Jean Klein
Jean Klein
A 25 ans, Michel Divita rencontre Jean Klein pour la première fois à Toulouse, cette rencontre fut bientôt une évidence : Michel devient l’élève de cet homme et le côtoie durant près de 25 années.
Michel, dans ce qu’il transmet, essaye d’être fidèle à l’enseignement qu’il a reçu, autant dans l’approche corporelle (yoga) que dans celle de la philosophie non-duelle (advaïta-védanta).
Nous ne pouvons pas poursuivre une idée et, en même temps, laisser vivre une sensation corporelle, nous ne pouvons appréhender plusieurs perceptions ou concepts simultanément.
Quand nous dirigeons notre attention sur notre corps, où se logent toutes les agressions, défenses, réactions, laissons s'imposer à nous cette sensation, sans la visualiser dans sa forme, laissons-là émerger, s'ouvrir. On peut faire des constatations très variées, par exemple, un manque d'uniformité, je pense à certaines parties qui sont lourdes, pesantes, d'autres creuses, vacantes, chaudes ou froides, compressées; tout cela est un résidu des réactions du moi. On voit combien il est difficile de saisir la simultanéité des composantes du corps : on sentira soit le front, soit le visage, soit le dos, l'arrière-tête, les reins, les extrémités inférieures ou supérieures, l'une après l'autre, mais, pour obtenir une sensation globale, l'attention ne doit pas être dirigée.
Si vous éprouvez quelques difficultés à parvenir à cette simultanéité, laissez parler votre corps, vous avez encore une tension à détecter en vous qui doit s'éliminer d'elle-même. Pour y parvenir, amenez-le à quitter ses limites jusqu'à ce qu'il se dilate totalement dans l'espace. Lorsque vous aurez conscience de votre corporalité, étalez-vous afin de pouvoir systématiquement vous dissoudre dans cet environnement. Vous remarquerez combien les différentes couches cèdent, s'ouvrent.
Quelques parties vont résister et vous vous en rendrez compte. Si vous le divisez en pensée, sentiment et volonté, on peut effectivement parler de trois étages : la tête qui est l'élément pensant, si l'on peut dire (bien sûr nous pensons avec tout notre corps, mais la pensée se loge d'une façon prédominante dans la tête), le sentiment étant dans le tronc et la volonté dans les extrémités inférieures et supérieures. Ces extrémités qui sont les éléments action, volonté, dont fait partie également la mâchoire, sont habituées à prendre, à saisir, et c'est par une observation très aiguë que nous pouvons le savoir et leur permettre de lâcher. Pour que toutes ces parties retrouvent leur vie propre en tant que corps, vous devrez avoir beaucoup d'amour pour lui.
Quand vous obtenez cette sensation de vide et que vous vous entez parfaitement épanoui dans la vacuité environnante, c'est encore un objet de votre attention qui s'est "cultivé", c'est un lâcher-prise.
Il arrive que cette vacuité s'élimine également, que l'accent mis sur l'objet se déplace vers l'observation et qu'il reste uniquement une position attentive, on n'est pas attentif à quelque chose, mais à son attention. Alors, il ne reste personne, il n'y a plus de volume, ni de durée. Cette présence à soi est un vécu et "être nulle part" se présentera à vous dans la journée, pendant vos différentes activités.
Jean Klein - La Joie sans objet.