Le propos global sur l’art et la technique consiste à revisiter ces babioles promises à la déchetterie. Il ne s’agit pas tant de les recycler que de les sortir de ce cycle utilitariste pour considérer la capacité technique à l’origine de leur élaboration. Pour changer le regard sur ce monde des fonds de tiroir, la monstration envisagée se veut une analyse de leur manipulation. Les dispositifs présentés sont soutenus par une démarche plastique qui met les choses en relation. Bref, ce sont les choses telles qu’elles font qui tiennent le devant de scène. Et scène il y aura, avec un chantier expérimental pour interroger ce qui se fait à notre insu quand on fait, comment ça se fait et ça ne se fait pas.
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SAISON 2019
Vernissage
Dimanche 17 mars à 12h
Galerie Laizé, Bazouges-la-Pérouse
EXPOSITIONS DU 17 MARS AU 26 MAI 2019
GALERIE LAIZÉ
Le Guennec
Relevons les babioles.
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GALERIE THÉBAULT & GALERIE RAPINEL
Stéphane Bernigaud
Stuli Laboratorium.
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GALERIE LE PETIT LIEU
Pascal Pellan
Cheminement.
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Salle polyvalente du Foyer de vie
Le Guennec
Le chemin de planches.
À partir de 15h.
Entrée libre. Gratuit.
Visuel Sans titre, 2018 de Stéphane Bernigaud / Graphisme : Julien Lemière - L'Atelier du Bourg.
les samedi et dimanche de 15h à 17h30.
Entrée libre et gratuite.
Plus d'informations sur www.association-levillage.org
Gilles Le Guennec était enseignant chercheur au département arts plastiques de l'université Rennes 2 où il dispensait notamment des cours d'ergologie. Mise à distance de « l'organisation scientifique du travail » des entreprises rebaptisée récemment ergologie, il ne s'agit plus d'analyser les gestes pour les transformer.
Le centre d'art inscrit l'invitation de Gilles Le Guennec dans ce qui pourrait être l'expérimentation de la mise en espace d'une réflexion universitaire qui fait le lien entre ergologie et arts plastiques. L'artiste a été un étudiant de Jean Gagnepain, célèbre anthropologue et linguiste, père de la théorie de la médiation (modèle d'analyse en sciences humaines) au cœur de laquelle l'ergologie est l'un des quatre piliers. Ici, l'artiste rend toutefois ludique et accessible au spectateur ce qui relève de cette pensée complexe. Relevons les babioles est un déploiement de ses recherches dans les espaces de la galerie Laizé où les éléments de productions, œuvres récentes ou plus anciennes, au sol et sur les murs, ainsi réunis se présentent comme un vaste terrain d'aventures manipulatoires qui loin de s'interdire les jeux de mots y trouve les jalons des chemins. Au gré de sa pratique foisonnante, art et vie, action et poésie sont intimement liés comme chez l'artiste Robert Filliou, proche de Fluxus, un mouvement artistique majeur des années 1960.
Les objets de rebut et du quotidien ont pris une place importante dans l'art moderne et contemporain. De Pablo Picasso à Tony Cragg en passant par Marcel Duchamp, ils sont utilisés pour leurs qualités plastiques, formelles ou utilitaires. Ces artistes leur ont accordé une autre vie et leur ont apporté une dimension artistique. Ces recyclages et déplacements engagent une réflexion anthropologique, politique et sociale sur nos rapports à l'art, la société de consommation ou le cycle de la vie. Gilles Le Guennec s'inscrit dans ce courant artistique où les objets usuels du quotidien laissés à l'abandon dans nos tiroirs ou autres espaces de stockage, les babioles, sont récupérés et mis en relation dans des installations où sculpture, peintures et autres techniques se croisent et interagissent. Certains objets présentés appartiennent à des habitants de Bazouges-la-Pérouse recueillis lors d'une collecte dans les commerces et lieux de vie du bourg. Dans les œuvres de Gilles Le Guennec, le produit fini est re-finalisé, replacé ailleurs, gagnant ainsi une autre fonction. Le ruban adhésif tient la place du pinceau, de l'imprimant imprimé, du pochoir. Quant aux cintres, qui produisent l'image du pharaon, rappelons qu'il fait le vêtement qui fait lui-même le moine. Car les choses sont ici convoquées pour ce qu'elles font, rendant chacun de nous manipulé autant que manipulant.
Dans ces dispositifs immersifs, le visiteur est invité à découvrir ce qui lie ces objets, voyageant de sérigraphies en peintures, de sculptures en assemblages. Mais il ne s'agit pas d'enchaînements de causes à effets comme le proposent Peter Fichli et David Weiss dans Le cours des choses ; ici, pour montrer leurs relations d'analyse, les choses font sans bruit et selon les choix du regardeur.
Pour Gilles Le Guennec, toutes ces recherches et expérimentations sont aussi une façon de décentrer l'homme, de le déplacer en relation avec un environnement outillé.
Emilie Cénac