Intervention
en réponse de PROF. ACQUA CAMILLO
Directeur
de la « R. Stazione di Gelsicoltura e Bachicoltura » de Ascoli Piceno
La
maladie de la polyèdrie (grasserie du ver à soie)
Etiologie et mode de la combattre
C'est depuis déjà bien des années qu'on poursuit
les recherches sur ce sujet très intéressant non seulement au point de vue
scientifique mais aussi au point de vue pratique. Sur les résultats de ces études
on a publié des Mémoires et des Observations parus dans les Bulletins du Royal
Istituto Bacologico de Portici et dans les Bulletins de la Royale Station de
Gelsicoltura et Bachicoltura de Ascoli Piceno.
Les études récemment
poursuivies, même en rapport aux résultats des recherches publiées par
d'autres expérimentateurs, nous ont engagé à tracer un tableau général -
d'après nos vues - de l'étiologie de la maladie, de ses différents aspects et
des moyens possibles pour la combattre.
Le résultat complet de nos
travaux ne tardera pas à être publié dans le Bulletin de notre Station. Entre-temps,
nous croyons utile de présenter au Congrès les conclusions que nous avons pu
tirer de nos recherches et qui peuvent se résumer comme ci-après :
1.
D'après les résultats de nos recherches, la maladie de la polyédrie
(grasserie) n'est pas due à des microorganismes parasites visibles au
microscope à éclairage direct ou à l'ultramicroscope, mais elle est due à
des désordres métaboliques qui ont leur
origine dans certains tissus. Les causes qui les déterminent ne sont pas tout
à fait connues, mais elles sont en relation en grande partie, à un défaut de
transpiration dû à un excès d'humidité. La température élevée n'a aucune
influence appréciable dans l'explosion de la maladie.
2.
Au cours de ces désordres se produisent des
produits de dégénération cellulaire, des substances particulières
qui, se trouvant en contact des cellules de certains tissus, jusqu'alors en
parfait état de santé, peuvent provoquer, ou du moins favoriser la
reproduction des altérations en même temps que se reproduisent de nouvelles
substances de la même nature.
3.
C'est un principe ressemblant à un virus. car il provoque ou favorise l'évolution
de la maladie, en même temps qu'il s'accroît, mais il n'en a pas la nature,
car il n'est pas formé d'un principe organisé et partant vivant, et son action
doit être considérée comme une action purement catalytique. Et puisqu'il se
reproduit lui-même dans la succession des différentes formes morbides on peut
bien dire qu'il s'agit d'une principe auto-catalytique.
Il aurait une certaine analogie
avec le principe admis par M. Carrel pour certaines formes de sarcomes observés
chez les poules. C'est un virus filtrant traversant les parois des bougies à
pores moyens. Nous l’appellerons tout simplement pseudo
virus.
4.
Les tissus qui peuvent être atteints par la maladie sont manifestement le tissu
hypodermique, le tissu adipeux et le tissu péri trachéal. Nous avons observé
que même les cellules glandulaires de l'hypoderme peuvent subir, quoique plus
rarement, l'altération dont en question. Quelqu'un de mes collègues l'aurait même
observé dans les autres tissus.
Il est douteux que les granules
polyédriques se manifestent directement dans les corpuscules sanguins ou que
plutôt ils soient phagocytés; mais nos expériences paraissent exclure cette
dernière hypothèse.
5.
Il existe dans la vie larvaire des périodes spéciales au cours, desquelles il
est plus facile l'altérations métabolique des tissus (c'est l'état de pré.
disposition). Cet état correspond généralement aux périodes des mues ou aux
époques qui les précèdent ou les suivent.
On
peut admettre, d'après le résultats d'un grand nombre d'expériences, qu'entre
le début du processus pathologique et sa complète évolution à la température
d'environ 24° C., il y a un délai de sept ou huit jours. Cela explique
clairement pourquoi la maladie doit notamment apparaître à son état avancé
au cours du troisième âge (c'est le début de la première mue) ou à la
troisième mue chez les vers qui ne s'assoupissent pas et meurent quelques jours
après (début de la deuxième mue), ou bien à la quatrième mue (début de la
troisième mue) ou bien encore à la veille de la montée (début de la quatrième
mue).
La troisième mue et surtout la
quatrième représentent les périodes les plus critiques pour les vers à soie.
6.
Le processus métabolique d'altération de certains tissus peut se déclencher
spontanément et a lieu surtout dans les périodes que nous avons indiquées
(genèse primaire de la maladie). Ce processus peut pourtant être provoqué à
tout moment par l'action du pseudo virus, s'il se trouve dans la feuille ingérée
par les vers ou qu'il pénètre à travers de petites légions existant à l'intérieur
de leur corps, on qu'il vienne de toute autre manière se trouver en contact des
tissus sujets à être facilement atteints par les altérations en question.
C'est alors que le processus pathologique peut apparaître à tout moment (genèse
secondaire) et donner lieu à une mortalité continuelle pendant toute la durée
d'une éducation avec des périodes d'explosion violente de la maladie. La température
ambiante, surtout le différent degré d'humidité peut favoriser plus ou moins
l'infection même au moment de cette genèse secondaire.
7.
Si nous nous arrêtons à considérer les conditions ambiante et d'humidité sur
lesquelles on poursuit le plus les études, nous constatons que bien souvent il
suffit d'une différence de quelques degrés d'humidité relative pour rendre
une éducation susceptible à contracter la maladie ou à la rendre résistante.
Bien souvent la situation d'une magnanerie à un étage inférieur ou à un étage
supérieur est une condition suffisante pour déterminer dans l'évolution de la
maladie de remarquables différences, car on peut même avoir aux étages supérieurs
une immunité presque complète.
8.
Mais les conditions qui. ont une grande influence à déterminer les causes prédisposantes
les plus diverses à faire contracter la maladie, sont celles qui ont lieu
pendant l'incubation de la graine.
L'incubation pratiquée en bonne
condition d'aération, et par conséquent avec le minimum possible d'humidité,
offre une condition favorable pour rendre réfractaires, à un haut degré, les
vers à contracter la maladie, même à leur âge avancé tandis qu'une éducation
faite dans un milieu humide rend les vers extrêmement susceptibles à
contracter la maladie. D'après des expériences comparatives, il résulte qu'il
y a une différence de mortalité qui va de 1 à 5.
9.
Au cours des incubations pratiquées, même en suivant des méthodes
rationnelles, ou dans les incubatrices ou dans des pièces spéciales, on laisse
souvent la graine dans les châssis auxquels on n'enlève pas toujours le tulle
dans leur partie supérieure. Mais dans ces cas, malgré l'épaisseur assez
insignifiante de la couche de la graine, les oeufs qui sont très petits se
trouvent toujours superposés les uns aux autres par plusieurs couches. Or,
puisque au cours de l'incubation Il y a une active émission de vapeur d'eau, il
est évident que tous les oeufs qui se trouvent entourés par les autres se
trouvent dans un milieu excessivement humide.
Cela détermine une condition
favorable à contracter la maladie aux oeufs destinés aux éducations dans les
régions où il existe la grasserie. Dans tous les cas où l'on veut conférer
aux vers une grande résistance, il faut faire l'incubation de la graine en la
mentait dans de grands châssis, assez capables pour contenir les oeufs en une
seule couche de façon qu'ils soient parfaitement aérés.
10.
Il faut tenir compte que dans les locaux où la grasserie a sévi au cours des
années précédentes il peut toujours exister des substances provenant de la
corruption des vers morts (pseudo virus). Nous considérons la virulence de ces
substances simplement comme une action catalytique, et cette virulence dure
pendant quelque an, aussi faut-il procéder à un nettoyage à fond des locaux
et des outils par des désinfections énergiques qui peuvent agit même sur ces
substances à action catalytique. C'est ainsi qu'on peut combattre l'explosion
de la maladie par genèse secondaire.
11.
D'après notre manière d'envisager la nature de la grasserie on exclut la théorie
parasitaire et l'on n' admet pas, pour cette maladie, la transmission héréditaire,,
quoiqu'on puisse à priori le croire possible, tout en admettant l'hypothèse
d'un pseudo virus à action catalytique qui pourrait être présent au moment de
la formation des oeufs. Mais tous les résultats de nos recherches tendent non
seulement à exclure cette possibilité, niais ils ont aussi fourni la preuve
que la maladie ne saurait se transmettre, ainsi que le prouvent nos expériences
comparatives faites avec la graine de papillons de précédents élevages non
contaminés ou décimés abondamment par la maladie. Les mêmes résultats
obtenus dans ces deux cas prouvent que la maladie n'est pas transmissible.
12. Les opinions émises par Paillot et la soi-disant découverte d'un microorganisme spécial ultra-microscopique ont formé l'objet d'une critique détaillée qui a prouvé qu'elles sont sans fondement.
13.
On a aussi fait des études particulières pour contrôler l'assertion de
quelques auteurs qui auraient prouvé - même pour d'autres insectes - que le
tissu qui le premier est atteint par les altérations qu'on connaît, quand une
chenille est atteinte de maladie, c'est l'hypoderme. Les observations que nous
avons faites sur des chenilles atteintes de la maladie dans ses différents
stades d'évolution ne le confirment pas. Tous les tissus susceptibles de
contracter la maladie sont atteints en même temps.
En poursuivant ces recherches,
nous avons aussi étudié les hypertrophies que subissent les cellules, et les
noyaux (les cellules, ainsi que le maximum et le minimum des polyèdres qui se
produisent dans les noyaux.
Les conclusions que nous avons
tirées de nos recherches et que nous venons de rapporter, ouvrent une nouvelle
voie - aux études pour. combattre d'une manière efficace la polyédrie
(grasserie). Mais c'est dans le champ pratique que les expériences diront leur
dernier .mot.