Les défauts des Thaumatrope, Phénakistiscope, Zootrope et
Praxinoscope
On trouve sur le Web beaucoup d’animations
électroniques réalisées d’après les dessins originaux dont ces appareils
réalisaient l’animation.
Ces animations électroniques modernes sont, le plus
souvent, en format .gif.
Cependant, il ne faut pas s’y tromper, lesdits appareils (thaumatrope, phénakistiscope, zootrope et praxinoscope) réalisent des animations qui, pour spectaculaires qu’elles soient, présentent des défauts systémiques (c‑à‑d des défauts liés à leur principe de fonctionnement).
Sans nous attarder sur le thaumatrope, parlons du
phénakistiscope.
Avec cette technologie .gif, le résultat est évidemment excellent.
Voici des liens vers de
telles animations électroniques réalisées d’après les images d’époques :
http://pagesperso-orange.fr/therese.eveilleau/pages/delices/cinema/phenakistiscope.htm
http://www.edumedia-sciences.com/a529_l1-blog-call.html
Et voici celle que nous avons réalisée à partir des douze images d'un disque de "mica" (comme l'on disait jadis) destiné à la projection par une petite lanterne :
Il faut convenir cependant qu’on est alors loin de l’effet que le disque de Joseph Plateau produit réellement sur notre rétine (et, in fine, sur notre cerveau).
Pour s'en convaincre, on peut réaliser soi-même un disque de phénakistiscope, par exemple celui-ci que nous proposons sous Word (2002 et ultérieurs) : nous indiquons d'ailleurs comment animer ce document sans quitter ce logiciel. Voici le même document prêt à imprimer en .pdf. Une hampe telle que celle-ci pourra être construite pour faciliter le visionnement du disque (des modèles plus confortables sont évidemment possibles). Les conseils de fabrication de ce phénakistiscope sont dans ce document.
Voici cette captation ci-dessous, d'abord remontée en .gif , puis, si vous cliquez sur l'animation, en vidéo au format .wmv :
Accessoirement, le produit
de ces 4,82 millièmes par le nombre de fentes (soit 5,8 % de la circonférence)
donne accès à la luminosité des images présentes sur le disque (relativement à
l’éclairage naturel de cette image).
Les images de cette
animation ont dû être remontées une à une pour s’affranchir de l’effet de volet
créé par la captation vidéo. Cet effet de
volet battant est similaire à l’effet de battement
dont souffrent la plupart des captations d’images
télé ou
d’images filmiques réalisées à l’aide
d’un caméscope. On aperçoit d’ailleurs la
présence fugitive de ce volet noir sur le document.
Notons bien que le fait
que la captation du fonctionnement de ce phénakistiscope soit effectuée par
vidéo ne signifie pas que cette captation soit exempte de défauts ! En
effet la captation d’une image peut très bien générer automatiquement ce que
l’on appelle des artefacts, c‑à‑d
des éléments visuels qui n’existent pas dans la nature (et qui sont créés par le média employé pour observer la nature).
Dans ce cas précis, l’utilisation
sur l’appareil photographique d’un obturateur à fente a opéré l’ovalisation des
roues du véhicule par le déplacement vertical de cette fente pendant que l’auto
avançait.
À cet égard, la vignette
présentant notre vidéo (vignette insérée plus haut) dévoile un étirement
horizontal de l’image qu’on peut rapprocher de l’ovalisation des roues. Les
fentes qui y sont visibles sont également un peu plus large que dans la
réalité.
De la même façon, la
captation vidéo réalisée par nous est effectuée sur la base d’un certain temps
de pose (pour la saisie électronique de chaque vidéogramme) : Si ce temps
de pose est plus court que celui créé par le passage d’une fente devant
l’objectif, on améliore quelque peu la qualité de l’image en diminuant son filé latéral.
Également, toute captation
vidéo d’un phénomène cyclique crée des artefacts
de type stroboscopique (et l’animation réalisée par le phénakistiscope est
évidemment cyclique) : ces artefacts sont justement les volet noirs que,
par sélection d’images, nous avons pu éliminer.
Il résulte de toutes ces
mises en garde que les captations vidéo des synthèses du mouvement du précinéma
(ou plutôt la restitution sur l’écran d’ordinateur de ces vidéo) ne peuvent
être effectuées que sous caution , à savoir ici sous la caution de
leur réalisateur : nous estimons, quant à nous, que la restitution
vidéo de l’animation phénakistiscope ci-dessus est assez conforme à ce que nous pouvons
voir à l’œil nu ; autrement dit nous estimons qu’elle est honnête…
Quant au praxinoscope, si
les animations qu’il crée sont incomparablement plus nettes et lumineuses,
elles ne sont pas exemptes de défauts. Le défaut systémique du praxinoscope est un certain papillonnement des bords
gauche et droite de l’image. Ce papillonnement existe :
--> d’autre part parce que, dans beaucoup de praxinoscope, l’observation des
images virtuelles se fait depuis un point de vue légèrement au-dessus des
images, ce qui favorise la perception de ce défaut "en cosinus d’angles
proches de zéro" évoqué à l’instant ; Émile Reynaud l’avait sûrement
compris, lui qui ne présentait que des animations d’images plus hautes que
large (des personnages) et ceci bien que les spectateurs ne soient pas en
situation d’être très critique sur les défauts de son invention, subjugués
qu’ils étaient par ses qualités ;
--> et pour finir parce que, les images sont rafraîchies latéralement (par remplacement d’un miroir par un autre) ; l’un des côtés des ces images est donc rafraîchi avant l’autre ; et si l’on réalise par exemple l’animation d’un oiseau vu de face battant des ailes, on ne manquera pas d’observer que l’aile de gauche, par exemple, est levée avant la droite et s’abaisse de même : cela donne au vol de l’oiseau un style empruntant à l’onde d’une hola dans un stade.
Ce défaut systémique de papillonnement n'apparaît pas dans l''animation gif ci-dessous ; en effet nous l'avons tirée d'une captation vidéo par sélection de certaines images, or les images sélectionnées correspondent justement à une position "frontale" de chaque miroir :
Chacun appréciera la qualité de l'animation des pattes du cheval.
Le défaut de papillonnement est par contre très visible sur la queue du destrier ainsi que sur
le dessus du cadre de l’image dans la captation d'origine (réalisée à main
levée) de notre modèle de praxinoscope (fichier .wmv de 760 Ko)...
Le
modèle de praxinoscope
utilisé ici est un modèle pédagogique conçu pour être fabriqué par des
élèves
de CM2…
En fait, ce
papillonnement
est d’autant plus net que l’élément
d’image considéré est plus loin de l’axe de
l’observation (ou plus précisément du plan
déterminé par l'oeil de l'observateur et l'axe du
praxinoscope). C’est pourquoi il convient de toujours
placer l’élément le plus
important de l’image (le cavalier, ici) bien en face d’un
miroir (il se
trouvera alors automatiquement en face des onze autres).
À titre de contre exemple,
on peut placer la queue du cheval exactement en face d'un des miroirs (sur sa médiatrice) : durant
l’animation, l’animal ne frétillera presque plus de la queue alors que sa tête sera
agité d’un très fort papillonnement.