Quelques coupures de presse pour mieux imager la conception de la science d'André PAILLOT
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TOUT FAIRE POUR MIEUX TRAVAILLER
06/05/1924
Le Progrès
Contre les maladies du ver à soie
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Le laboratoire automobile de la station entomologique du Sud-Est
Les
pouvoirs publics et tous les groupes industriels intéressés s'efforcent de
relever en France l'élève du ver à soie. Sous l'effet des bas prix - un kilo
de cocons frais était payé à l'éleveur de trois à quatre francs avent la
guerre - les magnaneries, longtemps prospères dans toute la vallée du Rhône,
avaient à peu près disparu.
Mais aujourd'hui, les cocons de pays se paient vingt francs le kilogramme et la
stabilisation des changes sur l'Orient ne laisse pas prévoir, avant longtemps,
l'abaissement de ce prix.
La sériciculture devient de nouveau rémunératrice. Et comme cette
" récolte " peut être obtenue précocement, en quelques
semaines, avec le minimum de frais et de risques, les familles paysannes vont
s'y remettre activement.
Le décret présidentiel du 10 Octobre 1923 crée, sous la présidence du
ministre de l'agriculture, un conseil supérieur de la sériciculture chargé de
veiller à la réorganisation et à la multiplication des élevages de vers à
soie en France. Ce conseil rassemble toutes les compétences, toutes les
chambres syndicales industrielles, tous les offices agricoles intéressés.
Le premier acte de conseil supérieur, sur la proposition de M. Rolland,
inspecteur général de l'agriculture, a été de charger M. Paillot, directeur
de la station entomologique du Sud-Est, d'étudier les maladies du ver à soie
et les remèdes pratiques à y apporter.
L'apothéose de Pasteur a laissé sur ces recherches comme un éblouissement.
L'on croit communément que l'immortel père de la bactériologie a
définitivement débarrassé les magnaneries des fléaux qui les ruinaient.
Il n'en est rien. Les méthodes pasteuriennes ont simplement conduit aux
" grainiers " de mieux sélectionner et préserver les
" graines ", c'est-à-dire les œufs de vers à soie.
Du même coup, les éleveurs ont appris ont appris à observer pour leurs vers
une hygiène rationnelle. La sécurité des élevages y a beaucoup gagné. Mais
les maladies, telles que la pébrine, la flacherie, la grasserie, la muscardine,
n'en subsistent pas moins, marquant, de temps à autre, des retours offensifs
désastreux.
Les travaux récents, en Italie particulièrement, imposent l'idée que chacune
des ces dénominations cache, sans doute, un complexe toxi-infectieux,
comportant les éléments les plus disparates.
La pathologie séricicole est donc à reprendre à pied d'œuvre. Mais pareille
étude saurait être fructueuse que sur les lieux mêmes. L'observateur,
l'expérimentateur, ne saurait attendre, dans leur laboratoire de Lyon ou Paris,
les spécimens de vers malades que les éleveurs pourraient leur envoyer. Ces
vers parviendraient trop tard, crevés, altérés, le plus souvent, et l'on
n'aurait pas plus de résultat qu'à étudier bien sur le cadavre les maladies
infectieuses des animaux supérieurs.
Aussi M. Paillot a-t-il créé de toutes pièces un laboratoire automobile,
susceptible de se porter rapidement et d'agir sur tous les points envahis ou
menacés.
Ce laboratoire, aménagé sur un châssis de 12 HP Rochet-Shneider, dans une
carrosserie ordinaire de limousine, avec le minimum d'encombrement, le maximum
de commodité, permet de procéder sur place à tous les examens, préparations,
prélèvements utiles.
Préoccupé d'accomplir vite et parfaitement a mission, le directeur de la
station entomologique de Saint-Genis-Laval n'a pas attendu pour marcher, agir,
des crédits qui pouvaient se faire attendre. Aidé de quelques amis, il a fait
l'avance de ce matériel indispensable. La riche et puissante Fédération des
soies encourage cet audacieux.
Et cette initiative n'intéresse pas que la sériciculture. On sait quelle
importance vitale revêt dans toute cette contrée la culture des arbres
fruitiers. Cette culture délicate, sans cesse menacée par les parasites, a
besoin d'un médecin avisé et outillé.
Avec son auto-laboratoire, M. Paillot pourra désormais apporter partout, dans
le minimum de temps, les conseils et le secours nécessaires.
Le maire de Lyon, au cours de sa tournée électorale, a rencontré l'auto
laboratoire et l'a, tout à fait à l'improviste, inaugurée à son premier
voyage.
Il a bien voulu promettre à M. Paillot l'appui de la Ville pour l'œuvre qu'il
poursuit avec une si vaillante persévérance.
D'ailleurs, la Ville de Lyon sera bientôt directement intéressée aux
recherches séricicoles. Ne va-t-elle pas ouvrir à Cibeins une magnanerie
modèle ?
L'auto laboratoire pouvait-il se lancer sous meilleurs auspices ?
Visite d'Edouard HERRIOT Maire de Lyon Député
TOUT FAIRE POUR MIEUX VULGARISER SES DECOUVERTES
20/05/1921
Le Progrès
Les médecins des arbres
La
Compagnie P-L-M a institué en 1912 un Service agricole dont on ne saurait trop
connaître - et reconnaître - l'action bienfaisante.
Elle a pensé qu'avec de la persuasion, avec des efforts continus et
méthodiques, elle répandrait par tout le pays, où se ramifient ses lignes, la
fertilisation par le savoir, par l'expérience éclairée, par le
perfectionnement technique et, partant, le rendement intensif des terres,
l'enrichissement des campagnes.
Il s'est formé ainsi, à côté du service commercial de la Compagnie, un corps
d'ingénieurs agronomes, d'inspecteurs, de chefs de culture, constamment
informé, sans cesse en route - sorte de brigade mobile scientifique - pour
dépister à travers le territoire les malfaiteurs de l'agriculture et les
mettre hors d'état de nuire.
C'est une de ces missions que nous avions, jeudi, la bonne fortune de rencontrer
à Saint-Vallier, chez M. Villard, l'horticulteur et le régénérateur de
vignes, si connu.
QUELQUES CONSEILS PRATIQUES D'ANDRE PAILLOT AUX ARBORICULTEURS
Plusieurs dizaines de pages d'une revue de vulgarisation
Autour du malade… l'abricotier
Il y avait là,
réunis en consultation, trois médecins des arbres, très informés et
vigilants : M. Foex, directeur des recherche de pathologie végétale au
ministère ; M. Loubet, ingénieur-inspecteur agricole du P-L-M ; M. Paillot,
directeur de la station entomologique de Saint- Genis-Laval.
L'objet de leur voyage et de leurs explorations est de déterminer les
parasites, les maladies qui
déciment les abricotiers et les pêchers de la vallée du Rhône, au point que
l'on redoute la disparition prochaine des plus riches plantations.
Il faillait voir M. Foex palpant, scrutant de l'ongle et de la loupe, fleurs,
feuilles, rameaux, sondant l'écorce et le bois, prélevant des "
échantillons " qu'il emportait dans sa longue boîte de fer-blanc, pour
les examiner , les cultiver à loisir dans son laboratoire.
C'étaient surtout les " monilia ", champignons microscopiques, qui
dessèchent les petites branches de l'abricotier, avortent les fruits et
finissent par tuer l'arbre.
Mais les scolites qui vrillent l'écorce pour loger leurs larves qui grossissent
en dévorant le cambium, les scolites ne se montrent pas moins redoutables.
Et puis, cette année, est apparu un nouvel assassin des arbres fruitiers :
c'est une petite mouche du genre " neurotoma nemoralis ", qui sème
par plaques jaune clair, ses œufs à la face inférieure des feuilles.
Ce nouveau venu inquiétant a été identifié par M. Paillot à
Saint-Rambert-d'Albon, à Loire et dans les environs.
La mission l'a retrouvé à St-Vallier en taches moins nombreuses il est vrai
mais qui n'en indiquent pas moins l'essaimage rapide du parasite. D'autres
lésions ont été relevées par M. Foex sur les pêchers.
Ce sont les plantations d'abricotiers qui paraissent les plus menacées. Si l'on
n'y prends garde, si l'on entreprend immédiatement une lutte efficace, c'en est
fait pour longtemps de l'abricotier dans la vallée.
Or, de tous temps,
sur les bords du Rhône, l'abricotier a poussé tout seul. A Loire, par exemple,
l'on récoltait chaque année des tonnes et des tonnes de fruits fort
recherchés en Angleterre et en Allemagne.
L'an dernier, cette commune de 1200 habitants a expédié pour douze cent mille
francs d'abricots.
Et il en est de même dans toute cette contrée privilégiée où les meilleurs
fruits du monde ont mûri jusqu'ici avec le minimum de culture.
Mais les temps changent et la nature semble se lasser. Les choses se passent
comme si l'arbre épuisé dans sa race, par le surmenage indéfiniment imposé,
faisait la grève de la production.
Le tigre des poiriers
D'autre
part, le docteur Cl. Gautier signale, dans la vallée de l'Azergues, une
invasion particulièrement menaçante du " tigre " du poirier.
Ce tigre est une punaise très vorace, qui dévore forcément les feuilles des
poiriers et des pommiers. L'attaque unique compromet la fructification pour
plusieurs années. L'agression répétée tue l'arbre.
L'enfumage au tabac au moment de l'éclosion des larves paraît jusqu'ici le
seul moyen efficace.
Une vérité qui devient évidente
Sans doute,
il convient de prendre sans tarder toutes les mesures pour désinfester les
plantations envahies par la vermine. Il faut de la glu pour arrêter au pied de
l'arbre les chenilles et les larves qui convoitent les rameux. Il faut des
insecticides foudroyants pour anéantir les innombrables ennemis des feuilles,
des fruits. Il faut des appareils capables à tout instant d'effectuer
rapidement les désinfestations nécessaires.
Les services agricoles du P-L-M mettront incessamment à la disposition des
principales organisations horticoles de notre région, des types de pompes
propres à cette besogne d'urgence.
Les offices agricoles, encore trop chichement dotés, malgré l'énergique
intervention de M. le député Plissonier au Parlement, travaillent de leur
côté à organiser une défense systématique.
Mais ce sont là des remèdes insuffisants comme tous les remèdes, et mieux
vaudrait éviter la maladie.
Pour notre part, nous avons été profondément frappé de ce fait, constaté
par la plupart des horticulteurs, et que M. Villard nous exposait, jeudi, au
milieu de ses plantations d'abricotiers ravagées :
" Voyez, nous disait-il, au milieu de ces arbres adultes infestés, ces
jeunes arbres robustes, drus, parfaitement indemnes. Il y a là quelque chose de
saisissant. Les adultes proviennent de boutures soigneusement sélectionnées et
cultivées avec toutes les précautions imaginables. Les jeunes proviennent de
semis. Nous avons semé des abricots, des abricotiers ont poussé. Nous les
avons intercalés parmi les autres et ils montrent une résistance évidente
contre tous les parasites qui dévastent les arbres voisins. C'est un fait
frappant, dont nous devons tenir compte et, pour ma part, je m'oriente
résolument vers la régénération des plants par semis, pour accroître la
résistance vitale, plutôt que vers la lutte contre les parasites, qui n'ont de
prise que sur les plantes dégénérées, débilitées, déjà physiologiquement
tarées. "