Episode 6X03 : Triangle

Mulder fait un bon dans le passé (?) et se retrouve sur le "Queen Anne", un luxueux paquebot qui a disparu au début de la seconde Guerre mondiale au milieu du Triangle des Bermudes (Chris Carter ne s'est pas cassé pour le titre, à moins qu'il ait voulu faire référence à la situation créée par le triangle amoureux formé par Mulder, Scully (1998) et Scully (1939)... ?).
Cet épisode, écrit et réalisé par Carter, se place dans le droit fil des épisodes de la 6ème saison qui se concentrent sur la relation Mulder/Scully ; or, qui est le mieux à même de parler de Mulder et Scully sinon leur créateur ?
Dans cette optique, on peut observer que, depuis le début de la série, il y avait deux types d'épisodes : ceux que j'appellerais "les épisodes conspirations", qui sont le fil d'Ariane de la série, et les autres qui prenaient ça et là des histoires, contes et légendes pour développer un épisode autour. Mais dans la 6ème saison, ces épisodes sont remplacés la plupart du temps par des épisodes axés principalement sur les deux personnages.

Il faut tout d'abord relever la formidable réalisation de Chris Carter qui semble avoir les moyens de son imagination (plan séquence interminable mais certainement bien truqué, figuration anormalement importante pour un X-Files, musique de Mark Snow qui, pour une fois, sort avec succès des sentiers battus des thèmes de la série, nombreux costumes, format SCOPE, etc.)
Selon moi, on peut voir trois axes principaux à cet épisode (tri-angle ?) :
- tout d'abord, les aventures de Mulder sont comparables à une guerre mondiale ;
- puis, Mulder est-il réellement retourné dans le passé ?
- et enfin, le traditionnel rapport sur les rapports entre Mulder et Scully.

La guerre mondiale de Mulder :
Ainsi, Mulder, transféré sur le Queen Anne n'y est pas pour autant dépaysé. Il y retrouve une Scully (version 1939), espionne chargée de la protection d'un savant, un homme à la cigarette, sbire de la Gestapo, un Skinner au rôle toujours aussi trouble et un Spender toujours marionnette de l'homme à la cigarette...
Mais, le plus frappant c'est que tout ces personnages ont exactement le même rôle d'une époque à l'autre, ainsi l'homme à la cigarette fait toujours partie d'un groupe de manipulation (Gestapo = police secrète Allemande) ; Scully est toujours un agent infiltré (cf. sa mission première auprès de Mulder : épisode pilote " Nous ne sommes pas seuls ") ; Spender a toujours le même rôle et Skinner est également toujours ambigu (il est nazi , mais aide quand même Mulder et Scully ; il est tenu par des forces supérieures mais aide... ).
La lutte (quête ?) que mène Mulder pour retrouver sa soeur, mettre à jour la conspiration et découvrir la vérité dans son ensemble (tout ça pour un seul homme !) est comparable à une guerre mondiale,pour un seul homme !) est comparable à une guerre mondiale, ceci étant bien sûr renforcé par le fait que la conspiration sur les E.T a elle aussi une étendue mondiale. Entre autres clins d'oeil, on peut relever que le machiniste dit à Mulder de se méfier de tout le monde (ce TRUST NO ONE n'ayant échappé à personne).
Ces similitudes sont tellement importantes qu'on pourrait même se demander si Mulder est réellement retourné dans le passé ...

Mulder face à son inconscient ? :
En effet, on peut tout aussi bien penser que Mulder, inconscient, à généré lui-même cette aventure, qu'il l'a rêvée ou cauchemardée...
J'en veux d'abord pour preuve que Mulder est le seul personnage à ne pas avoir de double dans le passé, ce qui pourrait trouver explication dans le fait que son cerveau a simplement mis en scène ce passé.
De plus, comme dans les rêves (activité cérébrale qui reste encore un mystère pour les hommes de science), il retrouve toutes les personnes qu'il connait (cf. supra ) et les replace dans le cadre de la seconde guerre mondiale (homme à la cigarette = méchant, etc.).
En outre, Mulder se donne encore une fois le meilleur rôle (cf. 5X12 Bad blood ) : une fois de plus, il se donne beaucoup d'humour (entre autres : "quelques galipettes à la maison blanche").

Mais on peut noter qu'on se croirait aussi réellement dans un film d'aventure : courses poursuites dans les coursives du paquebot, belle héroïne et belle inconnue, etc.
On peut également relever que Mulder fait ici une projection du sentiment qu'il a d'être incompris ; sur le bateau, comme de nos jours, personne ne veut le croire. D'autre part, les doubles du passé ne répondent pas à leur nom du présent, ce qui renforce encore son impression d'isolement. Car, si rien ne prouve que Mulder n'est pas réellement remonté dans le passé, rien ne prouve le contraire non plus : on le voit inconscient au début de l'épisode , on le retrouve inconscient à la fin.

Mulder est le véritable héros de cette histoire. Il sauve le monde (il fantasme ainsi la réussite de sa quête dans les années 90) ; mais il trouve aussi le courage de dire à Scully qu'il l'aime (ce baiser final faisant également penser à un grand film d'aventure où le héros embrasse l'héroïne avant d'aller à la rencontre de son destin).
Ceci nous ramène encore une fois aux relations entre Mulder et Scully...

Une "love story" moderne :
On voit donc une Scully anormalement excitée et anxieuse pour Mulder (alors que ce n'est pas la première fois que l'on croit Mulder mort !). Elle remue ciel et terre pour le sauver, ce qui pourrait montrer son amour de plus en plus présent pour Mulder...
Et réciproquement, au niveau symbolique, Mulder embrasse Scully (même si ce n'est pas la même, cela revêt quand même une signification symbolique) et lui dit qu'il aime (de nos jours), mais elle ne le croit pas, ou fait semblant de ne pas le croire, car elle ne se sent pas prête et est surprise par la soudaineté de la révélation de ce secret de polichinelle...

En conclusion, Triangle est un excellent épisode, original , rythmé, et très bien dirigé...

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