Episode 7X12 : commentaires de Matthieu
2°) Un réalisme visuel dérangeant :

C'est effectivement ce que j'ai ressenti en voyant l'épisode, mais pas pour les mêmes raisons... Dérangeant, car effrayant ! On ne peut que rester pantois devant cet exercice de style qui pousse le réalisme bien au delà des limites des X-Files, à tel point que l'on jurerait, si l'on ne connaissait pas les personnages, que nous assistons à un documentaire et c'est là que l'on prend peur, peur du pouvoir de l'image, du pouvoir des medias et de la facilité avec laquelle on peut nous manipuler.
Ce pouvoir est d'ailleurs renforcé par une phrase extraordinaire du flic témoin de la CHOSE :

WETZEL: Yeah. I mean, what proof do you have what I'm saying is real? I mean, it's not... it's not on the video tape. WETZEL: Quelle preuve avez-vous que ce que je dis est réel ? La caméra ne l'a pas vu ...

Nous vivons dans un monde où l'image est une preuve que l'on remet difficilement en doute au premier abord ; du moins l'image est devenue une arme. Les guerres ne sont plus gagnées par les armées, mais par les medias, ou plutôt les stratèges qui s'emploient à les manipuler...
Les présidents ne sont plus destabilisés par la population, mais eux aussi par les medias comme le démontre la désormais célèbre maxime : "Les USA n'ont plus besoin d'une balle pour assassiner leur président, CNN s'en charge..."

Ainsi, X-Cops nous montre qu'il faut nous méfier de ce que l'on voit à la télévision, car comme le montre métaphoriquement le tableau qui montre à la fois le Christ et la Cène, on ne voit pas forcément la même chose selon l'angle d'où l'on regarde.
Et là est tout le problème : le générique de Cops inclut une mise en garde purement formelle :

(Voice over) : All suspects are innocent until proven guilty in a court of law. (Voix off) : Tous les suspects sont présumés innocents jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée devant une cour de justice.

Purement formelle, car à la vision des images, on est de toute façon persuadé de la culpabilité de l'intéressé, malgré les pincettes que prennent les medias pour se donner bonne conscience (et surtout pour se préserver d'un éventuel procès ! Cf. Projet de loi Guigou ).
Pour parfaire le tout, on a le droit à un couplet sur le politiquement correct, avec les bips qui viennent rendre inaudibles les jurons prononcés par les protagonistes tout en ne nous laissant aucun doute sur leur nature ...!
Et l'un des effets pervers de cette nouvelle foi envers le Dieu media, c'est que maintenant on assiste à un calquage de la réalité sur la fiction : Les flics de la réalité se la joue gros bras et sans peur ; les adolescents reproduisent dans leur vie quotidienne les scènes de leurs séries préférées, les prénoms "tendance" sont maintenant le fruit de l'évolution des love-stories dans "les feux de l'amour" ; on assiste même parfois à des scènes cocasses, où les témoins dans un procès s'adressent au président, en disant "votre honneur" (non que je mette en doute l'honneur des magistrats du siège !).

Ce media qui nous dicte ce qu'il est bon de penser se refuse à nous avouer qu'il est parfaitement conscient du rôle fondamental qu'il joue dans notre société, pour ne pas avoir à se remettre en question...
Tout l'ensemble des medias ? Non ! Car seul un petit village résiste : l'excellente émission "Arrêt sur images", tous les dimanches à midi sur la Cinquième. (Et, je ne possède aucune action de la Cinquième !)

Le rapport entre le comédien et son rôle (champ/Hors champ) :

Il nous rappelle surtout à quel point le comportement des "acteurs" de l'actualité peut être influencé par la présence d'une caméra :
Mulder est effectivement surexcité à l'idée de bénéficier d'une audience nationale pour faire valoir ses thèses (un rêve de revanche pour celui que l'on qualifie de "martien"), ce qui le pousse, emporté par son coté passionné, à risquer de se ridiculiser devant son auditoire, alors que Scully, en bonne cartésienne et calculatrice qu'elle est, ne supporte pas l'idée de perdre le contrôle de son image et de ses paroles.

Si l'idée est juste, il convient d'en expliquer la raison :

Je pense que cet épisode nous montre que la seule chose dont nous devions avoir réellement peur, c'est de nous-mêmes ! Peur de notre face cachée, peur de la fine ligne qui nous sépare de la folie. En effet, tous les "monstres" de cet épisode ne sont que le fruit de notre imagination qui est tellement persuadée de la réalité de ce qu'elle voit, qu'elle finit par les rendre réels...

Making of :

Cette idée est encore renforcée par le fait que le générique de Cops précède celui des X-Files.

La musique :

A l'instar de l'extraordinaire scène du vol de la liste NOC au quartier général de la CIA dans M:I (je ne pouvais pas faire autrement que de le citer, c'est quand même un must dans le genre manipulation...), la musique est effectivement absente de cet épisode (même si Mark Snow est crédité au générique !), ce qui renforce l'impression de réel, de "pris sur le vif", là où dans M:I, cela nous faisait retenir notre souffle pour le héros...
Mais finalement, cette abscence de musique participe aussi, à sa manière, à la manipulation dont nous sommes victimes, en nous montrant le caractère brut du reportage, alors qu'encore une fois on nous dupe, puisque ce reportage, comme le souligne Mulder au début de l'épisode, est quand même monté !

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