Mais voilà, cela pose un nouveau problème. On peut, je pense, s'accorder à dire que le rêve de Mulder est de rencontrer ceux qu'il cherche depuis toujours et un peu, à l'instar de David Vincent, les faire découvrir au reste du monde ; mais Mulder ne veut pas croire en la réalité de ce rêve. Comme si, si jamais celui-ci se réalisait, sa vie n'aurait plus de sens...
Ainsi, ce qui le fait "se réveiller", c'est de voir Scully trop facilement conquise (ce que ruinerait la base de leurs relations)

Dans cet épisode, il est en fait très difficile de faire la différence entre le trip et la réalité, le fantasme et le cauchemar, jusqu'à la dernière seconde de l'épisode. Ccar qui nous dit que ce que nous voyons à la fin n'est pas encore un trip de l'un des deux personnages principaux ou peut-être même les deux, cette idée étant encore accentuée quand Mulder et Scully se prennent la main à la fin de l'épisode...

Dernières remarques :

1°) je crois que cet épisode fait partie d'une famille d'épisodes qui sont autant de variations sur le même thème (illusion vs réalité) : Le shériff a les dents longues, Lundi, Jose Chung's From Outer Space (ce dernier étant à mon avis le plus abouti, pour les idées, la richesse du scénario et la réalisation) ;

2°) cette thématique appartient à un nouveau courant artistique (politiquement très incorrect aux US) où se côtoient Matrix (tu l'as dit) mais aussi Truman Show ou Gattaca (pour ne citer que les plus marquants pour moi).
Si je dis politiquement très incorrect, c'est que je ressens ce courant comme une dissidence -au sens historiquement anti-totalitaire du mot - et une révolte des artistes contre la pensée unique (totalitaire donc) qu'elle soit politique, économique ou culturelle.
Or, comment lutte-t-on contre une dictature (surtout quand elle masque son fondement idéologique - le libéralisme) sinon par le contournement artistique des lois et codes de la censure : la technologie nous permet de montrer des images qui ne sont pas ce que nous croyons qu'elles sont, nous artistes nous en jouons pour vous montrer comment nos dirigeants en jouent aussi mais à nos dépends...

3°) que Chris Carter et ses scénaristes en soient conscients ou non, force est de leur reconnaître une authentique sensibilité d'artistes.

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