Michel Boeglin L'Inquisition espagnole au temps de la contre-réforme : le tribunal du Saint-Office de Séville (1560-1700), thèse de doctorat soutenue à Montpellier le 15 décembre 2001, 720 p.
Exemplaires consultables : Bibliothèque universitaire de Lettres, Montpellier - Archivo Histórico Nacional de Madrid.
Sous presse : publication prévue fin 2003 aux Presses de l'Université Paul Valéry, Montpellier (leur site). Adaptation espagnole, sortie prévue mi-2004.
The survey of the Inquisition Tribunal of Sevilla from 1560 to 1700 reveals the manner in which the institution operated at the service of the values of the counter-reform. It was based at the far tip of the peninsula, located at strategic crossroads, harboring institutions and subjected to strong demographic pressures, which account for the particularly large number of persons convicted, more than five thousand individuals.
In the fisrt part, the analysis of the human and material ressources of the Tribunal and international circumstances discloses the vagaries of the Tribunal's activities first during the XVIth century and then during the XVIIth century, when a considerable slackening off occurred. In the second part, the action of the Holy Office is delineated and its role in guaranteeing the unity of the faith is evidenced. The analysis further demonstrates the gradual dissolution of the marrano and morisco cultures in circumstances where the Tribunal was ever present and discloses the preventive and radical nature of its actions against those - known as protestants - who moved away from the precepts of the Church of Trent.
Nonetheless, in the aftermath of the Council of Trent, the Catholic populations were subjected to the inquisitorial activities so as to speed up dissemination and even more, acceptance of moral and religious values drawn up during the Council. As an auxiliary of the diocesan authorities, supporting the bishop’s court, it supervised the religious commitments of the general population and also guaranteed discipline among the clergy. A review of the offences and censored speeches shows the discrepancy between certain features of the folk culture and the value system resulting from the Council of Trent, with considerable reluctance on the part of the population to change its practices and beliefs. In this respect, the Holy Office was instrumental in disciplining the social body, as it shaped behaviour and laid out the contours of popular piety and morals.
L'étude du tribunal de l'Inquisition de Séville de 1560 à 1700 révèle la mobilisation de l'appareil au service des valeurs de la contre-réforme, dans l'extrême pointe de la péninsule qui constituait un carrefour stratégique par sa position, les institutions qu'elle abritait et la forte pression démographique, ce qui suffit à expliquer le nombre particulièrement élevé de condamnés.
L'analyse, dans une première partie, des ressources humaines et matérielles du tribunal et de la conjoncture internationale met en lumière les facteurs qui déterminèrent les fortes variations de l'activité du tribunal au cours du XVIe siècle et du XVIIe siècle. La seconde partie s'attache à délimiter l'action du Saint-Office et à analyser comment celui-ci intervint pour garantir l'unité de la foi; elle montre le processus de dissolution des cultures marranes et morisques dans un contexte marqué par l'omniprésence du tribunal et révèle le caractère préventif et radical de l'action menée contre les cercles qui s'éloignaient des préceptes de l'Église romaine, fussent-ils protestants, érasmistes, ou illuministes.
Néanmoins, au lendemain du concile de Trente, ce furent les populations catholiques qui firent l'objet du déploiement de l'activité inquisitoriale afin de hâter la diffusion et surtout l'acceptation des valeurs morales et religieuse telles qu'elles se dégageaient du concile. L'Inquisition fut l'auxiliaire des autorités diocésaines, aux côtés de l'officialité, pour surveiller la religiosité des populations mais aussi garantir la discipline du clergé. La nature des délits et des discours censurés illustre le décalage entre certains traits de la culture populaire et le système de valeurs défendu au lendemain de Trente, révélant les résistances de la population à modifier leurs pratiques et conceptions. En cela, le Saint-Office fut un instrument de "disciplinarisation" du corps social, destiné à modeler les conduites et redessiner les contours de la piété populaire et de la morale.
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