Le mystérieux assassinat de Suzanne Furimond



Un changement d'existence



Villa de Suzanne Furimond à Avignon. Photo presse.



Pendant de nombreuses années, la disparue a exercé la profession de transporteur pour la société Casino. Son siège social, ses ateliers et ses entrepôts se trouvaient à son domicile et dans ses annexes. Il y a quelques mois, elle a mis en vente son matériel, dont deux camions et deux remorques et a brusquement cessé, sans motif connu, toute activité professionnelle. De ce fait, Suzanne Furimond a encaissé ces temps derniers des sommes d'argent importantes. Elle a aussi quitté Avignon pour s'installer à Mazan, chez sa mère. Un changement radical est donc survenu dans son existence. Mais, pour ses affaires dont personne ne sait strictement rien, elle se rendait au moins une fois par semaine à son domicile d'Avignon.

Madame Furimond mère a remis au commissaire une photo de sa fille, et lui en a fait la description : taille 1 mètre 63, colorée en blonde, yeux gris, bonne dentition, corpulence mince, habituellement vêtue, en cette saison, d'un manteau de fourrure, chaussée de souliers genre "sport". Elle porte trois bagues, dont une très grosse de style moderne. Elle précise qu'à sa connaissance, Suzanne avait rendez-vous chez elle avec l'acquéreur d'un de ses camions, monsieur Carto., de Villeneuve-lès-Avignon, précisément dans la soirée du 11 mars, jour présumé de sa disparition. Monsieur Carto. devait lui apporter un reliquat d'argent correspondant à cet achat.

Le 17 mars 1948, une voisine, Madame Rose Brune, âgée de 63 ans, témoigne que le samedi 13 mars, vers 14 heures, elle a vu Suzanne Furimond sortir de chez elle à bicyclette et se diriger rue Saint-Lazare, sans doute vers le pont suspendu (démoli et remplacé depuis par le pont Daladier). Madame Bruneau est affirmative car ce jour-là, à quatorze heures, sa fille a pris le car pour aller en ville. Elle précise que ce 13 mars, Suzanne Furimond était vêtue d'un manteau de fourrure claire et que depuis ce moment, elle ne l'a plus revue.


Suzanne Furimond jeune (photo de presse)



Monsieur Pomier Marcel, 34 ans, gérant du Casino de la rue Carreterie, déclare que depuis que Suzanne Furimond habite chez sa mère à Mazan, il ne la voit plus qu'une ou deux fois par semaine. Il précise que le jeudi 11 mars vers 16 heures, elle est venue dans son magasin faire différents achats. Elle est revenue peu avant 18 heures. Il lui a alors rendu 50 000 francs qu'il lui avait empruntés quelques jours auparavant. Elle a encore acheté un biberon (ce qui l'a surpris car Suzanne Furimond est considérée comme une femme divorcée sans enfant.) et une paire de pantoufles. Il ne sait pas si elle était à bicyclette. Elle ne lui a pas parlé d'un éventuel voyage à Nice pour le lendemain.

Toujours ce jeudi 11 mars, vers 14 heures, il s'est rendu dans sa cour, au garage qu'elle lui prête. Passant devant chez elle, il n'a vu aucune lumière dans la maison (en effet, à 14 heures !). Mais la lumière extérieure était allumée. Surprenant de la part d'une femme réputée avare. Il déclare n'avoir plus revue Madame Furimond depuis ce jeudi. Quand on lui demande si elle a placé les 50 000 francs, soit 5 liasses de billets de 1 000 francs dans son sac à main, et comment elle était vêtue, il répond qu'il ne sait pas si elle avait un sac à main, ni comment elle était habillée.